A l’heure où le Mali post-crise s’emploie à organiser une élection présidentielle au mois de juillet 2013, la situation à Kidal demeure une équation à résoudre. Cette ville du septentrion malien est occupée par le Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) et le Mouvement islamique de l’Azawad (MIA), qui s’opposent à un retour à l’ordre normal. Ces deux groupes armés refusent la réinstallation de l’armée régulière et de l’administration malienne dans cette partie du Mali. Malgré la présence des forces étrangères, le MNLA et le MIA, dont les visées hégémonistes sont connues, semblent ne pas vouloir quitter leurs positions. Ce qui constitue véritablement un problème, dans la mesure où l’élection présidentielle doit se tenir sur l’ensemble du territoire malien. Y compris Kidal bien sûr.
Plus qu’une question de scrutin, le fait que cette ville échappe encore à l’autorité de Bamako est un obstacle à la réconciliation et au processus de sortie de crise. Alors, le médiateur dans la crise malienne, le président burkinabè, Blaise Compaoré, qui avait suspendu le dialogue, à cause du déclenchement des opérations militaires, est revenu à la manœuvre, pour tenter de résoudre l’équation. Il a entamé, depuis le lundi 27 mai 2013 à Ouagadougou, des négociations sur le sort de la ville de Kidal, avec le gouvernement malien et les groupes concernés. Et ces pourparlers, a confié une source diplomatique, vont suivre le même schéma adopté par le facilitateur dans d’autres crises qui ont connu un dénouement heureux.
Comme à l’accoutumée, retient-on, il y aura des consultations séparées avec les parties, ensuite des discussions avec les partenaires et enfin, un dialogue direct. D’ores et déjà, le président du Faso s’est entretenu, au premier jour des consultations, avec le conseiller spécial du chef de l’Etat malien, Tiébélé Dramé. Celui-là même qui a été chargé par le président Dioncounda Traoré, de prendre langue avec les groupes armés concernés, les terroristes ayant été écartés des pourparlers. Dans le cadre de ses entrevues, d’autres sources indiquent que le chef du MNLA, Bilal Ag Acherif serait aussi dans nos murs, dans l’optique d’échanger également, avec le médiateur. L’espoir d’un retour à la normalité à Kidal est donc permis, et nous osons croire que le facilitateur mettra son expérience à profit pour faire plier les groupes armés.
Toute chose qui favorisera l’organisation de l’élection in situ. Mais en attendant, la « spécificité » de Kidal saute aux yeux d’observateurs, qui disent soupçonner une « complicité » de la France. Ce pays qui, jusqu’à preuve du contraire, est vu comme le « sauveur » du Mali. Dans le lot, d’aucuns pensent que le MNLA et le MIA bénéficient d’un « traitement de faveur », qu’on ne saurait expliquer. Et pour inverser la tendance, le coordinateur du collectif des ressortissants de Kidal, Sidi Mohamed Hashrash, a sa petite idée : « Il faut peut-être les contraindre à quitter les villes, de la même manière qu’on a contraint les islamistes à quitter les villes ».
D’autres citoyens voient les choses en rouge, et pointent du doigt les « intérêts » de la France. Sont de ce groupe de penseurs, la Convergence nationale pour une Afrique solidaire (CNAS-Faso-Hèrè) du Mali. Les cadres de ce parti politique dénoncent le « jeu trouble et troublant » de la France qui, disent-ils, convoite les richesses minières du Sahara malien. Allons-y deviner réellement ce qui se passe dans les coulisses. Intérêt ou pas, la situation est particulière à Kidal, si bien qu’il faut démêler l’écheveau au plus vite, pour permettre la tenue du scrutin dans la ville. Faisons confiance au médiateur, rompu à la tâche, et surtout aux acteurs qui sont censés privilégier les intérêts du peuple malien. Pourra-t-on bientôt voter à Kidal ? On l’espère.
PAR KADER PATRICK KARANTAO
Source: Sidwaya Quotidien