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Mali, la Minusma en butte à l’hostilité des populations locales

Alors que la mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali (Minusma) est en première ligne après le départ des troupes françaises, les populations lui reprochent de les mettre en danger. Au point qu’elles ont dû fuir dans d’autres communes ou dans des campements de brousse pour les plus démunis.

Depuis presque trois mois, les habitants d’Aguelhok manifestent contre la base de la Minusma. Depuis presque trois mois, les habitants de cette ville manifestent contre la base de cette Mission de maintien de la Paix dans leur ville.La vill est aujourd’hui désertée. A peine arrivé, le nouveau patron de la mission des Nations Unies, le Mauritanien, El-Ghassim Wane est confronté à un dossier brûlant.

Les soldats tchadiens efficaces certes, mais à quel prix ?

L’affaire couvait sous les cendres depuis fort longtemps, mais la situation s’est révélée intenable après l’attaque du camp de la Minusma d’Aguelhok par le JNIM, groupe dirigé par Iyad Ag Ghali, le 2 avril 2021. Ce jour-là, les soldats tchadiens ont repoussé l’assaut et ont infligé de lourdes pertes aux assaillants en tuant plus de 40 djihadistes. De leurs côtés les hommes de feu Idriss Déby ont perdu quatre des leurs et ont dénombré 16 blessés dans leur camp, dont de très graves. Problème, conformément à leur réputation sulfureuse, les soldats tchadiens de la Minusma ne se sont pas contentés d’infliger une lourde défaite aux terroristes, ils les ont pourchassés jusque dans les maisons alentour, leur base est située à 200 mètres des habitations, et en ont au passage démoli quelques-unes.

Pire encore, selon le collectif des ressortissants d’Aguelhok, les casques bleus se sont livrés à des exécutions extrajudiciaires, trois civils, qui se rendaient au centre de santé, ont été arrêtés et tués au sein même de la base de la mission de maintien de la paix ! Un berger a lui été assassiné devant son fils alors qu’il accompagnait son troupeau. La situation s’est encore aggravée le 5 juin lors de la traque par les forces françaises, aidée des Tchadiens, de Baye Ag Bakabo, un des auteurs de l’enlèvement des journalistes de RFI, Claude Verlon et Ghislaine Dupond. Trop c’est trop pour les populations et la Coalition des mouvements de l’Azawad (CMA) qui demandent la délocalisation de ce camp et la justice pour les civils exécutés. Elles multiplient les manifestations afin de faire plier la Minusma et permettre aux déplacés de regagner leurs foyers.

El-Gassim Wane ne cède rien

Dès son arrivée, El-Gassim Wane, qui a succédé au Tchadien Mahamat Sahel Annadif, a trouvé cet épineux dossier sur son bureau en arrivant. Si le chef de cette mission a consenti du bout des lèvres à ouvrir une enquête sur « les allégations de violation des droits de l’homme formulées contre ses troupes » il ne veut toujours rien entendre sur la délocalisation du camp hors de la ville. Dans un premier temps, il a proclamé un non ferme, puis a fait mine d’assouplir sa position en promettant d’étudier le dossier.

Finalement, il a refermé la porte entrebâillée en laissant clairement entendre de manière assez peu diplomatique que les habitants d’Aghelhok étaient manipulés par les terroristes « des individus aux desseins inavoués incitent régulièrement les populations de la ville d’Aguelhok, dans la région de Kidal, à quitter leurs domiciles, au prétexte que leur vie serait menacée du fait de la présence d’un camp de la MINUSMA dans la localité. » Les positions des deux côtés se sont donc radicalisées, « on ne lâche rien » semble dire les habitants et leurs soutiens. Ils appellent à un sit-in devant le siège de la mission des Nations Unies à Bamako le 12 juillet. De la manière dont El-Gassim Wane gérera ce premier dossier dépendra son autorité et son aura au sein de la mission.

La fin de Barkhane, un problème suppes Nations Unies

Et ce d’autant que ce n’est pas le seul sujet difficile qu’il va devoir traiter. Un autre plus difficile encore l’attend après qu’Emmanuel Macron ait unilatéralement annoncé la fin de l’opération Barkhane dans le Sahel. Même si l’agenda et les modalités de ce retrait ne sont pas encore connus, certaines fuites dans la presse font état de la fermeture des bases françaises dans le Nord du Mali, dont celles de Kidal, Tessalit et Ménaka. Or, les casques bleus tchadiens qui occupent les camps de la Minusma à Tessalit et Aguelhok travaillent en étroite collaboration avec Barkhane.

Si les militaires français quittent ces zones, est-ce que les Tchadiens pourront rester ? Rien n’est moins certain et dans ce cas c’est tout le dispositif onusien qu’il faudra revoir. En proposant sa candidature à ce poste tant convoité et dont l’attribution a donné lieu à maints marchandages en coulisses, El-Ghassim Wane n’imaginait sûrement pas avoir à faire face à ce parcours d’obstacles

Source: MondAfrique

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