Good’luck Jonathan a tenu à sortir le Mali de l’impasse. Arrivé mercredi dernier, pour une mission de 72 heures chrono, l’ancien président nigérian, qui a avoué n’avoir pas bien jugé de la complexité du problème qui oppose le M5-RFP au Président Ibrahim Boubacar Keita, séjournera finalement toute la semaine à Bamako, pour dépolluer la tension électrique entre le pouvoir et les partis et les mouvements de la ligne de front.
C’est finalement, tard dans la soirée du samedi, que les lignes ont bougé véritablement. Le comité stratégique du M5RFP qui était resté campé sur sa position initiale, à savoir le départ, PR et simple d’IBK, aurait finalement fléchi sa position, mais a tenu à préciser que la fonction de Président de la République dévolue à Ibrahim Boubacar Keita reste honorifique.
Entre les faucons et les colombes du camp de la contestation, c’est l’imam Dicko, caution morale des deux tendances, qui a amené toutes ses troupes à accepter le maintien en place de celui pour qui le peuple, incarné par le front populaire contestataire, n’a désormais aucune confiance et le respect pour sa personne.
C’est une cohabitation qui ne dit donc pas son nom. Ibrahim Boubacar Keita, désavoué par son peuple, est contraint d’accepter de collaborer avec un Premier ministre, véritablement chef de l’exécutif, jusqu’à la fin de son mandat.
Un sprint au turbo
Hier dimanche, jusqu’au moment où nous mettions sous presse, le nom du remplaçant de Boubou Cissé n’était pas encore connu. Mais, selon plusieurs sources, il pourrait s’agir d’une personnalité apolitique, neutre qui sera chargée de former un gouvernement d’union nationale, répondant aux recommandations du Dialogue national inclusif, soit une équipe de 25 membres au maximum, pour conduire le bateau Mali à bon port, jusqu’à la présidentielle de 2023, avec comme feuille de route la mise en application des recommandations du DNI.
C’est pour cela d’ailleurs, qu’une délégation de la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA) a été reçue par le médiateur en chef de la CEDEAO pour discuter des conditions de leur entrée dans le futur gouvernement, afin de faciliter le démarrage de l’application de l’accord politique de réconciliation (APR) toujours, suivant les recommandations du DNI.
Ce ménage à trois, produira certainement des étincelles entre un IBK affaibli, une opposition politique revigorée et des groupes armés en perte de crédibilité. Les clés de Goodluck Jonathan, si elles ont permis d’apaiser le climat sociopolitique dans l’immédiat, sauront-elles aussi calmer les ardeurs des uns et des autres dans un contexte national crispé, où l’on attend l’arrivée du successeur de Mohamed Annadif, le diplomate tchadien à la tête de la Mission des nations unies pour la stabilisation du Mali? Rien n’est moins sûr. Toujours est-il que plus rien ne sera comme avant, après trois vendredis de forte mobilisation, qui ont fait pousser à IBK une barbe blanchie de vieux patriarche, sans repère et qui semble implorer le ciel pour une clémence divine.
Et, il en a raison, puisque le m5 Rfp entend mettre en place une commission d’enquête pour traduire les responsables des tueries du vendredi 10 et jours suivants, qui auront fait plus d’une dizaine de morts et des blessés en nombre.
Au final, Goodluck Jonathan aura réussi à faire plier le M5rfp et contraindre IBK et accepter une cohabitation avec margarine d’une Assemblée nationale dont une trentaine de députés verront leur situation réexaminée par une nouvelle Cour constitutionnelle de 6 membres désignés par le corps de la magistrature pour 3 conseillers et les 3 autres par le Président de la République, mais, sur une liste soumise par l’opposition. La nouvelle Assemblée nationale reconfigurée désignera après les 3 autres, pour compléter la Maison que l’égérie Manassa, essoufflée qui a perdu la boussole, aura mise au-devant de la scène en en faisant d’elle la risée mondiale.
Par Oussouf Diagola, Grand Reporter de Confidentiel Afrique