Porteur des messages de paix et d’union sacrée du Président de la Transition aux producteurs de l’or blanc, le mandataire judiciaire de la Confédération des sociétés coopératives des producteurs de coton (C-Scpc), Souleymane Fomba, a rencontré ce lundi 9 mai 2022 les producteurs de trois secteurs de la zone Ohvn, à savoir Ouélessébougou, Gouani et Dangassa.
Cette réunion s’inscrivait dans le cadre d’une grande tournée d’information et de sensibilisation initiée par le mandataire à travers la zone cotonnière, en vue du renouvellement des organes de gestion et de contrôle du réseau de la C-Scpc.
Sans détour, les producteurs qui attendaient de pieds fermes le visiteur n’ont pas manqué de cracher certaines vérités et exprimer leur inquiétude quant à la crise qui les divise. A l’écoute des préoccupations de ses hôtes, le patron de la C-Scpc a non seulement expliqué les critères d’éligibilité pour les élections annoncées au sein de la faitière, mais aussi édifié l’assistance sur certaines rumeurs qui circulent sur les réseaux sociaux par rapport à sa gouvernance et la gestion de la campagne 2022-2023. Environ 400 producteurs de coton ont participé à cette réunion qui s’est tenue dans les locaux de l’Ohvn de Ouélessébougou. En cette circonstance, Souleymane Fomba était accompagné du conseiller spécial du PDG de la Cmdt, Chaka Coulibaly, du représentant de la direction de la protection civile et de l’économie solidaire, Mamary Sidibé, du délégué régional de la fédération des sociétés coopératives de coton de la filiale centre Fana-Ohvn, Yacouba Doumbia.
Les élections seront transparentes
Malgré des moments d’intensité dans les débats, le pire a été évité. D’entrée de jeu, le représentant du maire de Ouélessébougou, Moriba Samaké, a invité les producteurs à un dialogue constructif. A la suite des mots introductifs du délégué régional Yacouba Doumbia, le mandataire judiciaire de la C-Scpc a d’abord rappelé le contexte dans lequel est intervenue sa nomination, avant d’expliquer les missions à lui assignées par les autorités de la transition pour circonscrire la crise qui sévit à la tête de la faitière. A ce niveau, il a lancé : « Celui qui insulte Fomba insulte aussi les autorités du Mali. S’il n’y avait pas de problème au sein de la faitière, je ne serai pas désigné pour préparer des élections. Je suis venu à Ouélessébougou pour faire la paix entre les producteurs ». Et d’ajouter : « Mon agenda est très clair. C’est d’organiser des élections crédibles et acceptées. Je ne veux pas et je ne peux même pas prétendre au fauteuil du président de la C-Scpc. Je ne suis pas candidat pour un quelconque poste. On n’a pas de bureau, on n’a pas de tendance. C’est pourquoi, il a affirmé : « Pour booster le coton, il faut la paix et la sérénité dans le secteur. J’invite ceux qui ne veulent pas de moi à venir vite m’aider à finir cette mission, afin que ceux qui seront élus soient les dignes représentants des producteurs de coton dans les organes de décisions et devant les autorités ». Personne ne viendra nous réconcilier à notre place, a-t-il confessé. Selon lui, ces élections se feront dans la transparence. A cet égard, il a insisté sur des critères d’éligibilité pour éviter toute contestation post-électorale. Pour ce faire, il a invité les sociétés coopératives de coton à se mettre à jour conformément aux textes de l’Ohada et leurs statuts. A en croire Fomba, il s’agit de payer sa quote-part pour avoir la capacité de voter. « Ceux qui se font confiance n’ont qu’à se préparer en conséquence. Quand on n’a rien à se reprocher, on ne doit pas avoir peur d’affronter ses adversaires », a déclaré Fomba. Dans cette logique, le mandataire judiciaire de la C-Scpc a informé que des démarches et actions sont en cours pour doter la faitière d’un registre fiable servant de fichier pour les coopératives. Pour sa part, le représentant de la direction de la protection civile et de l’économie solidaire a lancé des messages d’apaisement et d’union. Selon Mamary Sidibé, le Mali est notre seul pays et nous avons le devoir de nous unir. « Avant le coton, nous sommes tous fils de ce même pays, liés par des liens de sang et de mariage », a-t-il fait remarquer. Il a mis l’accent sur le respect des textes régissant le secteur du coton pour une sortie de crise définitive.
