En attendant l’arrivée du héros, on danse, on chante en Soninké et on scande son nom… “Un sentiment de fierté, un sentiment de joie, aujourd’hui, cet après-midi à l’aéroport international Modibo Keita”, confie Bandjougou Dramé, président du fan club Mamoudou Gassama.
Un héros surnommé “Spiderman”
Le jeune homme âgé de 22 ans est devenu célèbre après avoir été filmé en train d’escalader à mains nues la façade d’un immeuble du XVIIIe arrondissement de Paris, le 26 mai dernier, pour sauver un enfant suspendu dans le vide.
Reçu à l’Elysée par le président français Emmanuel Macron, le jeune Malien en situation irrégulière a vu sa situation régularisée avant une prochaine naturalisation. Le jeune homme n’est plus sans-papiers en France. Cela faisait des années, depuis 2009, qu’il n’avait pas pu revenir au Mali. Désormais, avec des papiers en poche, il est rentré au pays, salué par des dizaines de personnes.
Samedi, les patriarches du cercle de Yélimané étaient au rendez-vous pour l’accueillir. “Son acte nous a tous honorés. Mamoudou Gassama est un digne de fils soninké. Et c’est pourquoi nous sommes ici pour l’accueillir et le remercier”, confie Mariétou Cissé, une habitante de Yélimané.
Le sourire de Mamoudou Gassama s’illumine quand il retrouve ses proches.
Et puis vient l’émotion… C’est tel un homme politique ou une star qu’il fend la foule pour se rendre ensuite à son hôtel.
Retrouvailles père et fils à Bamako
Dimanche, Mamoudou Gassama a retrouvé son père. L’occasion pour le jeune homme de revenir sur ses années de migrant et sur l’accueil reçu à son arrivée la veille. “Je tiens à remercier tout le peuple malien pour l’accueil d’hier. J’ai quitté le Mali en 2009 pour la Côte d’Ivoire. Et depuis 2011, je n’ai pas revu mon père. Il m’a beaucoup manqué. Dieu merci, après tous ce temps, je les vois tous réunis et en bonne santé”, a-t-il déclaré.
La famille de Mamoudou Gassam s’est déplacé depuis son village de Yaguiné, jusqu’à Bamako pour retrouver le fils prodigue. Son père Makhan Gassama s’est dit “fier de l’éducation (qu’il a) donnée” à son fils. “La bonne éducation est la clé de tout. Et la meilleure des choses dans ce monde, c’est avoir un enfant qui aime et écoute les consignes de ses parents”, a-t-il confié. “Il nous a beaucoup manqué. Mamoudou s’occupe de nous. Il n’a pas oublié ses origines.”
Manifestation à Paris pour les “super héros du quotidien”
Samedi, à Paris, au même moment même de l’arrivée de Mamoudou Gassama au Mali, quelques 300 personnes ont manifesté, certaines avec masque et cape, en soutien aux migrants qualifiés de “super héros du quotidien”, et pour dénoncer la politique migratoire du gouvernement.
“Collomb, le pire des supervilains”, “Macron, super zéro”, “Macron, être président te donne pas de supers pouvoirs”, mais aussi “asile pour tous” et “personne n’est illégal”, pouvait-on notamment lire sur les pancartes dénonçant le projet de loi asile-immigration qui doit être présenté au Sénat à partir de mardi (19 juin).
“Il y a eu toute la campagne qui a donné un caractère exceptionnel au geste de Mamoudou Gassama”, note Héloïse Mary, présidente du Bureau d’accueil et d’accompagnement des migrants (BAAM).
Mathias, un demandeur d’asile originaire du Cameroun, dénonçait lui “une loi discriminante alors que tous les hommes naissent égaux”. Une autre manifestante, Stéphanie, se disait “très inquiète de l’indifférence collective face aux drames qui se passent tout près de chez nous”.