Entre le 1er janvier et le 31 mars 2020, l’armée malienne aurait commis 101 exécutions extrajudiciaire dont la majorité a été perpétrée dans le centre du pays notamment dans les cercles de Douentza et Niono, selon la dernière note trimestrielle de la division droits de l’homme de la Minusma. L’armée malienne se serait aussi rendu responsable d’autres violations commises : 32 cas de disparitions forcées et 32 cas de torture ou traitement cruel inhumain ou dégradant et 116 arrestations arbitraires sur l’ensemble du territoire national. Selon la note, les enquêtes de la Division Droits de l’homme font ressortir l’implication des FDSM( Forces de Défense et de Sécurité Malienne) dans au moins 15 incidents dans le cercle Niono (région de Ségou) ayant fait 53 morts dont le plus emblématique reste l’arrestation, le 16 février 2020, de 19 personnes dont 13 ont été sommairement exécutées et les six(6)autres toujours portées disparues à ce jour.
Dans la région de Mopti, poursuit la note, les FDSM ont été responsables de 46 exécutions sommaires principalement dans la commune de Mondoro, cercle de Douentza. « Par ailleurs, des allégations de disparitions forcées ou involontaires d’au moins 21 personnes imputables à la garde nationale dans les localités de Sevaré et Konna (cercle de Mopti) sont en cours d’investigation par la Division. » Pour la division droits de l’homme de la Minusma, dans le cadre de la sécurisation et des opérations de lutte contre le terrorisme, les éléments des FDSM dont certains opérant sous l’égide du G5 Sahel ont également été responsables de multiples violations des droits de l’homme dont 18 cas d’exécutions arbitraires dans les localités de Kobou(1 victime le 13 mars),Tchiofol-Boulmoutaka (1 victime le 19 mars), Pogol-N’daki et dans les environs de Boulekessi (16 victimes le 14 mars).
Les forces armées nigériennes quant à elles, note le rapport, se sont rendus responsables de(34) exécutions extrajudiciaires respectivement à Inekar, (24 victimes), Anderamboukane (5victimes) et 5 autres victimes dans une localité située entre Anderamboukane et Chinagodar.
Les groupes armés signataires de l’Accord aussi responsables d’atteintes aux droits de l’homme
Selon le rapport de la division droits de l’ homme de l’ONU, lors du 1er tour de l’élection législative le 29 mars 2020, il y a eu plusieurs cas d’atteintes sérieuses aux droits de l’homme affectant le droit de vote, principalement dans les régions de Gao, Kidal, Ménaka, Mopti et Tombouctou. Au total, précise le rapport, 14 abus des droits de l’homme ont été documentés, en l’occurrence le meurtre d’une personne, 21 cas d’enlèvement ou disparition forcée ou involontaire, 3 cas de torture et de mauvais traitements ainsi que plusieurs cas d’intimidation et de menace de la population et de disparition du matériel électoral. Ces différents actes seraient l’oeuvre des groupes extrémistes violents (notamment Jama’at nusrat al-Islam wal Muslimeen(JNIM) ainsi que des groupes armés signataires (la CMA et la Plateforme) et non signataires et les milices et autres groupes d’autodéfense (Dan Nan Ambassagou et les chasseurs traditionnels Dozos.)
Le cas le plus illustratif de ces graves entorses aux droits humains, selon l’ONU, est celui de l’enlèvement, le 25 mars 2020, du chef de file de l’opposition (Soumaila Cissé) et de certains membres de son équipe. Cet enlèvement a été revendiqué par la ‘’Katiba Macina’’. A ce jour, les membres de son équipe de campagne ont été libérés mais ce dernier demeure en détention.
Pour la division droits de l’homme de la Minusma, la région de Mopti demeure la plus affectée avec 54,34% de violations et abus de droits de l’homme, suivie des régions de Ségou (13,87%),Tombouctou (8,2%), Kidal (7,52%), Ménaka (6,8%), Gao(4,68%) et Bamako (4,68%).
Dans la note, la Division se réjouit que le gouvernement ait ouvert des enquêtes sur les violations graves des droits de l’homme commises par les forces de défense et de sécurité maliennes notamment les exécutions sommaires et les disparitions forcées ayant fait de nombreuses victimes dans les deux régions du Centre, Mopti et Ségou. Elle encourage les autorités maliennes à matérialiser l’ouverture de ces enquêtes par la poursuite des auteurs devant les tribunaux compétents.
M.K. DIAKITE
Source: Journal le Républicain-Mali