En visite officielle en France, le président Mahamadou Issoufou a été reçu à l’Elysée par son homologue Emmanuel Macron. Au menu des entretiens : les questions sécuritaires et de développement.
Selon une source proche de la délégation présidentielle nigérienne, jointe à Paris par la DW, cinq conventions seront signées entre le Niger et l’Agence française de développement au cours de cette visite officielle. Montant global : 33 milliards de francs CFA environ 50 millions d’euros qui serviront au financement de projets de développement comme la construction du réseau électrique dans les centres urbains et ruraux, sans oublier la construction d’une centrale hybride dans la région d’Agadez qui va coûter près de vingt milliards de francs CFA, soit 30 millions et demi d’euros.
“Aujourd’hui, vous avez des responsables de Lumana qui sont toujours sur de fausses bases, détenus dans des prisons il y a plus de deux ans. Sous l’autel d’accorder des avantages à la France, le régime en place au Niger a carte blanche pour piétiner les libertés les plus élémentaires”, regrette le Président du Groupe Parlementaire de l’opposition Zamzam Lumana Africa-Hankouri, le député Issoufou Issaka.
Mise en place du G5 Sahel
Emmanuel Macron et son hôte ont également évoqué la lancinante question de l’opérationnalisation de la force conjointe du G5 Sahel destinée à lutter contre le terrorisme. Sans nier l’importance de tous ces sujets, le coordinateur de la campagne citoyenne “Tournons la Page”, Laurent Duarte, dit attendre plus de la France.
“Nous pensons et nous sommes plusieurs associations à l’avoir dit, que la France doit tenir un discours ferme et sans ambages sur la situation des droits de l’homme au Niger. Je crois que c’est une erreur très grave de la part d’Emmanuel Macron d’avoir qualifié le président Issoufou de modèle de démocratie, bien que le Niger ne soit pas le pays le plus autoritaire de la région”, soutient-il.
Dans une tribune publiée dans le quotidien français Libération et intitulée : “Recul démocratique au Niger, la France fermera t-elle les yeux ?“, une trentaine d’ONG qui promeuvent la démocratie en Afrique se sont dit indignées par le silence complice de Paris face aux multiples violations de droits constitutionnels au Niger. Parmi les signataires, Tournons la page, ACAT ou Survie qui fustigent les interdictions de manifester, les pressions sur les médias independants ou les arrestations de militants de la société civile.
Des voix discordantes en prison
Une vingtaine de figures de la société civile ont été interpellées depuis mi-mars au Niger. Depuis, ils sont en détention préventive dans plusieurs prisons du pays, dans l’attente de leur procès. Tous sont poursuivis pour plusieurs chefs d’inculpations : organisation et participation à une manifestation interdite et complicité de destruction de biens publics et privés. Il s’agit, entre autres, de Ali Idrissa, le président du Rotab, le Réseau des Organisations pour la Transparence et l’Analyse Budgétaire, de Nouhou Arzika, le président du mouvement pour la promotion de la citoyenneté, de Moussa Tchangari, le secrétaire général d’Alternatives espace citoyen et de maître Lirwana Abdourahamane. Plusieurs ONG telles Tournons la Page ont exigés à maintes reprises leur libération.
Le programme du président Mahamadou Issoufou prévoyait aussi un tête à tête avec le président du Sénat français, Gérard Larcher. Niamey espère convaincre la deuxième personnalité de l’État à contribuer à la mise en œuvre du PDES, le Programme de développement économique et social.
Deutsche Welle