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Malgré la nomination de Ketanji Brown Jackson, Joe Biden perd l’électorat afro-américain

Le soutien des Afro-Américains à Joe Biden s’est érodé depuis l’élection présidentielle. Leur vote sera pourtant essentiel pour les élections de mi-mandat en novembre.

ÉTATS-UNIS – C’est un grand pas dans l’histoire des États-Unis. Pour la première fois, une afro-américaine, Ketanji Brown Jackson accéde à la Cour suprême, la plus haute instance judiciaire du pays.

Le Sénat américain a confirmé cette nomination par 53 votes pour (47 votes contre), ce jeudi 7 avril. Une première qui a été saluée par les applaudissements de la chambre parlementaire américaine, rapporte ABC News, alors qu’il s’agissait de la dernière étape à passer avant que Ketanji Brown Jackson soit officiellement nommée.

Joe Biden réalise là l’une de ses promesses de campagne, mise sur la table après un début de primaire catastrophique et trois échecs en Iowa, dans le New Hampshire et au Nevada. Sa proposition de nommer une femme noire à la Cour Suprême lui avait permis de gagner les faveurs de l’électorat afro-américain en Caroline du Sud, de renverser la tendance, de remporter la primaire démocrate puis la présidentielle.

Chute dans les sondages

Depuis, le président a déçu. Selon un sondage Yougov (ci-dessous), le président est passé de 76,2% d’opinions positives chez les Afro-Américains en janvier 2021 contre 67,9% fin mars 2022, avec un plus bas en octobre 2021, à 65,9%. Si l’on compare avec le pourcentage de voix obtenu lors de la présidentielle, c’est même une chute de 25 points, pointe Marie-Christine Bonzom.

 

CAPTURE D’ÉCRAN YOUGOV
Sondage Yougov, évolution du taux d’approbation de Joe Biden chez les Afro-Américains

“Il a perdu beaucoup de soutiens, surtout auprès des jeunes de moins de 35 ans. Cette chute considérable s’explique par des raisons conjoncturelles: le retrait d’Afghanistan vu comme un échec et mal vécu par les Afro-Américains sont nombreux dans l’armée, la hausse de la criminalité qui les affecte directement, ou encore le Covid, maladie où la mortalité est 2,5 fois plus élevée pour eux que pour le reste de la population”, explique-t-elle.

Parmi les autres raisons du mécontentement se trouvent les échecs de la réforme électorale qui visait à harmoniser les règles de vote et ainsi éviter l’obstruction dont ils sont victimes, ainsi que du projet de loi sur la police qui voulait revoir les droits et la formation des forces de l’ordre pour éviter les drames comme ceux de Breonna Taylor ou George Floyd. Les deux n’ont pas réussi à convaincre les législateurs du Congrès.

Biden, un vote par défaut

Pour Marie-Christine Bonzom, cette baisse dans les sondages n’est “pas surprenante”. “Avant même l’élection, il existait une réticence vis-à-vis de Joe Biden. Il est critiqué pour son racisme -pendant la campagne, il a dit ‘Vous n’êtes pas noir si vous envisagez de voter Trump’-, pour ses amitiés avec des élus démocrates ségrégationnistes ou pour son soutien à la politique anti-criminalité dans les années 1990, qui rendaient plus sévères les peines minimales.”

Conclusion, “si la majorité des noirs votent démocrate, il n’y a pas d’enthousiasme pour Biden. Il a été élu car il n’était pas Trump”. Ce sentiment se reflète au niveau de la population générale: Joe Biden n’atteint même pas les 40% d’opinions favorables, en-dessous du niveau de son prédécesseur à la même période de sa présidence.

La nomination de Ketanji Brown Jackson pourrait-elle engendrer un sursaut de soutien, comme lors de la promesse de campagne? La question se pose d’autant plus que les élections de mi-mandat auront lieu dans sept mois et qu’est déjà anticipé un échec cuisant du parti démocrate. “La nomination a été très bien reçue, les avis sont très positifs. C’est une étape importante, une première, et ce n’est en rien une faveur, elle est très qualifiée”, souligne Nicole Bacharan, co-auteure de Les Grands Jours qui ont changé l’Amérique. Un avis partagé par tous les experts interrogés par le Huffpost.

Dans le sondage de Yougov, l’annonce de la démission du juge Stephen Breyer et de son remplacement par Ketanji Brown Jackson a d’ailleurs permis à la courbe de se relever. Depuis, la progression est lente, mais constante. Jean-Éric Branaa, maître de conférence à l’Université Paris-2, refuse cependant de voir un réel lien. “En ce moment il y a une remontée oui, mais il faut aussi l’attribuer à la crise ukrainienne et la fin de la crise du Covid-19”, juge-t-il.

Les midterms, un échec annoncé

Quid des élections de mi-mandat? Un autre sondage de Morning Consult pour Politico a interrogé la communauté afro-américaine concernant sa volonté de voter en novembre prochain. Début mars, 49% se disent “extrêmement” ou “très” excités à l’idée de se rendre aux urnes, une hausse de 8 points depuis l’annonce du nom de Ketanji Brown Jackson, le 25 février.

Si Morning Consult voit un lien entre les deux, encore une fois, Jean-Éric Branaa ne veut tirer aucune conclusion trop hâtive. “Ce sondage interroge sur l’émotion du moment. Je n’y vois aucune corrélation. Tous les sondages sur les midterms sont nuls et non avenus, on ne connaît même pas les candidats pour qui il faudra voter”, explique-t-il.

Pour Marie-Christine Bonzom aussi, la nomination de Ketanji Brown Jackson ne sera pas décisive: “Il y aura une petite influence, à la marge, un regain de soutien dans les prochains jours mais ça ne durera pas jusqu’en novembre si les problèmes économiques ne s’arrangent pas. Biden est dans les limbes pour tous les dossiers.”

Nicole Bacharan partage cette analyse. Et ajoute: “Les démocrates vont mettre en avant cet accomplissement. Cela pourrait motiver une petite partie de l’électorat afro-américain à se déplacer, mais je doute que ça ait un impact important.” La débâcle des midterms s’annonce rude pour Joe Biden.

Source: huffingtonpost
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