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Mali : le nouveau gouvernement ouvre-t-il la voie à une vraie décrispation politique ?

Révision constitutionnelle, situation sécuritaire, dialogue avec les syndicats de la fonction publique… Le nouveau gouvernement malien réussira-t-il là où les précédents ont échoué ? L’ouverture, symbolisée par l’entrée de deux opposants dans le gouvernement, suffira-t-elle à décrisper la situation politique ?

Révision constitutionnelle, situation sécuritaire, dialogue avec les syndicats de la fonction publique… Le nouveau gouvernement malienréussira-t-il là où les précédents ont échoué ? L’ouverture, symbolisée par l’entrée de deux opposants dans le gouvernement, suffira-t-elle à décrisper la situation politique ?

« Ce gouvernement d’ouverture est salutaire, étant donnée la situation difficile du pays. C’est la première fois qu’un président issu d’un partie politique fait une ouverture à l’opposition alors même qu’il a une majorité à l’assemblée » veut croire Mahamadou Camara, membre du bureau politique du Rassemblement pour le Mali (RPM, d’IBK).

Vers un dialogue « inclusif »

« Il y aura un dialogue national inclusif qui n’occultera aucun problème du pays. Et il y a l’engagement que les conclusions de ce dialogue national seront mise en œuvre. Nous allons, ensemble, conduire des reformes institutionnelles et politiques dont ce pays a besoin pour conforter la démocratie et la République », avait assuré Tiebilé Dramé lors de la signature d’un accord politique avec le Premier ministre Boubou Cissé, le 3 mai dernier, juste avant de passé d’opposant virulent à Ibrahim Boubacar Keïta à ministre des Affaires étrangères dans le nouveau gouvernement de Boubou Cissé.

« Nous allons nous pencher sur l’accord pour la paix et la réconciliation nationale, sur son indispensable appropriation par les Maliens », a poursuivi cet ancien directeur de campagne de Soumaïla Cissé, chef de file de l’opposition.

“LA QUESTION SÉCURITAIRE RESTE MAJEURE PAR RAPPORT À CELLE DU RÉFÉRENDUM POUR LA RÉVISION DE LA CONSTITUTION”

Tiebilé Dramé n’est pas le seul membre de l’opposition à figurer dans ce nouveau gouvernement d’« ouverture ». Oumar Hamadoun Dicko, cadre du Front pour la sauvegarde de la démocratie (FSD), la coalition des partis de l’opposition, est devenu ministre du Dialogue social, du Travail et de la Fonction publique.

Amadou Thiam, jusque-là président de l’ADP-Maliba – le parti de Aliou Badra Diallo, arrivé en troisième position lors de la présidentielle – a été nommé ministre chargé des Réformes institutionnelles et des relations avec la société civile. Il aura pour tâche l’épineuse question de la révision de la Constitution et l’organisation du référendum, prévu les mois à venir.

Prédominance de la question sécuritaire

Mais si certains signaux sont au vert, et que cette ouverture constitue indéniablement un pas vers la décrispation politique, « il ne faut pas prendre cela pour argent comptant, et croire que cela suffira à résoudre les difficultés du pays », prévient le Dr Moumouni Soumano, politologue et directeur exécutif du Centre malien pour le dialogue inter-partis et la démocratie (CMDID).

« La question sécuritaire reste majeure par rapport à celle du référendum pour la révision de la Constitution. Et je doute que les problèmes sécuritaires vont se résoudre comme par magique », analyse-t-il par ailleurs, avant d’ajouter que « les syndicats et l’opposition n’iront pas à contre-courant de ce gouvernement tout de suite et attendront un faux pas de ce dernier ».

Mais si ouverture il y a, elle est jugée trop timide par ceux qui, au sein de l’opposition, ont décidé d’y rester. « Le problème n’est pas lié à l’ouverture ou à la fermeture du gouvernement à l’opposition. Le problème est lié au président IBK lui-même et à sa méthode de travail qui fait qu’aujourd’hui, nous sommes à un sixième Premier ministre en six ans, alors que la mise en oeuvre de l’accord de paix devrait être déjà terminée », martèle Nouhoum Togo, porte-parole de l’opposition.

L’Union pour la république et la démocratie (URD) du chef de file de l’opposition Soumaïla Cissé n’a d’ailleurs pas souhaité entrer dans ce gouvernement. Un choix de Soumaila Cissé qui pourrait s’expliquer par le fait qu’il ne souhaite pas perdre son statut de chef de file de l’opposition et souhaite se positionner pour les élections 2023 comme seule alternative.

Jeune Afrique

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