Le Pr Hamadoun Amadou Babana, Responsable du Laboratoire de recherche en Microbiologie et Biotechnologie microbienne, à la Faculté des sciences et techniques de Bamako avait annoncé, en mars 2018, la création d’une usine de fabrication de biopesticide. Dix-huit mois après ces propos, le Journal Scientifique et Technique du Mali (JSTM) a rencontré le chercheur.
Où en sommes-nous avec la recherche sur le biopesticide Bacillus Thuringiensis ?
La recherche autour du biopesticide BT est terminée. Mon équipe et moi avons testé le produit deux ans de suite avec les paysans de Baguinéda, et les résultats ont toujours été satisfaisants. Nous pensons avoir fait notre part de travail. Il s’agit maintenant de trouver les moyens pour le mettre à la disposition des paysans. Le rectorat de l’Université des Sciences, des Techniques et des Technologies (USTTB) s’est porté garant pour nous soutenir. D’abord, le rectorat a proposé de breveter notre invention ensuite trouver des moyens de production en grande quantité.
Les paysans ont-ils bien accueilli le biopesticide ?
C’est eux qui nous mettent la pression. L’année dernière, les paysans ont souhaité que nous mettons à leur disposition une grande quantité du biopesticide. Ce qui était impossible, vu les conditions préalables à réunir avant la production. Toutefois, nous avons produit une certaine quantité pour des tests en augmentant le nombre de paysans et en élargissant le secteur d’application. Le but était aussi de savoir si les résultats seront les mêmes dans tous les secteurs. Après application, on a constaté que les tests étaient tous positifs. Ce qui a donné plus d’importance au produit.
Existe-t-il une différence entre le biopesticide BT et le biochar alcalin ?
C’est deux choses différentes. Nous utilisons le Biochar comme support du biopesticide BT et comme biofertilisant dans le sol. Lorsque le paysan se sert du biochar, il n’a plus besoin d’utiliser la matière organique ou autre chose pendant des années. Toutefois, les techniques de production du biochar sont différentes de celles du biopesticides BT. Nous en avons parlé lors de la conférence passée. Donc ce qu’il faut retenir c’est que le biochar est utilisé comme support du biopesticide. Mais il peut être produit seul. Dans ce cas c’est un biofertilisant.
Quand est-ce que l’usine de fabrication sortira de terre ?
La construction de l’usine a beaucoup avancé avec les paysans surtout les femmes productrices qui ont demandé à être formées pour la production. Nous avons formé, dans la première partie de notre projet, 28 femmes à la production du Biochar. La deuxième partie consiste à la production même du biopesticide que nous avons fabriqué au laboratoire. La fabrication n’est pas assez facile, mais pour que ces femmes produisent elles-mêmes, nous avons développé un système très simple, sans qu’elles ne rencontrent de problèmes avec un élément de base. Maintenant, pour que l’usine soit créée, les bailleurs nous ont demandé d’établir un plan d’affaire avec les femmes. Chose que nous avions faite et ça été validé par nos partenaires aux Etats-Unis. Une commission devrait venir des Etats-Unis, pour discuter avec nous et les paysans parce que leur apport dans ce projet, c’est de donner l’espace de construction et aider à la construction. Nous étions prêts à les accueillir, malheureusement ça coïncidé avec les attaques terroristes dans notre pays. Toutefois une date doit être à nouveau arrêtée avec le directeur de l’Office du Périmètre irrigué de Baguinéda (OPIB).
Propos recueillis par Rokaya Séréta
Source: JSTM