Ouélessébougou n’a pas peur d’aller au vote
S’adressant au mandataire judiciaire de la C-Scpc, le porte-parole des producteurs de coton du secteur de Ouélessébougou, Moussa Samaké, a d’abord souligné que la gestion de l’union des producteurs revienne aux vrais producteurs de coton. De ce fait, il a dénoncé le fait que les producteurs de coton ne soient associés dans le processus de désignation du mandataire judiciaire de la confédération. Il a ensuite laissé entendre : « On peut nous imposer un administrateur provisoire, mais personne ne peut nous obliger à cultiver le coton. Sans le coton, nous pouvons vivre. Nous pouvons cultiver le mil, le fonio, le riz, le haricot, l’arachide, le gombo ». Toutefois, il a précisé : « Mais, nous ne sommes contre personne. Nous sommes contre l’injustice ». A cet effet, il a exprimé son indignation sur le fait que Souleymane Fomba ait pu choisir Yah Diarra, membre du bureau perdant, comme mandataire local de Ouélessébougou pour diriger l’écrasante majorité des producteurs. Et Moussa Samaké d’ajouter : « Depuis sa désignation, ce mandataire local n’a tenu aucune activité pour réunir les producteurs. Il n’a posé aucun acte pour réconcilier les protagonistes. Nous n’allons jamais accepter que Yah nous gouverne. On aurait voulu que Fomba nomme une autre personne impartiale pour faire ce travail. On ne peut pas faire confiance à notre ennemi ». S’agissant des élections, il a rassuré : « A Ouélessébougou, nous sommes prêts, nous avons confiance à notre base. Nous sommes sereins. Celui qui est avec sa base n’a rien à craindre pour une élection. Mais, nous disons non aux affairistes ».
Bourama Traoré de Gouani a estimé que les semences du coton doivent être livrées gratuitement aux producteurs de coton. Selon lui, si les producteurs conviennent de reconduire les anciens bureaux, cela ne doit poser de problème à personne. De son côté, Zoumana Diawara de Dangassa a confessé que les linges sales se lavent en famille. Les préoccupations des intervenants ont porté sur la question des semences, la situation des intrants, la gestion des véhicules « bradés » ou « volés » de la confédération. En réponse, le mandataire judiciaire de la C-Scpc a été très clair. Selon lui, il est impossible de donner gratuitement ces semences aux producteurs. A l’entendre, les coopératives doivent se gérer comme des entreprises. « Elles doivent s’organiser pour respecter les règles de gestion », a déclaré Fomba. En ce qui concerne l’approvisionnement des engrais, il a d’abord reconnu que la situation est difficile à cause de l’embargo imposé à notre pays. Il a indiqué que les commandes sont bloquées au niveau des ports de Dakar et Abidjan. Toutefois, il a fait comprendre que l’engrais est en train de rentrer lentement. Il a rassuré les producteurs que d’ici l’installation de l’hivernage, les stocks vont être disponibles et pourraient être mis à la disposition des cotonculteurs.
Concernant les rumeurs sur les véhicules de la C-Scpc, Fomba a précisé qu’il n’en est rien. Selon lui, les 11 véhicules dont il s’agit n’ont ni été volés ni bradés. Il a expliqué que ces qui véhicules qui étaient confisqués par les anciens membres du bureau de la confédération ont été saisis soumis à la réforme pour un coût total de 18 millions de FCFA. Il a rassuré que ces fonds sont désormais logés dans un nouveau compte et seront utilisés dans le cadre des élections dont la date sera fixée après abrogation des autorités.
Jean Goïta, envoyé spécial
Source: La Lettre du Peuple