Le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’Homme (HCDH) a déploré mardi que les crimes violents survenus ces derniers mois dans la région malienne de Mopti (centre) soient demeurés impunis.
Un massacre perpétré samedi dans le village peul d’Ogossagou a fait, selon un nouveau bilan, au moins 153 morts et 73 blessés. Il est le dernier d’une série de violences intercommunautaires qui ont causé depuis mars 2018 la mort de quelque 600 personnes et le déplacement de milliers de personnes dans la région de Mopti.
“Si certains des différends sont liés à l’accès à la terre et à l’eau, les attaques seraient souvent motivées par le désir d’éliminer des individus liés à des groupes extrémistes violents, notamment la Jama’at nusrat al-Islam Wal Muslimeen (JNIM). De fait, les membres de la communauté peule sont de plus en plus ciblés”, a estimé Ravina Shamdasani, porte-parole du HCDH, lors d’un point de presse à Genève.
“Les survivants de l’attaque samedi à Ogossagou, principalement des membres de l’ethnie fulani, ont déclaré que des chasseurs traditionnels avaient mené le raid meurtrier dans le village, utilisant apparemment des armes automatiques, des fusils de chasse et d’autres armes”, a-t-elle ajouté.
Une autre attaque, survenue dans le village de Welingara, à 3km à l’ouest d’Ogossagou, a entraîné la mort d’une personne, a souligné la porte-parole.
D’après le HCDH, 219 personnes ont perdu la vie depuis le début de l’année, à la suite des exactions commises “par de soi-disant groupes d’autodéfense cherchant à déraciner des groupes extrémistes violents”.
Le HCDH regrette que ces crimes soient restés impunis. Certaines enquêtes ont été ouvertes par les autorités, mais elles ne donnent généralement pas lieu à des procès. Il a dit noter que le gouvernement avait dissous la milice Dan Nan Ambassagou, composée de chasseurs traditionnels dogons et accusée d’avoir commis certaines de ces atrocités. Il demande des enquêtes rapides sur les crimes présumés commis par tous les groupes.
Une équipe composée de dix spécialistes des droits de l’Homme, d’un agent de protection de l’enfance et de deux enquêteurs de la police des Nations Unies (UNPOL) de la Mission des Nations Unies au Mali (MINUSMA) a été déployée dans la région de Mopti pour mener une enquête spéciale sur le massacre d’Ogossagou.