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Mali/Bamako : « Manger » les ordures, un métier d’avenir

Alors que Bamako croule sous ses déchets, des milliers de ses habitants en tirent leur gagne-pain. Un métier d’avenir étant donné les carences dans la collecte et l’évacuation de ramassage des ordures.

“Chaque fois, je prie Dieu pour qu’on ne trouve pas de solution aux problèmes des déchets à Bamako parce que cela va tarir mon unique source de revenue ». Madou Traoré, un jeune déscolarisé de 18 ans, fait partie des milliers de Bamakois qui vivent essentiellement des ordures.

Leur « métier » consiste à fouiner dans les décharges pour y ramasser des papiers, des plastiques, des métaux et bien d’autres objets qu’ils vendront à des intermédiaires qui, à leur tour, les livreront à des industries de recyclage.

On les voit parfois bondir sur des camions qui viennent déverser leur chargement. La concurrence est féroce entre eux. « C’est à qui va prendre le premier les bonnes choses et le plus d’objets possible », commente Souleymane Fané qui exerce le même travail.

« Je me réveille tous jours à 5 heures pour pouvoir arriver au terrain de décharge avant mes camarades et même avant ceux qui jettent les ordures le matin », confie ce père de trois enfants. Ancien employé de bureau il est au chômage depuis sept ans. Faute de trouver un emploi qui lui permette d’entretenir sa famille, il est devenu « fouineur » et ne le regrette pas : « Quand j’étais encore employé, mon salaire s’élevait à 17.000 F CFA par mois. Mais aujourd’hui¸ je gagne en moyenne 47.300 F CFA) par mois ». C’est ainsi qu’il peut nourrir sa famille et envoyer ses enfants à l’école.

« Il ne suffit pas de gagner de l’argent.

Ces gens s’exposent tous les jours à des maladies », avertit ce spécialiste en hygiène. Les ordures, précise-t-il « dégagent du méthane, un gaz dangereux », qui s’enflamme facilement et peut provoquer des explosions. Les fouineurs savent très bien que la fréquentation des décharges est malsaine mais pour eux « mieux vaut être malade et avoir les moyens de se maintenir en vie plutôt que mourir de faim ».

 

Ils n’ont aucun souci à se faire pour leur gagne pain puisque Bamako est incapable de gérer les milliers de déchets que produisent chaque jour ses habitants.

Les ordures bouchent les canaux d’évacuation des eaux usées. « Quand il pleut, il est extrêmement difficile de se déplacer dans cette ville. L’eau ne coule pas parce que les ordures ont bouché les caniveaux », se plaint un habitant de Bamako.

Tous ces inconvénients ne gênent guère les hommes qui vivent de l’exploitation des déchets. « C’est grâce à ça que nous mangeons »¸ rappelle Ladj Diallo.

Malick Camara

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