“Nos combattants sont en train de détruire leurs bases et les anéantir. Ils viennent s’en prendre gratuitement aux civils innocents”, a-t-il dit, voyant dans ces tueries des représailles des jihadistes aux coups notamment du Groupe d’autodéfense touareg Imghad et alliés (Gatia, pro-Bamako), et du Mouvement pour le salut de l’Azawad (MSA, issu de l’ex-rébellion).
Le MSA a affirmé avoir “appris avec consternation l’assassinat de 43 personnes de la communauté Idaksahak lors de deux raids menés par des hordes de malfrats armés sur les campements d’Aklaz le 26 avril et Awakassa le 27 avril”.
Dans un communiqué, il “lance un appel pressant aux gouvernements du Mali, du Niger” pour “mettre immédiatement fin aux crimes abominables qui sont commis”, mais assure qu’il “ne cédera à aucune intimidation”.
Le gouverneur de Menaka, Daouda Maïga, s’est voulu prudent sur le bilan, en attendant les conclusions d’une mission sur place. “Il y a plusieurs versions, mais je sais que des femmes et des enfants sont parmi les victimes, des vieilles personnes aussi, mais le chiffre exact je ne saurais le dire sans le retour de mes missionnaires”, a-t-il précisé à l’AFP.
Crainte de représailles
La population de la région s’attendait à des représailles des jihadistes à la suite de leurs récents revers, “mais personne ne pouvait imaginer qu’ils allaient tuer de cette manière des civils aux mains nues”, a indiqué un notable de Menaka, Attaye Ag Ossadki.
L’état-major français a annoncé la mort d’une trentaine de jihadistes dans cette zone frontalière lors d’une confrontation le 1er avril avec des commandos parachutistes de Barkhane et de l’armée malienne, “en liaison avec les forces armées nigériennes et accompagnés par un groupe d’autodéfense local”.
La Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA, ex-rébellion à dominante touareg) a déploré samedi dans un communiqué “une recrudescence de violences dans la région de Menaka touchant très généralement des populations civiles”.
Elle dénonce les “actes abominables et inhumains” commis jeudi et vendredi et exhorte l’ensemble des mouvements politico-militaires présents dans la région à s’unir afin de les prévenir et qu’aucun civil ne se sente en insécurité à cause de son appartenance à une quelconque communauté”.
La Mission de l’ONU au Mali (Minusma) a indiqué le 12 avril avoir reçu des informations “d’une particulière gravité” faisant état notamment “d’exécutions sommaires d’au moins 95 personnes” lors d’opérations antijihadistes menées dans la région de Menaka depuis février “par une coalition de groupes armés”, dont le Gatia et le MSA.
Les deux groupes, déjà accusés auparavant d’exactions envers les Peuls, souvent opposés par le passé aux Touareg pour des questions de pâturages et de points d’eau, avaient rejeté des “allégations scandaleuses et honteuses”.
Depuis le lancement en 2013 d’une intervention militaire française, les groupes jihadistes ont été dispersés et en grande partie chassés du nord du Mali, dont ils avaient pris le contrôle en mars-avril 2012.
Mais des zones entières du pays échappent au contrôle des forces maliennes, françaises et de l’ONU, régulièrement visées par des attaques, malgré la signature en 2015 d’un accord de paix, censé isoler définitivement les jihadistes, dont l’application accumule les retards.
Depuis 2015, ces attaques se sont étendues au centre et au sud du Mali et le phénomène déborde sur les pays voisins, en particulier le Burkina Faso et le Niger.