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Mali : comment Barkhane aurait eu raison du chef djihadiste Hamadoun Kouffa

Confirmée par l’armée malienne, l’information sur la mort du chef de la katiba Macina fait l’objet d’un étrange silence. Cela n’empêche pas l’opération Barkhane de s’en trouver revigorée.

« Nous devons obtenir des victoires claires, importantes face à l’ennemi. Nous devons lui montrer que nous sommes là et que nous continuons de gagner du terrain […], redonner confiance à nos armées partenaires en leur permettant durablement de se rétablir dans plusieurs zones de la région. » Ces paroles, lancées avec détermination par le président Emmanuel Macron, lors de son discours devant la force Barkhane, le 23 décembre 2017, sur la base aérienne de la force à Niamey au Niger, traçaient les lignes de la nouvelle doctrine d’engagement voulu par le président de la République française dans le Sahel, où opère le plus grand dispositif militaire de la France à l’étranger.

Depuis le début de l’année 2018, l’opération Barkhane, forte d’environ 4 500 hommes déployés sur une surface grande comme l’Europe pour lutter contre le terrorisme, a traduit sur le terrain la volonté présidentielle et a considérablement accentué sa pression sur les groupes djihadistes. En février dernier déjà, un raid de la force française, entre Boughessa et Tinzaouten, près de la frontière algérienne, dans le nord du Mali, mettait hors d’état de nuire plus d’une vingtaine de combattants djihadistes, de hauts cadres de la coalition terroriste GSIM, proches de son chef Iyad Ag Ghali.

Dans la zone des trois frontières (Mali, Niger, Burkina Faso), la force française traquait Adnane Abou Walid al-Saharoui, chef de l’État islamique au Grand Sahara (EIGS), lors d’opérations conjointes avec deux groupes armés, le MSA et le Gatia. Ces opérations ont porté un coup dur aux organisations terroristes, notamment avec la neutralisation de Mohamed Ag Almouner, l’un des chefs de l’EIGS, et à la mi-novembre celle d’Al-Mansour Ag Alkassoum, chef de la katiba du Gourma, membre du GSIM, probablement tué avec sept de ses hommes lors d’un raid de la force. Depuis le début de l’année 2018, ce sont plus de 130 djihadistes qui ont été neutralisés par la force Barkhane dans le Sahel.

Un raid pendant le Maouloud

La semaine dernière, dans la nuit du 22 au 23 novembre, c’est un dispositif aérien impressionnant composé de Mirage 2000, d’hélicoptères d’attaque Gazelle et Tigre, de drones MQ-9 Reaper et d’un avion-ravitailleur C-135 qui sillonnait le ciel du Méma, une vaste étendue non contrôlée par le gouvernement malien dans l’ouest du cercle de Youwarou, région de Mopti. Selon des renseignements issus du terrain, Hamadoun Kouffa, le chef de la katiba Macina, un groupe djihadiste responsable de la terreur et de l’instabilité dans le centre du Mali depuis trois ans, se trouvait dans la zone. Quelques semaines auparavant, dans une vidéo, aux côtés de Iyad Ag Ghaly et de l’Algérien Djamel Okacha, dit Yahia Aboul Hammam, émir d’Aqmi au Sahara, Kouffa appelait au djihad les musulmans et les Peuls.

« Kouffa et ses hommes ont voulu profiter de la période de maouloud [commémoration de la naissance du prophète Mahomet, NDLR] pour se réunir et planifier leurs opérations à venir. C’est une période symbolique forte pour lancer les nouvelles actions du djihad. Il fallait réunir pour cela tous les lieutenants, tous les cadres du mouvement, comme à Tinzaouten », explique ce gradé des forces de sécurité malienne sous le couvert de l’anonymat. « Il y a eu pas mal de mouvements dans la journée du 23 novembre, certainement pour des préparatifs, du repérage et de la sécurisation. Ce genre de réunion a généralement lieu la nuit tard, dans des endroits stratégiques où ils sont sûrs de pouvoir se réunir dans une totale discrétion, quand tout est calme, pour avoir la capacité d’entendre tous les bruits », poursuit-il.

Par Olivier Dubois, à Bamako Afrique
Le point.fr

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