Homme d’affaires, Mahamar Touré est le Président Directeur Général de la société Blue Sky installée au Mali et présente en Côte d’Ivoire, au Burkina Faso. La cinquantaine révolue, ce ressortissant de la région de Gao est un professionnel en marketing négoce. Après 15 ans en Chine, il s’est installé définitivement au pays en 2008.
Après son «diplôme rouge» en froid, le jeune Mahamar Touré retourne au pays en 1992 pour enseigner à l’Ecole nationale d’Ingénieur (ENI). Il est employé comme vacataire pour un modeste salaire de 40. 000 FCFA. Assistant à l’ENI, il n’hésitait pas à faire le porte à porte pour réparer les climatiseurs et les frigos. Ambitieux, il obtient une bourse d’études en 1994 pour un doctorat en énergétique en Chine.
Dans le pays de « Mao» comme tous les étudiants africains, il exerce de petits métiers pour subvenir à ses besoins fondamentaux dans la ville de «Wuhan» la capitale provinciale du Hubei, une ville révélée au grand public suite à la découverte de la pandémie de Covid 19.
Seul Africain de peau noire évoluant dans le business à Wuhan
Vers la fin de ses études, Mahamar Touré qui évoluait dans le secteur informel décide de créer un restaurant français dans la ville de Wuhan. Il avait constitué un fonds grâce à ses rémunérations dans une entreprise américaine où il était agent commercial. A l’époque, c’était audacieux pour un Africain de créer une entreprise dans un secteur dominé par les Chinois. Mais impossible n’est pas malien. Mahamar Touré croit en son étoile. Entrepreneur dans l’âme, il installe son resto ‘’Blue Sky’’ et devient l’un des Africains qui a pu se frayer un chemin en business dans «le continent chinois». «J’étais le seul Africain de peau noire évoluant dans le business en ville Wuhan», nous confie-t-il.
Pour atteindre son objectif, le jeune Malien a bénéficié de la clémence des autorités chinoises pour ouvrir son restaurant sans difficulté en 2000. C’est le vice – maire de la ville de Wuhan qui a coupé le ruban symbolique de son restaurant lors de l’inauguration. Pendant huit ans, son resto est devenu le plus fréquenté par les Français mais aussi des Chinois. M Touré employait des cuisiniers français avec toutes les qualités requises.
Les Chinois admirent l’excellence
Il servait de modèle aux Chinois qui se référaient à lui pour ouvrir aussi leurs restos. «Les Chinois respectent la réussite, l’excellence et le modèle de réussite. Raison pour laquelle, je peux dire que je n’ai jamais été victime de racisme en Chine, cela grâce à mon éducation malienne aussi. Car il y a une similarité entre la société chinoise et celle malienne en termes de respect aux personnes âgées, le fait de manger autour du plat à la charge d’une seule personne. Dans ce milieu, je n’ai pas eu de problème à m’adapter. Mon expérience en Chine m’a prouvé qu’ils ne sont pas foncièrement méchants. Ils aiment la réussite comme modèle, contrairement à certains pays du nord où le noir est naturellement détesté à cause de la couleur de sa peau», souligne-t-il.
Et d’ajouter que le racisme chinois peut être une ignorance. ‘’J’étais le seul noir africain business man‘’, précise Mahamar Touré qui est associé au club de basket et au club golf de Wuhan. « Juste pour dire que si les Chinois te voient meilleurs, ils oublient ta couleur pour admirer ton excellence», reconnaît notre interlocuteur. En 2008, après le décès de sa mère, Mahamar Toure signe son retour au bercail. Avec huit ans de réussite entrepreneuriale en Chine. Très vite, il s’installe dans le secteur négoce comme terrain de prédilection l’énergie. Aujourd’hui, il a le monopole de certains matériels énergétiques au Mali.
En cette période marquée par la Covid 19, Mahamar Touré fournit en matériels de protection certains pays de la sous-région comme la Côte d’Ivoire, la Guinée Conakry et le Burkina Faso. C’est M Touré qui a livré au Mali les deux bateaux qui rallient Mopti-Tombouctou en période de décrue.
Marié et père d’un garçon, Mahamar Touré adore le voyage, la lecture.
Modibo Fofana
Source : Le Challenger