Le nouvel homme fort du Burkina Faso, le Capitaine Ibrahim Traoré, a effectué mercredi 2 octobre 2022 à Bamako son premier déplacement à l’étranger depuis sa prise du pouvoir le 30 septembre dernier. Il a été accueilli par le Colonel Assimi Goïta, président de la transition. La question de la sécurité et de la lutte contre les groupes djihadistes a été au cœur des discussions entre les deux hommes. L’axe Bamako-Ouaga se renforce…
En effet, cette visite intervient alors que les attaques se multiplient dans le Nord du Burkina Faso ainsi que dans le Centre et le Nord du Mali. Les deux pays sont tous deux confrontés depuis plusieurs années à la violence de groupes djihadistes liés à Al-Qaida et à l’Etat islamique.
Le choix du président du Faso de se rendre au Mali, un pays avec lequel le Burkina a en partage plus de 1200 km de frontière, a été inspiré par les situations sécuritaires et politique dans les deux pays. Les deux présidents de Transition sont, en effet, engagés dans la lutte contre des groupes armés terroristes. La similarité des contextes incite au renforcement de la coopération bilatérale et à la mutualisation des moyens de combat.
Les possibilités et perspectives en matière de coopération opérationnelle dans la lutte contre le terrorisme ont donc été largement évoquées pendant cette visite
Aussi a l’issue de cette visite, le Mali et le Burkina Faso ont convenu d’agir de concert pour lutter efficacement contre le terrorisme, a déclaré, le président de la transition au Burkina Faso, le Capitaine Ibrahim Traoré.
« Le plus important pour nous dans la situation actuelle, c’est le défi sécuritaire, donc avec ce peuple, on est venu échanger, comment renforcer notre coopération militaire et pouvoir mieux mener nos opérations et sécuriser les populations. C’est l’objectif principal de la visite », a indiqué le Chef d’Etat burkinabé.
Et le président de la transition au Burkina Faso d’ajouter : « Nous avons décidé de renforcer notre coopération bilatérale en matière de sécurité et de défense ».
Ibrahim Traoré a invité les populations burkinabé et malienne à être beaucoup plus solidaire, à se donner la main et à rester unis dans cette lutte contre le terrorisme.
Pour sa part, le président Assimi Goïta a indiqué sur son compte twitter « Dans l’optique d’améliorer la sécurité de nos populations respectives, le Capitaine Ibrahim Traoré, président de la Transition du Faso et moi avons eu cet après-midi, des échanges fructueux autour des défis majeurs qui impactent la paix et la stabilité de nos états»,
Au-delà du renforcement de la coopération sécuritaire, le Capitaine Traoré est aussi venu s’imprégner de l’expérience malienne dans la diversification des partenariats notamment celle avec la Russie. A ce sujet, le nouveau premier ministre burkinabé, Appolinaire Kyelem de Tembela., a déclaré la semaine dernière « Peut-être qu’avec la nouvelle donne [sécuritaire], nous réexaminerons nos rapports avec la Russie pour voir s’il faut la renforcer dans un secteur ou pas, s’il faut la réorienter dans l’intérêt du Burkina Faso et dans le respect de sa souveraineté »,
Durant les trois jours qui ont marqué le coup d’Etat, du Capitaine Traoré, plusieurs manifestants ont demandé de rompre la coopération militaire avec la France. Les emprises diplomatiques de l’ancienne puissance coloniale ont même été vandalisées à Ouagadougou et à Bobo-Dioulasso (Ouest) par certains manifestants.
Les drapeaux russes étaient également visibles dans les rues de Ouagadougou lors de ces manifestations. Qu’es ce qui explique cet appel à la Russie ? D’abord, il faut dire que la Russie n’a pas de passé de colonisateur à porter, contrairement à la France. C’est un avantage de taille pour Moscou dans la sorte de guerre froide que s’imposent les deux pays au Sahel en particulier, et plus largement sur le continent africain.
D’autre part, les relations entre la Russie et les pays sahéliens sont profondes. Au lendemain des indépendances, dans les années 1960, la coopération russo-africaine s’est renforcée. Au Mali, comme dans d’autres pays, beaucoup d’officiers ont été formés en Russie, ce qui a permis de tisser des liens qui, aujourd’hui, s’affirment.
Mais cet appel des burkinabés à l’adresse de la Russie n’est pas nouveau. En effet, depuis des mois, des manifestations sporadiques ont eu lieu dans certaines grandes villes du pays pour réclamer une coopération militaire avec le pays de Poutine.
Mémé Sanogo