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MALI : le vendredi de la dernière chance

Ce vendredi de la prière, ultime journée de la campagne électorale, les Maliens de confession musulmane qui vont se rendre à la mosquée, auront à cœur d’invoquer la clémence du Seigneur afin qu’il épargne le pays des affres d’une crise postélectorale. Un risque devenu évident au gré de la montée en puissance de la polémique sur le fichier électoral. Parallèlement à ces prières et invocations, les acteurs politiques, pour leur part, devraient se retrouver autour du premier ministre, Soumeylou Boubeye Maïga, pour tirer au clair cette situation qui a fini par conférer à cette fin de campagne électorale, une tension et des appréhensions bien réelles. Et il est à espérer qu’ils en sortent avec un accord qui permette de restaurer la sérénité et la confiance entre les protagonistes et les institutions maliennes. Parce qu’il s’agit bien de l’ultime rencontre en la matière. Toutes les précédentes initiatives du genre ayant échoué à venir à bout de la méfiance tenace qui s’est insidieusement emparée du processus.  

 

Devenu chef du pouvoir exécutif par intérim, le premier ministre, Soumeylou Boubeye Maïga, avait plutôt banalisé les premières dénonciations visant le fichier électoral. Derrière celles-ci, il avait d’abord vu des candidats faisant montre d’une mauvaise foi et en quête d’arguments susceptibles d’expliquer leur éventuelle défaite. Mais depuis, les accusations se multipliant et devenant de plus en plus consistantes, il a dû se raviser. Même s’il n’est toujours pas d’accord avec les soupçons, il semble avoir réalisé tous les risques pouvant découler d’une attitude de déni et une démarche empreinte de mépris à l’égard des compétiteurs. C’est ainsi que les représentants des candidats ont été une première fois reçus par le ministre de l’Administration du territoire, qui les a assurés de la fiabilité du fichier. Pour faire montre de bonne foi, Mohamed Ag Erlaf a dû admettre qu’il y a eu des manipulations techniques sur le fichier qui pourraient avoir amené certains à croire en l’existence d’un fichier parallèle.

Mais ceux qui sont convaincus de la volonté du pouvoir malien de  vouloir frauder le scrutin ne se sont guère laissé convaincre. Estimant le potentiel de fraude à plus de 1.200. 000 voix, ils n’ont pas voulu s’en tenir à l’explication du ministre qu’ils trouvent plutôt superficielle. Et hier, c’était autour du premier ministre en personne de recevoir les représentants des 24 candidats en lice. Mais là aussi, ceux des candidats qui nourrissent les soupçons ont claqué la porte avant le terme de la rencontre. Vu le caractère sensible du sujet et les conséquences pouvant en découler, ils ont estimé que c’est aux candidats eux-mêmes de venir débattre de la question avec le chef du gouvernement. C’est donc cette ultime rencontre de tous les espoirs qui est attendue ce vendredi. Un face-à-face entre le premier ministre et l’ensemble des candidats. Avec l’espoir que cette fois, il y ait un terrain d’entente qui permette d’aller à un scrutin dont les lendemains ne seront pas agités.

Encore que pour cela, aucun camp ne devrait faire valoir ni la passion, ni des intérêts partisans. Si le premier ministre et tous les acteurs impliqués dans l’organisation de l’élection apportent la preuve qui permette de surmonter le doute, les opposants devront faire montre de patriotisme et d’humilité et laisser l’élection se tenir. En revanche, si les allégations des opposants se révèlent fondés, le gouvernement et tous ceux qui le soutiennent devront se plier à leur tour et s’employer à trouver une solution aux problèmes qui auront été identifiés. Parce qu’au Mali déjà confronté à une insécurité nourrie par des bandits de tous poils et une émergence progressive d’un communautarisme rampant, il faut éviter un fléau supplémentaire que constituerait une crise postélectorale. La responsabilité de tous et de chacun est donc vivement sollicitée.

Boubacar Sanso Barry

 

Source: ledjely.com

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