Les premières réactions de la France à la lettre des autorités maliennes l’accusant de soutenir les groupes terroristes au Mali sont venues de son ambassade au Mali. Sur sa page Facebook, celle-ci dément les « allégations » de Bamako. « La France n’a évidemment jamais soutenu, directement ou indirectement ces groupes terroristes, qui demeurent ses ennemis désignés sur l’ensemble de la planète », lit-on dans le post. L’ambassade rappelle que la France est intervenue au Mali de 2013 à 2022 pour lutter contre le terrorisme, à la demande des autorités maliennes.
«Une insulte à la mémoire des soldats français»
Le commandant de la force française Barkhane le général Bruno Baratz a aussi réagi depuis Niamey, au Niger. Il s’est insurgé contre les propos des autorités maliennes. « Ces accusations sont un peu insultant pour la mémoire de 59 soldats français tombés en se battant pour le Mali », a-t-il déclaré.
Dans la correspondance adressée au conseil de sécurité de l’ONU, le Mali accuse la France de violer son espace aérien. Les autorités maliennes dénoncent aussi l’espionnage des forces françaises au profit des groupes terroristes ainsi que leur soutien en armes et munitions.
Faire recours à l’article 51 de la charte de l’ONU
Ainsi, le gouvernement invite le Conseil de sécurité à « œuvrer afin que la France cesse immédiatement ses actes d’agression contre le Mali ». Le gouvernement du Mali prévient qu’il fera recours à l’article 51 de l’ONU, c’est à dire la légitime défense, en cas de persistance d’atteinte à la stabilité et la sécurité du pays. Cette lettre du Gouvernement est adressée au Conseil quelques jours après l’attaque d’un poste de l’armée à Tessit par des groupes terroristes. Les autorités maliennes avaient déclaré que les assaillants ont bénéficié d’un appui extérieur. Les relations se sont tendues entre le Mali et la France depuis le coup d’état qui a renversé le premier gouvernement de transition, le 24 mai 2021. Suite à ce coup d’état une escalade verbale est survenue entre les autorités des deux pays. Le Gouvernement du Mali expulsé l’ambassadeur de France puis dénoncé les accords de coopération militaire avec l’ex puissance colonisatrice. Celle-ci, quant à elle, a retiré ses forces présentes sur le territoire malien. Une présence que les autorités et une partie de l’opinion publique maliennes avaient dénoncée.
Quelle suite sera donnée à la demande des autorités maliennes adressée au conseil de sécurité ? Dr Ngolo Diarra, enseignant-chercheur à l’Université des sciences juridiques et politiques de Bamako, estime qu’il est possible que le Conseil convoque une réunion pour rapprocher les deux parties. Il ajoute que «Tout pays membre des Nations-Unies est libre de saisir le Conseil de sécurité sur des questions de sécurité».