Il est accusé de crimes contre l’humanité et crimes de guerre commis à Tombouctou entre avril 2012 et janvier 2013. « Al Hassan », un ancien membre présumé d’Ansar Dine, a été remis samedi 31 mars par les autorités maliennes à la CPI.
A Tombouctou, on se souvient d’Al Hassan comme un jeune homme de taille moyenne, âgé à l’époque d’une petite trentaine d’années. Souvent décrit comme « un être plutôt courtois au premier abord », ce présumé membre du groupe Ansar Dine a fait régner la terreur. Entre avril 2012 et janvier 2013, il dirigeait la police islamique. « On le voyait souvent arpenter les rues à bord d’un pick-up », raconte un habitant. « Il chassait les contrevenants ». Interdiction de fumer, de boire de l’alcool ; obligation de porter le voile intégral pour les femmes. « Il disait : ‘ici c’est la charia, pas les lois imbéciles de la démocratie’ », explique un homme qui l’a jadis rencontré. « On vivait dans la peur permanente », indique un intellectuel. « Il nous a privés de l’ensemble de nos libertés et contraints d’adhérer à des valeurs que nous ne connaissions pas (…) Tout était interdit sauf la mosquée ! » Un membre d’ONG renchérit : « Ses hommes de main prenaient les femmes, les violaient, les mariaient de force. C’était une véritable humiliation. » Le président de l’Association malienne des droits de l’homme, Maître Moctar Mariko, voit dans le transfèrement d’Al Hassan à la CPI « une avancée très importante dans la lutte contre l’impunité ». « Nous avons porté plainte nommément contre cet individu suite aux récits et aux témoignages de certaines victimes (…) Nous ne pouvons que nous réjouir et les victimes peuvent commencer à souffler et à espérer », confie-t-il. Si cette arrestation et ce transfèrement à la CPI d’Al Hassan sont vécus comme un immense soulagement, beaucoup d’habitants de Tombouctou espèrent que ses nombreux sbires seront eux aussi rapidement arrêtés et jugés.
RFI