Cela fait presque deux semaines que les premières doses de vaccins contre le Covid-19 sont arrivées au Mali. Mais la campagne de vaccination n’a toujours pas commencé et le personnel médical fait part de son impatience, voire de ses inquiétudes. Le tout sur fond d’incertitudes autour du vaccin AstraZeneca, dont l’utilisation a déjà été suspendue dans plusieurs pays.
Près de 400 000 doses de vaccin anti-Covid-19 sont arrivées au Mali au début du mois de mars. D’ici la fin mai, grâce à la facilité Covax, un partenariat entre plusieurs organisations internationales de santé, le pays en disposera de plus d’un million. Objectif à terme fixé par les autorités : plus de huit millions de doses, pour une population de près de vingt millions d’habitants.
Pourtant, la campagne de vaccination n’a toujours pas commencé, ce que déplore le docteur Modibo Doumbia, président du Conseil régional de l’ordre des médecins de Bamako. « Dès la réception des premières doses, la vaccination devait commencer, parce que la population médicale a véritablement besoin de ça, explique le médecin. Nous avons perdu beaucoup de confrères à cause du Covid-19. Donc, s’ils sont la cible de cette vaccination, cela va renforcer leur immunité face à cette maladie. Mais il n’y a pas d’informations, pas de communiqués et ça nous inquiète. »
Les autorités ont déjà indiqué vouloir lancer les vaccinations en avril, mais aucune date n’a encore été fixée. « Beaucoup de choses ont été faites, mais il reste encore quelques derniers réglages, précise le professeur Daouda Minta, référent de la stratégie Covid-19 pour le Mali. Il faut identifier et former les vaccinateurs. Bien spécifier la cible. La priorité, c’est notre personnel de santé et les sujets âgés de plus de 65 ans. »
Alors pourquoi cela prend-il autant de temps ? « On parle de « personnel en première ligne », mais il faut bien les définir, répond le professeur. Et voir si le vaccin est suffisant pour la cible. »
L’épineuse question AstraZeneca
Un dernier élément pourrait bien encore retarder le début de la campagne : le Mali a reçu des vaccins AstraZeneca, qui sont au cœur d’une polémique sur ses éventuels effets secondaires. De nombreux pays l’ont récemment suspendu, notamment en Europe, par précaution. D’autres, comme le Sénégal, ont décidé de maintenir les vaccinations prévues de ce vaccin. Les autorités maliennes se posent actuellement la question.
Depuis un an, selon les derniers chiffres officiels du ministère malien de la Santé, un peu plus de 9 000 cas de Covid-19 ont été recensés au Mali, 6 523 personnes en sont actuellement atteintes et 364 personnes en sont mortes. Des chiffres sous-évalués, selon les autorités elles-mêmes.
Source: RFI