C’est ce lundi 11 octobre que s’est ouvert à la Maison de la Presse un atelier de relecture du cadre juridique et règlementaire des médias au Mali. L’objectif de ces quatre jours d’atelier qui se tiennent du 11 au 14 octobre 2021 à Bamako, est de mettre sur pied des mécanismes qui vont favoriser la lutte contre la désinformation pour contribuer en temps que citoyen et entité, à la construction nationale.
Les travaux ont été ouverts par Harouna Mamadou Toureh, ministre de la Communication, de l’Économie numérique et de la modernisation de l’administration. Etaient présents au lancement de cette première journée de travaux à l’instar de la Maison de la Presse, des journalistes et organisations de médias, des partenaires médias à l’instar de Journalistes pour les droits humains (JHR) qui reste engagé à « outiller les journalistes à couvrir les questions relatives aux droits humains et à la bonne gouvernance »; la Haute Autorité de la Communication qui a mis l’accent sur le changement de « référentiels à travers des réformes » afin de prévoir des textes fondamentaux régissant la Presse au Mali; le ministre de la Communication, de l’Économie numérique et de la modernisation de l’administration qui a soutenu la révision du cadre juridique afin qu’il soit adapté aux réalités de l’ère actuelle avec les nouveaux acteurs médias.
L’objectif général de ces jours de travaux est de doter le Mali d’un cadre juridique adapté aux différentes mutations du secteur. Ces moments d’échanges entre professionnels de la Presse vont permettre l’écriture d’une page nouvelle sur l’environnement structurel et institutionnel des médias au Mali, avec des directives qui contribuer au renforcement de l’efficacité des médias et ces acteurs afin d’exercer leur rôle de promoteurs de démocratie et de transparence.
Le Mali compte plus de quarante organisations de médias, près de 500 radios de proximité (commerciales, associatives, communautaires …), près de 200 publications écrites en langue française et nationales, une soixantaine de médias en ligne, une quarantaine de chaine de télévision. Cette évolution de la Presse malienne a été favorisée par la mise en place d’un cadre juridique et réglementaire consolidé au file des différentes journées de réflexion, donc la dernière remonte en 2009. Une des recommandations fortes lors de ces 3èmes Journées Nationales de l’information et de la communication qui se sont déroulées du 21 au 24 décembre 2009 était l’engagement d’un processus de relecture des textes et règlement régissant les secteurs de l’information et de la communication.
En 2010, sous la houlette du Ministère de l’information et de la communication, nombre de textes ont été proposés aux pouvoir publics. Plus d’une décennie après ces textes sont devenus obsolètes et ne répondent plus entièrement aux exigences d’un secteur médiatique en perpétuel mutation. Avec donc l’arrivée de nouveaux acteurs dans le paysage médiatique, il est nécessaire d’évaluer le chemin parcouru selon le président de la Maison de la Presse Bandiougou Danté, d’analyser les forces et faiblesses de l’arsenal juridique et réglementaire afin de dégager des pistes adaptées à l’environnement actuel.
Les travaux vont s’appesantir en profondeur sur la nécessité de redéfinir le statut du journaliste professionnel, de définir la presse en ligne éditée avec des professionnels, de clarifier les statuts des sites internet personnels et des blogs édités à titre non professionnel; de définir les délits de presse et de proposer des sanctions autres que la privation de liberté. Les plénières sont aussi l’occasion de préciser les contours de la convention collective de la presse, de mettre l’accent sur le caractère obligatoire de l’application de l’aide publique directe et indirecte aux recettes de l’Etat, de réviser les critères d’éligibilité de cette quête, de renforcer les critères du régime de déclaration d’organes de presse, de proposer des solutions concrètes pour sauver le secteur de l’audiovisuel entre autres thématiques qui retiendront l’attention des différentes commissions lors des échanges.
Les premières journées nationales de 1991 ont permis de jeter les bases d’un environnement apte à l’épanouissement des médias, de créer le socle juridique et réglementaire susceptible de libérer la parole et de lui restituer sa pluralité et sa diversité dans le contexte d’une démocratie balbutiante et fragile. Quant aux secondes journées de 1996, elle a indiqué qu’elles ont été l’occasion de mesurer le chemin parcouru, d’évaluer les effets et textes issus du forum de 1991, d’apprécier objectivement le poids des mots et le choc des images, de comprendre les leurres et lueurs de la liberté d’expression et d’analyser les succès et les échecs de 15 ans de pratique pluraliste.
Idelette BISSUU
Source : Journal du Mali