Le Bureau du Vérificateur Général (BVG) a récemment publié un rapport accablant sur la gestion de l’Office des Produits Agricoles du Mali (OPAM) pour les exercices 2020, 2021, 2022 et 2023. Cette vérification financière, menée à la suite d’une saisine, révèle de nombreuses irrégularités administratives et financières, compromettant la mission essentielle de l’OPAM : garantir la sécurité alimentaire au Mali.
Des dysfonctionnements administratifs préoccupants
Bamada.net-Le rapport met en évidence plusieurs manquements au sein de l’OPAM, notamment :
- Absence de rapport annuel : Le Commissariat à la Sécurité Alimentaire (CSA) n’a pas adressé de rapport sur la gestion de l’OPAM au Secrétariat général de la Présidence, empêchant une supervision efficace.
- Non-validation du manuel de procédures : L’OPAM fonctionne sans un manuel de procédures validé, compromettant la régularité de ses opérations.
- Conseil d’Administration non conforme : L’OPAM a tenu ses sessions avec des administrateurs non habilités, en violation des textes en vigueur.
- Sessions irrégulières : Tant le Conseil d’Administration que le Comité de Gestion n’ont pas organisé leurs réunions selon la fréquence requise, limitant le suivi et la prise de décisions stratégiques.
- Absence d’autorisation préalable pour les contrats : Le PDG de l’OPAM a signé des conventions et contrats sans l’autorisation requise du Ministère de tutelle.
- Utilisation de bons de transfert de céréales non conformes : Ce manquement grave ouvre la porte à d’éventuelles malversations et fragilise la gestion des stocks alimentaires.
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Des irrégularités financières s’élevant à plus de 542 millions de FCFA
Le rapport identifie des irrégularités financières majeures au sein de l’OPAM, avec un préjudice estimé à 542 096 871 FCFA. Parmi les cas les plus préoccupants :
- Paiement indu d’indemnités : Le PDG de l’OPAM a octroyé des indemnités de session indues aux membres du Comité de Gestion, sans base légale, pour un total de 4,35 millions de FCFA.
- Fractionnement de dépenses : Le Directeur Administratif et des Ressources Humaines a contourné les procédures de passation de marchés en fractionnant des dépenses pour un montant cumulé de 246,1 millions de FCFA.
- Manque de pièces justificatives : Des dépenses importantes ont été effectuées sans documentation adéquate, rendant difficile leur traçabilité et leur justification.
- Utilisation frauduleuse des bons de transfert de céréales : Des transferts fictifs ont été identifiés, entraînant des pertes de stocks et exposant l’OPAM à des risques de détournement.
Quelles recommandations pour une meilleure gouvernance ?
Face à ces graves irrégularités, le BVG a formulé plusieurs recommandations, notamment :
- Mise en conformité de l’OPAM : Validation du manuel de procédures, nomination légale des administrateurs et tenue régulière des sessions de gouvernance.
- Renforcement du contrôle interne : Tenue d’un registre des procès-verbaux du Conseil d’Administration et respect des procédures de passation des marchés.
- Transparence dans la gestion financière : Justification des dépenses engagées, arrêt du fractionnement des marchés et respect strict des procédures de transfert des céréales.
- Responsabilisation des dirigeants : Le Commissaire à la Sécurité Alimentaire doit transmettre chaque année un rapport détaillé sur l’OPAM à la Présidence pour une meilleure supervision.
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Un défi majeur pour la sécurité alimentaire au Mali
L’OPAM joue un rôle clé dans la régulation du marché céréalier et la gestion des stocks stratégiques de céréales, essentiels pour la sécurité alimentaire du pays. Les irrégularités révélées dans ce rapport fragilisent la mission de l’Office et mettent en péril l’approvisionnement des populations vulnérables.
Le gouvernement malien devra prendre des mesures concrètes pour assainir la gestion de l’OPAM et garantir une utilisation efficiente des ressources allouées à la sécurité alimentaire. À défaut, ces dysfonctionnements pourraient aggraver la précarité alimentaire déjà préoccupante dans le pays.
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Fatoumata Bintou Y
Source: Bamada.net