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Mali-Niger : Réponse commune à des préoccupations partagées

Notre pays n’a pas que la frontière en commun avec le Niger. Nous partageons également des soucis sécuritaires qui ne peuvent être jugulés qu’à travers un raffermissement des liens de coopération au niveau bilatéral. C’est fort de cette conviction que le président Ibrahim Boubacar Keïta et son homologue nigérien, Issoufou Mahamadou, ont décidé de mettre en place un « Comité transfrontalier de sécurité »

 

L’idée a émergé à la faveur de la visite d’amitié et de travail que le président du Niger a effectuée dans notre pays, samedi dernier. Lors de ce bref séjour, Issoufou Mahamadou a eu, au Palais de Koulouba, un tête-à-tête avec Ibrahim Boubacar Keïta ; puis une séance de travail élargie aux délégations des deux parties.
Occasion d’approfondir la réflexion sur des sujets d’intérêt commun, notamment le péril terroriste auquel nos pays se doivent d’apporter des réponses décisives. Ce fléau sape, en effet, les efforts de développement déployés par nos présidents, maintenant du coup les populations dans la pauvreté.
Ibrahim Boubacar Keïta et Issoufou Mahamadou ont réitéré leur ferme « volonté d’éradiquer » ce mal, préconisant une approche sous-régionale et régionale soutenue par des échanges de renseignements et une mutualisation de leurs moyens.
D’où l’idée de la création de ce « Comité transfrontalier de sécurité », composé des ministres en charge de la Défense, de la Sécurité, des Affaires étrangères, de la Justice, des Finances et des représentants des Conseils nationaux de sécurité. « Les présidents ont instruit aux ministres concernés d’œuvrer à son opérationnalisation », précise le communiqué final qui a sanctionné les travaux.

La teneur dudit communiqué a été livrée à la presse par Kalla Ankourao, ministre des Affaires étrangères, de la Coopération, de l’Intégration africaine et des Nigériens de l’extérieur. Il en ressort que les deux parties ont également planché sur la coopération économique, sociale, culturelle et technique. A cet effet, elles ont convenu de la tenue, dans les meilleurs délais, de la 8è session de la Grande commission mixte de coopération Mali-Niger à Bamako. A l’occasion, il sera question d’explorer les axes de coopération esquissés lors de cette visite par les deux chefs d’Etat.
D’autres aspects examinés ont trait aux domaines prioritaires de l’équipement et des transports, de la géologie, des mines et des hydrocarbures, de l’énergie et de l’eau, de la religion, de l’éducation, de la culture. Singulièrement, au niveau du secteur privé, les chefs d’Etat ont instruit le Conseil d’affaires nigéro-malien de tout mettre en œuvre pour instaurer un véritable climat de confiance entre les opérateurs économiques des deux pays.

Par ailleurs, les deux présidents ont réciproquement magnifié leurs efforts en matière de renforcement de la sécurité et dans le domaine du développement. Ibrahim Boubacar Keïta a, en effet, salué le leadership de son homologue nigérien qui déploie des efforts considérables dans le cadre du développement socio-économique et la sécurité dans la région sahélienne. Et Issoufou Mahamadou a exprimé sa haute appréciation pour les multiples initiatives du président Keïta visant à promouvoir la concorde nationale et à renforcer la démocratie.
Issoufou Mahamadou a invité son « frère Ibrahim » au Niger pour une visite officielle. Acceptée d’office, la date de cette visite sera fixée d’un commun accord par voie diplomatique. En attendant, les deux chefs d’Etat se retrouveront, cette semaine, à Ouagadougou à l’occasion d’un sommet extraordinaire des chefs d’Etat et de gouvernement de la Cedeao sur le terrorisme au Sahel et dans le bassin du lac Tchad. Ils espèrent que cette rencontre aboutira à des mesures nouvelles favorisant le renforcement de la coopération dans la lutte contre ce fléau. Surtout, qu’elle puisse constituer un déclic pour un soutien plus accru de la communauté internationale aux États de la région.

Issa Dembélé

 

Trêve de malice et d’ambiguïté !

Le président Issoufou Mahamadou l’a dit et le maintient : le statut actuel de Kidal est une menace pour la sécurité intérieure du Niger. Et, lors de la conférence de presse qu’il a coanimée avec le président Ibrahim Boubacar Keïta, le chef de l’Etat nigérien est allé plus loin, affirmant «qu’il y a des mouvements signataires des Accords de paix d’Alger qui ont une position ambigüe, qui sont de connivence avec les terroristes. Nous ne pouvons plus l’admettre». Issoufou Mahamadou a souligné ensuite que son pays détenait des «preuves» de l’implication de ces mouvements dans des attaques terroristes contre son armée. Comme un appel à ces groupes, Mahamadou Issoufou a ajouté «que l’ambigüité doit s’arrêter : ou bien on est dans les Accords de paix, ou bien on est avec les terroristes».
Des propos soutenus par Ibrahim Boubacar Keïta qui estimera également que tous les acteurs doivent être de parfaite loyauté. «Il ne faut pas qu’il y ait des malices, de la duplicité. Il faut que les choses soient nettes. Quand elles ne le sont pas, elles sont dites. Et nous y souscrivons entièrement», a approuvé le président Keïta, pour qui «on ne peut pas avoir un discours au-delà des Alpes et, en deçà, un autre». Selon lui, nous sommes dans un temps où tous les parcours sont tracés, où la communauté internationale veille. Mais, a-t-il précisé, elle doit veiller de manière égale. Une façon pour le chef de l’Etat de rappeler que le gouvernement du Mali n’est pas seul à avoir des obligations d’observation strictes d’engagements contractés.
Au-delà du cas de Kidal, les deux chefs d’Etat ont aussi souligné que la solution aux problèmes sécuritaires passe également par le développement économique et social. Ainsi, a confié Issoufou Mahamadou, leurs échanges ont également porté sur le développement des zones frontalières qui sont sous la menace terroriste. En particulier, ils ont insisté sur la nécessité d’accélérer la mise en place de projets conçus dans le cadre du Plan d’investissement prioritaire du G5 Sahel.
La transition était toute trouvée pour parler de cette organisation sous-régionale, dont le bras armé (la Force conjointe) peine à être pleinement opérationnel. Issoufou Mahamadou a déploré la lenteur dans la mobilisation des fonds annoncés par les partenaires. Et Ibrahim Boubacar Keïta est revenu, une fois de plus, sur l’impérieuse nécessité de préserver la digue que représente l’espace sahélien. «Gardons-nous que la digue ne vienne à rompre, si cela se faisait les eaux nauséabondes, que l’on craint tous, envahiraient tout», a-t-il encore prévenu. «De grâce, qu’on arrête de nous toiser, qu’on nous considère et qu’on comprenne les menaces», a lancé le président Keïta, estimant que les pays du Sahel sont «en mission pour l’ensemble ».
Au plan national, a-t-il souligné, chaque Etat fait face au fléau terroriste autant qu’il peut, en consacrant des efforts énormes au relèvement du niveau des outils de défense nationale.
Tous les deux chefs d’Etat ont déploré la situation qui prévaut en Libye, où les armes sont vendues comme des cacahouètes. Ils ont appelé de leur vœu le règlement rapide de cette crise, conformément aux aspirations du peuple libyen.

I. D.

L’Essor

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