La justice malienne se prononcera mardi prochain sur l‘éventuelle mise en liberté provisoire du général Amadou Sanogo, meneur d’un coup d’Etat en 2012 et détenu depuis six ans pour l’assassinat présumé de soldats contre-putschistes, a dit l’un de ses avocats.
“La Cour d’appel va se prononcer mardi prochain (le 28 janvier) sur la demande. Il faut préciser que ni le parquet, ni la partie civile ne se sont opposés à cette liberté provisoire”, a dit à l’AFP un de ses avocats, Me Cheick Oumar Konaré.
La Cour d’appel a confirmé l’information. La demande de liberté provisoire concerne aussi 12 co-détenus d’Amadou Sanogo.
Le coup d’Etat qui avait chassé du pouvoir le président Amadou Toumani Touré le 22 mars 2012 avait précipité la déroute de l’armée face à la rébellion à dominante touareg et aux groupes jihadistes liés à Al-Qaïda dans le nord du pays. La région était tombée sous la coupe des jihadistes qui avaient évincé les rebelles.
Amadou Sanogo, alors obscur capitaine, avait participé à la sédition avec d’autres soldats qui reprochaient au président Touré d‘être incapable de faire face à la rébellion touareg en cours depuis quelques semaines. Quelques jours seulement après l’accession des putschistes au pouvoir, l’armée malienne avait perdu les villes de Gao ou Tombouctou.
Sous la pression internationale, la junte avait fini par céder le pouvoir à des autorités civiles interimaires jusqu‘à l‘élection à la présidence, en août 2013, d’Ibrahim Boubacar Keita, encore en poste aujourd’hui. M. Keita avait élevé Amadou Sanogo au rang de général quatre-étoiles, promotion largement considérée comme politique.
“Enlèvement et assassinat”
Amadou Sanogo avait été ensuite arrêté fin 2013 pour son implication présumée dans la mort de 21 membres d’une unité d‘élite, les “Bérets rouges”, retrouvés dans un charnier. Opposés au coup de force de mars 2012, les “Bérets rouges” avaient vainement tenté un contre-putsch un mois plus tard avant d‘être pourchassés par les putschistes.
Le procès d’Amadou Sanogo et d’une quinzaine de co-prévenus, tous des militaires, s‘était ouvert fin 2016 pour “enlèvement et assassinat, complicité d’enlèvement et d’assassinat”. Un des accusés est décédé, deux autres ont été remis en liberté.
Le procès avait rapidement été ajourné et est bloqué depuis.
Sa reprise avait été annoncée pour le 13 janvier, avant d‘être à nouveau reportée. Le gouvernement avait justifié ce report par la nécessité de maintenir “la cohésion des forces armées” selon la presse locale. Ces forces ont essuyé ces derniers mois de lourdes pertes face aux jihadistes, dans un contexte de grave détérioration sécuritaire.
Les attaques des jihadistes se sont propagées dans le centre du pays et aux pays voisins, causant, avec les violences intercommunautaires, des milliers de morts, civils et combattants, et faisant redouter une déstabilisation de toute la région.
AFP