Suivez-nous sur Facebook, Telegram, WhatsApp pour ne rien rater de l'actualité malienne

Mali: comment sortir du purgatoire ?

Le Mali a les moyens humains et sociaux de surmonter la crise à condition qu’il sorte de la toxicité des jeux politiciens et des instructions dictées par d’autres, pour mettre à contribution le génie créateur de son peuple. La Cour Constitutionnelle ne vient-elle pas de prendre une décision que la communauté internationale a dû accepter faute de pouvoir proposer mieux ? A présent, il s’agit de conduire des réformes courageuses qui vont permettre d’organiser des élections justes, transparentes et crédibles pour aller vers la 4ème république.

LA GESTION DÉMAGOGIQUE DU POUVOIR
Pour se faire élire en 1992, Alpha Oumar Konaré s’est présenté sous les traits du candidat du petit peuple face à Tiéoulé Konaté « le vacancier » de luxe, candidat de la France. Il a convaincu. Le militaire Amadou Toumani Touré a enfourché en 2002 le cheval immaculé du démocrate. On l’a cru. De son côté, Ibrahim Boubacar Kéita a juré qu’il ferait revenir la paix dans un Mali occupé aux deux tiers par la rébellion, surfant en cela sur une ancienne réputation d’homme à poigne fraichement acquis aux préceptes de l’Islam. Pour lui, on a voté les yeux fermés au risque de se cogner dans l’isoloir. Ils ont tous plus ou moins déçu parce que le jeu politicien et la démagogie l’ont emporté sur la défense des valeurs et le respect de la Constitution. On peut donc dire que les maliens choisissent le président de la république sur la base de valeurs que le candidat est censé incarner. Le hic, c’est que le pouvoir « démocratique » ne s’est jamais accommodé d’une vraie opposition politique. Ainsi, d’Alpha Oumar Konaré à IBK en passant par ATT, persister dans l’opposition revenait à s’abonner aux privations. On a fini par promouvoir un consensus de façade autour de la « gestion de grin » et/ou de famille qui a tourné au suivisme et permis aux opportunistes d’aller sécher leur linge là où il y a du soleil. Le fonctionnement des institutions en a été affecté, le népotisme et la corruption ont pris le dessus, la rébellion s’est fortifiée et le pays a plongé dans l’instabilité. En vérité, Amadou Haya Sanogo et Assimi Goïta ne sont que l’expression de la révolte face aux dérives de régimes corrompus ayant mis la nation en péril. S’attaquer à eux sans discernement, c’est chercher à casser le thermomètre en pensant pouvoir ainsi guérir la fièvre. La refondation en cours doit permettre au génie créateur du peuple malien de sortir des compromissions solidement entretenues depuis 30 ans, en abandonnant sans concession les textes et comportements d’emprunt qui ont conduit à la faillite. Des intrigants de haut vol font à dessein courir le bruit qu’il faut être fortuné ou coopté par la France pour être président de la république. Il n’y a rien de plus faux. Bien au contraire, ce sont des handicaps aux yeux du citoyen moyen. La France est un si partenaire avec certes des affinités plus marquées, mais elle reste un partenaire intéressé qu’il faut traiter comme tel. Seuls les faibles et les naïfs croient en l’amitié dans les relations entre Etats. Protéger les intérêts vitaux de son pays est la mission essentielle de tout homme d’Etat qui se respecte. Au Mali, on en cherche depuis si longtemps !

BANNIR L’HYPOCRISIE ET LA MÉCHANCETE
Aussi loin qu’on puisse remonter dans l’histoire des peuples qui ont constitué le Mandé d’abord et le Mali ensuite, la dévolution de la chefferie obéit toujours à des valeurs sociétales intangibles. La colonisation française a été une période de rupture parce que fondée sur la négation de la culture traditionnelle et l’imposition des valeurs occidentales. Toutefois, lorsque Modibo Kéita arrive au pouvoir le 22 Septembre 1960 et même lors des luttes de libération déjà, on a senti la volonté de réhabiliter le génie créateur du peuple malien qui a fait ses preuves à travers les âges. Ainsi, Modibo Kéita a été un chef à l’autorité reconnue et un homme de principe ne transigeant pas sur les valeurs qui sous-tendent le patriotisme. Il a péché par dogmatisme avec la « révolution active » et la mise en place de la milice populaire qui se transformera en une unité de répression sans culture politique, précipitant la fin de son régime. Moussa Traoré qui le remplace suite au 1er coup d’état militaire de l’histoire du Mali est lui aussi porteur de valeurs reconnues. Il était un militaire accompli pour ses compagnons d’armes, un homme intègre, patient et modéré aux yeux des populations. Puis arrivent les présidents de l’ère démocratique dont le premier souci a été d’apparaître comme des vrais démocrates, alors que chacun d’eux entretenait un esprit de clan, créant du coup un profond sentiment d’injustice. Ils se sont souciés plus de la réaction de la communauté internationale que des besoins du peuple malien. Plus récemment, la dissolution du Comité National pour le Salut du Peuple (CNSP) a été exigée par la CEDEAO à la demande de certains politiciens locaux aux méthodes désormais connues. Et à quoi cette dissolution a-t-elle servi, sinon à confirmer que le pouvoir n’a jamais quitté les militaires depuis le 18/08/2020 ? Profitant de la vénalité des hommes politiques timorés et complexés, la CEDEAO a tout simplement confectionné quelques camisoles de force sur mesure pour se donner bonne conscience. La politique étant la saine appréciation des réalités, elle a fini par accepter ce qu’elle avait refusé au départ et le pouvoir est revenu à son véritable détenteur. L’hypocrisie, la médiocrité et la méchanceté sont au cœur de la vie politique depuis 1991. Dès lors, comment s’étonner que le peuple malien décide de faire confiance à un militaire pour sortir le pays du purgatoire ?
Malgré des dérives regrettables, la démocratie malienne connaît quelques avancées obtenues surtout face aux dérapages des chefs d’Etat eux-mêmes. Un cadre juridique a finalement été créé pour le chef de file de l’opposition politique et chacun sait que le 3ème mandat est une grenade dégoupillée entre les mains du locataire de Koulouba. En quoi l’exerce d’un 3ème mandat en violation de la Constitution serait-il moins condamnable qu’un coup d’état militaire survenant pour empêcher cette violation ?
Mahamadou Camara
Email : mahacam55mc@gmail.com

Source: Info-Matin

Suivez-nous sur Facebook, Telegram, WhatsApp pour ne rien rater de l'actualité malienne
Ecoutez les radios du Mali sur vos mobiles et tablettes
ORTM en direct Finance Les plus bas prix du Mali Acheter à bas prix au Mali Achat terrain à Bamako Terrain à vendre Bamako Immobilier titre foncier TF à Bamako ORTM en direct, RTB en direct RTN tele sahel niger ne direct