L’escalade de la violence entre éleveurs et agriculteurs en Afrique de l’Ouest et au Sahel s’explique, selon l’ONU, par l’effet conjugué de la croissance démographique rapide, du changement climatique et de la circulation des armes. Ce conflit, qui a fait près de 400 morts depuis janvier 2017 au Nigeria, a pris ces derniers mois une tournure identitaire et religieuse.
Le conflit agropastoral est «la nouvelle menace sécuritaire dans la sous-région», selon le représentant spécial du secrétaire général de l’ONU, pour l’Afrique de l’Ouest et le Sahel, Mohamed Ibn Chambas. «Des efforts soutenus de prévention des conflits sont nécessaires pour empêcher la violence de prendre racine et l’Etat doit s’impliquer activement, en travaillant avec les communautés locales», a-t- affirmé lors d’une conférence de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédéao) sur le pastoralisme à Abuja.
Sénégal, Sierra Leone, Togo) mais aussi Mauritanie, Tchad et République centrafricaine cherchent ensemble des solutions à ce grand défi que représentent les conflits entre agriculteurs et éleveurs dans la région.
Le Nigeria est en première ligne dans la recherche d’une solution dans ce conflit pour la terre et l’eau. La «ceinture centrale» du Nigeria, point de rencontre entre un nord majoritairement musulman et un sud principalement chrétien, est secouée depuis des décennies par des affrontements entre agriculteurs dits «autochtones», majoritairement de confession chrétienne, et éleveurs peuls nomades, essentiellement musulmans.
Ces populations nomades, les Fulanis, évoluent du Sénégal au Tchad, vaste zone où ils font paître leurs troupeaux. Ils représentent le tiers de la population nigériane. Ils ont été contraints par le réchauffement climatique à descendre plus au Sud pour trouver des pâturages, rappelle Géopolis.
Quand ils sont arrivés dans les régions d’agriculture, leur mode de vie nomade s’est heurté à celui des fermiers. Les troupeaux, selon l’accusation des fermiers, viennent en effet détruire les cultures. De la même manière, le partage de la ressource en eau provoque également des conflits, poursuit Géopolis.Le 25 avril 2018, le président Muhammadu Buhari a été saisi officiellement par le Parlement nigérian afin qu’il s’explique sur l’escalade de la violence dans son pays. Les élus lui demandent «le remplacement des chefs de service et conseillers en sécurité» de l’armée, selon le président de la chambre basse, Yakubu Dogara.
Conflit pour la terre et l’eau
En tant que chef des armées, M. Buhari «doit répondre aux questions pertinentes sur ce que l’exécutif fait pour mettre un terme à la série de meurtres dans différents Etats de la Fédération» du Nigeria, a-t-il ajouté dans un tweet. «La principale responsabilité du gouvernement est d’assurer la sécurité des hommes et des biens et, en tant que législature forte du mandat de nos électeurs, nous ne pouvons pas continuer à regarder notre peuple se faire tuer de sang froid», a affirmé M. Dogara.
385 morts depuis janvier 2017
La plupart des violences ont lieu dans l’Etat de Benue, important territoire agricole situé au centre du pays, où quelque 385 personnes ont été tuées depuis janvier 2017, selon Armed Conflict Location and Event Data Project.