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Mali Pouvoir = Tagninibougou

Selon Nicolas Sarkozy : «Si tout est possible, si rien n’est interdit, si on peut faire tout et son contraire, alors ce sont toujours les mêmes qui finissent par payer : ceux qui n’ont que l’Etat pour les défendre et qui, en cas de défaillance de ce dernier, se trouvent être les premiers exposés à la violence d’une société sans règle. Et pourtant, partout en Afrique, les peuples laissent tout faire, acceptent tout et ferment les yeux sur tout, sans se soucier que la reprise en main deviendra plus difficile ; car il y a l’échec et les conséquences de l’échec.»

ville bamako caiman monument indépendance circulation routeA l’occasion du 55ème anniversaire de l’accession de notre pays à la souveraineté nationale, il importe de rappeler que pendant ¼ de siècle, notre peuple a vécu dans sa chair et dans sa conscience les affres de l’odieux système colonial. Pendant la domination coloniale notre peuple a été spolié, vilipendé, humilié et assujetti sans vergogne. La suite n’a échappé à personne.

Au plan économique, nous sommes allés d’une économie indépendante et autocentrée à une économie extravertie et dépendante.

Au plan politique, nos affaires ont été gérées par la politique coloniale d’extraversion. Notre système d’organisation politique a été foulé au pied par le colonisateur français. La conséquence a été la dénaturation de notre essence culturelle. L’Etat se doit donc, dans l’élaboration de ses programmes de développement national, de tenir compte des aspirations profondes des populations et œuvrer dans le sens de l’amélioration de leurs conditions de vie.

Si ce sens aigu de l’équité venait à être foulé aux pieds par les gouvernants, les conséquences peuvent être fâcheuses et surtout imprévisibles. C’est d’ailleurs à ce propos qu’Emile Fottorino n’a pas manqué d’avertir dans son ouvrage intitulé : «Besoins d’Afrique» : «la démocratie ouvre la porte à la liberté qui débouche sur la revendication. Une fois recouvré  leur dignité, les hommes ne supportent  plus l’insupportable. Démocratiser sans développer, c’est allumer une poudrière.» On comprend donc qu’aucune nation ne peut se développer dans la haine, la division, le désordre et l’anarchie.

Cinquante-cinq (55) ans après notre accession à la souveraineté nationale et à quelques encablures de la commémoration de cette fête nationale, il convient de dire que le tableau de la vie politico-économique de notre nation est tristement sombre et pour cause : Depuis le  coup d’Etat militaire dirigé par le lieutenant Moussa Traoré contre le régime nationaliste de Modibo Kéita, le Mali ne cesse de descendre dans l’enfer. Tout a commencé  avec le régime Moussa Traoré : les scandales financiers qui occasionnèrent la faillite des Sociétés et Entreprises d’Etat.

Le clientélisme, le népotisme étaient érigés en mode de gouvernance. C’était Mme Mariam Sissoko Traoré qui désignait les ministres du gouvernement et les postes juteux et stratégiques étaient réservés à ses proches. Cette pratique continue  toujours, malgré l’avènement de la démocratie en 1992. C’est dire donc que les démocrates maliens étaient pressés de prendre le pouvoir pour un enrichissement illicite. Bilan 21 milliardaires décelés par la Banque Mondiale de 1992 à 1998.

Selon Transparency international de 2002 à 2011, le nombre de milliardaires cadres maliens aurait triplé.

Les mêmes sources attestent que les nouveaux milliardaires de l’ère ATT ont opté pour la construction dans leur champ des résidences avec caveau pour y garder leurs fonds en lieu et place des comptes bancaires suisse ou française.

Alpha et ATT qui ont chanté à haute voix qu’il faut le changement, ont fait pire que le régime de l’ancien parti unique. Les démocrates ont transformé le Mali en «Tagninibougou» (chercher à bouffer).

Au Mali, tout se passe comme si le gouvernement et autres institutions n’existent pas. Pourtant, ils existent bel et bien, mais inopérants. En réalité, les responsables de l’Etat, tout comme les cadres, sont au cœur de toutes les opérations économiques, s’ils ne sont pas des «opérateurs économiques» ou leurs  progénitures profitant ainsi du pouvoir d’Etat pour s’enrichir. Les intellectuels qui se sont succédé dans les différents gouvernements de la république ont élaboré les meilleurs textes qui, si on y prend pas garde peuvent donner l’impression à notre peuple dans le paradis terrestre. Comme pour dire que ces intellectuels dans leur quasi-totalité ont trahi la nation par des scandales financiers.

Sous IBK, la crise économique a pris des proportions grandissantes avec la montée des prix des denrées de première nécessité. Aujourd’hui le constat est amer : les Maliens sont abandonnés à leur destin lugubre dans les mains des délinquants financiers et des vampires de la démocratie. C’est l’occasion pour le Vérificateur Général de porter à la connaissance des Maliens, par tous les moyens, la spoliation dont ils font l’objet du régime IBK, en vue de demander aussi des comptes à Alpha et à ATT. En tout cas, c’est bien cela qu’il doit faire, s’il veut servir notre peuple.

Aujourd’hui il ne faut pas que le peuple sache combien de commis de l’Etat se sont construits des châteaux en Espagne, des écoles, des pharmacies privées etc… sur le dos du contribuable malien.

Au plan moral et religieux, c’est bien la mort dans l’âme. On peut dire avec cette sommité intellectuelle africaine que «la religion a manqué à son but qui est de faire de l’homme un être humain au regard tourné vers le ciel et par là-même étranger aux sensations humaines».

Au plan politique, le constat est humiliant : de l’avènement de la démocratie à nos jours ce sont les mêmes qui gouvernent .Sous IBK, les contribuables ont appris la volatilisation des caisses de l’Etat de la faramineuse somme de 153 milliards de nos francs. On peut simplement constater qu’au Mali, au nom de cette démocratie, les pauvres deviennent chaque jour plus démunis et les riches chaque jour plus nantis.

Aujourd’hui, la gestion politique de nos affaires se résume dans le tribalisme, le clanisme et le copinage. En lieu et place de la nation malienne, c’est un régime et ses hommes qui font la pluie et le beau temps. Des gens peu crédibles sont nommés à des postes de responsabilité.

Au plan sécuritaire, il n’est plus à démontrer que notre pays fait l’objet de partition par la France et ses suppôts afro-maliens. Cela est tout à fait exact quand on sait que depuis le début de la rébellion, la MINUSMA, venue au Mali pour l’aider à retrouver son unité nationale a établi autour de Kidal et nulle part, ailleurs un cordon de sécurité de 20 km. Toujours dans le domaine de la sécurité, notre pays devient chaque jour davantage une poudrière.

Le constat est patent : la nation malienne n’existe plus à aucun niveau de gestion du pays. Les citoyens se rendent à l’évidence que l’Etat  ne se soucie pas de traduire dans les faits leurs aspirations profondes au mieux-être socio-économique et politique.

Au grand mal malien, il faut la grande solution nationale : l’organisation sans délai des concertations nationales réclamées en chœur par notre peuple. Seulement ainsi notre pays pourrait sortir de l’imbroglio dans lequel l’a plongé la «démocratie».

Fodé KEITA

Source: L’Inter de Bamako

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