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Mali : Malick Diaw sonne l’heure du bilan et fustige « les faux démocrates »

Lors de l’ouverture solennelle de la session ordinaire d’avril 2025, le président du Conseil national de Transition (CNT), le général Malick Diaw, a prononcé un discours sans concession à l’encontre d’une certaine classe politique malienne. Défendeur du bilan austère du CNT, il accuse les « pseudos démocrates » d’avoir trahi la nation par le passé, tout en appelant à une refondation politique débarrassée des logiques partisanes et des simulacres électoraux.

Il y a des moments où la parole politique cesse d’être une simple ritournelle d’ouverture de session. Ce mardi 1er avril 2025, à Bamako, le général Malick Diaw, président du Conseil national de Transition (CNT), a choisi d’en faire un moment de vérité. Une vérité brute, sans fard, ni euphémisme. À la tribune du CNT, il n’a pas seulement ouvert la session ordinaire d’avril, il a prononcé un réquisitoire. Un procès sans appel contre une certaine élite politique malienne, qu’il accuse d’avoir trahi l’esprit de la République, dévoyé le sens de l’intérêt général et livré le pays, hier encore, à ses propres démons.

La classe politique dans le viseur

« Ils ont peut-être le courage politique, mais manquent visiblement de sagesse politique », lâche-t-il d’emblée, d’un ton calme, presque professoral. Mais sous la formule polie se cache un diagnostic au scalpel ; celui d’une classe politique accrochée à ses privilèges, obnubilée par des intérêts claniques et personnels, incapable de se hisser à la hauteur de l’histoire. « Ces fils du Mali, loin de servir leur pays, ne pensent qu’à leurs intérêts personnels, claniques et partisans. »

La sentence est sans appel. Et elle s’adresse, sans les nommer, à ceux qui se multiplient ces dernières semaines dans les médias et sur les réseaux sociaux, réclamant un retour rapide à l’ordre constitutionnel, sans égard pour le travail de refondation engagé depuis 2021.

La mémoire des années de chaos

Pour le général Diaw, cette agitation politique relève d’une amnésie coupable. Il rappelle à tous, avec une mémoire d’officier, les heures sombres que le Mali a traversées. Quand les villes tombaient les unes après les autres sous la coupe des groupes terroristes. Quand les autorités démocratiquement élues assistaient, impuissantes, à l’implosion de l’État.

« Le peuple malien assistait impuissamment à une mascarade honteuse face aux hordes de barbares sans foi ni loi », martèle-t-il. Face à l’aveuglement de « certains cadres politiques d’une autre génération », atteints de « myopie politique » et nostalgiques d’un passé fait d’« errements, de désillusions, de désenchantement », Diaw rappelle que les promesses électorales d’alors n’ont conduit qu’à la « descente aux enfers ».

L’échec est collectif, mais certains portent plus que d’autres la responsabilité de la faillite démocratique. Ceux-là mêmes qui, selon Diaw, ont perverti les processus électoraux, réduit la démocratie à une série de votes « bâclés, surfacturés et inopportuns ». Loin d’écarter l’idéal démocratique, il en appelle à une refondation sérieuse : « La transparence dans les urnes est une exigence démocratique, mais que ne reconnaissent pas certains pseudos démocrates. » En creux, se dessine l’ambition d’un nouveau pacte social, débarrassé des simulacres d’élection et des jeux d’influence.

L’exemplarité du CNT, ou la rupture par l’austérité

Mais le discours du général ne s’arrête pas au procès de la classe politique. Il veut démontrer, chiffres à l’appui, que le CNT n’est pas ce « club fermé » que d’aucuns caricaturent. Depuis son installation, le Conseil national de Transition, insiste-t-il, a consenti à de nombreux sacrifices matériels. Pas de prime d’installation, pas de cartes téléphoniques, réduction drastique du budget des assurances, maintien volontaire de l’indice salarial à 1200 au lieu de 1350, suppression des indemnités de restitution, limitation du nombre et du format des missions, et baisse de 30 % de la dotation en carburant.

Autant de mesures qui, loin d’être anecdotiques, incarnent pour Diaw une volonté de rupture concrète avec le passé. « Ces mesures ont permis de réduire les charges du Conseil national de Transition dans le budget de l’État », affirme-t-il, chiffres à l’appui. Là où la parole politique malienne s’est souvent contentée de postures, le CNT, selon lui, agit. Sobrement. Silencieusement. Mais avec détermination.

L’armée, les armes… et la parole

En filigrane de ce discours, une ligne de fond s’impose : celle d’un pouvoir qui, sans renier sa nature, tente d’assumer une mission historique. Refonder un pays effondré. Rétablir une autorité abîmée. Réconcilier l’État avec les citoyens.

Le général Malick Diaw n’est pas un tribun. Il ne se rêve pas en sauveur charismatique. Mais dans cette prise de parole, il assume pleinement la fonction de pédagogue d’un temps de transition. Un temps inconfortable, incertain, mais peut-être nécessaire pour que le Mali cesse enfin de tourner en rond.

Chiencoro Diarra 

Source : Sahel Tribune
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