Tous ceux qui ont suivi l’interview du président de la république, à l’occasion de sa première année au pouvoir, auront remarqué qu’il s’est prévalu d’un problème de communication pour justifier des faits de gouvernance qui ont conduit la horde de maliens qui l’ont porté au pouvoir à céder l’espoir pour le doute.
Une excuse qui ne tient pas dans la mesure où un échec à ce niveau signifierait encore un mauvais choix de casting des personnes chargées de mener la bonne communication. Mis à part cette tentative de justification vaine, IBK aura maintes fois commis, au cours de son entretien avec l’ORTM et Africable, les mêmes erreurs de communication qu’il reproche à ses collaborateurs.
Avec un président de la république qui se laisse aller de la discourtoisie à la menace à l’encontre des journalistes qui ne font que la tâche qui leur incombe, si on devait laisser le soin à l’opposition de qualifier un tel comportement, l’adjectif maladroit aurait été des plus bienveillants.
En effet, IBK a failli. Il a failli par manque d’humilité. Une faute dont il ne se rendra jamais compte puisqu’il remerciera en même temps Dieu de lui avoir fait grâce de cette qualité.
De l’orgueil
Un homme humble ne parle pas de lui-même à la troisième personne du singulier. Encore moins pour vanter cette tierce personne qui n’est autre que lui-même. A ce niveau, les exemples ne manquent pas. L’un des plus frappants a été lorsqu’il déclara que le Mali a « un chef d’Etat responsable et historien contemporanéiste, qui a une connaissance intime des horreurs de ce que le monde a vécu il y a juste 70 ans… » Monsieur le président, le miel ne se dit pas doux. Laissez-nous le soin de dire que vous connaissez bien votre époque.
Encore un IBK qui parle d’IBK, c’est quand Yousssouf Touré a voulu savoir ce qui bloque le procès des ex-putschistes. Le président dans une démarche d’affirmation de son autorité, sans que cela ne lui soit demandé, dira qu’il sait « qu’on a dit des choses ». Là, il se réfère à certaines critiques qui le donnent pour allié des ex-putschistes. Après avoir introduit, de lui-même, cette allégation, il y répond : « Pour quel motif ? IBK était en perdition au point d’aller se réfugier auprès de tel ou tel pour demander sa protection ou son concours ? ».
Un couac qui pourrait encore être digéré s’il n’avait ajouté que « le contraire est possible. Un homme d’Etat, s’enorgueillit-il, reconnu responsable, estimé peut séduire, peut attirer. Mais je ne vois pas un homme, en tout cas moi, Ibrahim Boubacar Keita, allant me réfugier sous l’uniforme de tel ou tel ».
Comme s’il faut toujours rappeler l’échelle qui sépare le président de la république et les autres membres du gouvernement, sur les questions se rapportant à la grogne des travailleurs de la centrale syndicale de l’UNTM, IBK répètera à plusieurs reprises, non sans user de mots rappelant sa suprématie, que cette affaire n’est pas de son ressort. Et quand on l’interroge : en recevant l’UNTM, « n’est-ce pas un désaveu pour le gouvernement ? », IBK répondra tout fièrement « Pas du tout ! Je suis au-dessus de la mêlé. »
Selon lui le règlement de cette affaire n’est pas à son niveau. Il enjoindra même à Sekou Tangara de bien vouloir le « situer un peu au-delà ».
Des menaces et fausses vérités
Les lauriers doivent revenir aux journalistes qui ont tenu face à un président souvent menaçant. Ils l’ont assailli de questions même si les réponses laissaient toujours à désirer. Pire, ils avaient même quelques fois eu droit en retour à l’index du président accompagné de petites phrases plein de sens comme « c’est malicieux ce que vous faites là » ; ou lorsque Youssouf Touré insiste sur le manque de résultats visibles en matière de lutte contre la corruption et l’impunité. Après s’être plusieurs fois tenu de dire qu’il ne parlera pas d’affaires pendantes, il finira par sommer le journaliste d’arrêter de l’interroger sur la question : « Cessez de parler de cela ! »
Enfin, l’interview anniversaire de la première année de pouvoir d’IBK connaitra également quelques fausses vérités : il déclarera, entre autres, que ni lui ni les membres de son gouvernement n’ont effectué de sortie hors du pays pour des raisons personnelles. Inexact ! IBK s’est rendu en France au mois de février pour une visite « privée », selon un communiqué de la présidence.
Il affirmera aussi que l’accord de défense n’a permis l’installation d’aucune base française au Mali. Ce qui évidemment faux puisque la France a désormais deux bases militaires au Mali. Une base permanente située à Gao et l’autre dit avancée à Tessalit.
Finalement, cette sortie médiatique maladroite du président de la république ne doit-elle pas le pousser à commencer à régler le problème de communication à son propre niveau ?
La haute opinion d’IBK sur la propre personne contribuera-t-elle à instaurer la confiance qui s’est fissurée entre lui et son peuple ? Un peuple qui, justement ne se reconnait plus à travers son président tant le monde de ce dernier, fait de luxe, ne semble plus coller avec celui misérable du malien lambda.
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