Le médiateur ouest-africain pour le Mali a appelé mardi à une transition démocratique dans “les plus brefs délais”, au lendemain de l’approbation d’un plan permettant à la junte militaire de rester au pouvoir pendant 5 ans.
Lundi, l’organe législatif au Mali, contrôlé par les militaires depuis le coup d’Etat d’août 2020, a entériné une période de transition pouvant aller jusqu’à cinq ans avant des élections et un retour des civils à la tête du pays.
Cette décision intervenait à l’heure où la question de la date des élections donne lieu à un bras de fer entre Bamako, d’une part, et la communauté des Etats ouest-africains Cédéao ainsi qu’une partie de la communauté internationale, dont la France, de l’autre.
“Je ne peux pas me prononcer avec autorité parce que je ne suis pas le président. Mais parce que je suis le médiateur, nous pensons que cinq ans, c’est trop long pour un gouvernement de transition”, a déclaré Goodluck Jonathan, qui doit se rendre au Mali jeudi. “Je pense que la Cédéao pourrait ne pas l’accepter.
Nous allons poursuivre les négociations avec eux (la junte militaire) et faire en sorte qu’ils réduisent cette durée”, a-t-il ajouté lors d’un atelier de la Cédéao à Lagos, au Nigeria. M. Jonathan, ancien président du Nigeria, a également rejeté la légitimité du Conseil national de transition (CNT) malien, organe législatif qui a fait l’objet de sanctions régionales en novembre.
“Le Parlement du Mali est une portion d’un gouvernement malien qui est lui-même une aberration, ses membres ne sont pas élus”, a-t-il dit. “Nous devons y mettre fin dans les plus brefs délais.”
Le médiateur présidait une réunion du “Conseil des sages”, qui travaille sur la “diplomatie préventive” et la “prévention des conflits” dans la région. Dans une déclaration concluant la réunion de deux jours, cette instance a dénoncé “les mauvais systèmes éducatifs de la région et leur lien avec l’instabilité actuelle à laquelle la région est confrontée”. Il a recommandé, entre autres, “un meilleur financement de l’éducation” ainsi qu’un “rajeunissement économique et industriel de la région pour enrayer le chômage croissant”.
Le Mali, pays pauvre et enclavé au coeur du Sahel, a été le théâtre de deux coups d’Etat militaires en août 2020 et en mai 2021. La crise politique va de pair avec une grave crise sécuritaire en cours depuis 2012 et le déclenchement d’insurrections indépendantiste et jihadiste dans le Nord.
Source : AFP