Le président était loin de se douter de la démission de son ministre de la Transition écologique. Pourtant, entre eux, le désaccord était profond.
Il ne pouvait pas imaginer, encore moins deviner. Quand la réunion avec les chasseurs s’achève à l’Élysée, ce lundi 27 août, Emmanuel Macron, que ses proches disent pourtant si « empathique », ne perçoit pas l’ampleur du trouble qui agite Nicolas Hulot. Il faut dire que ce drôle de ministre a habitué l’Élysée et Matignon à ses sautes d’humeur, à ses tergiversations. « Il est a minima cyclothymique, a maxima bipolaire… Il n’était pas facile à gérer », résume aujourd’hui l’un de ses anciens collègues du gouvernement. Pourquoi donc prêter plus d’attention que d’habitude à son agacement du moment lié à la présence surprise du lobbyiste Thierry Coste dans les murs élyséens ?
À l’heure du dîner, Emmanuel Macron est même franchement rassuré. Son invité, Christophe Castaner, lui narre la réunion interministérielle qui a eu lieu un peu plus tôt dans la soirée à Matignon. Le ministre de la Transition écologique était présent. Oui « il a râlouillé » en relatant sa réunion à l’Élysée ; non il n’était pas hors de lui ; bien sûr, comme à chaque fois, il va se calmer. Alors, de là à envisager sa démission, évidemment non ! Après tout, combien de fois ses conseillers l’ont-ils entendu tempêter :« Je vais démissionner ! »
« Merde, Hulot »
Puis, mardi 28 août, 8 h 30 et des poussières, ce message envoyé sur Telegram au président, prêt à décoller pour le Danemark, par un membre de sa garde rapprochée : « Merde, Hulot. » On n’aurait pas dit mieux. Car l’ancien animateur d’Ushuaïa avait beau être torturé, compliqué, « il était un marqueur », comme le murmure aujourd’hui le patron de La République en marche. Un symbole de la gauche environnementale, la preuve que la transition écologique, sujet majeur des années à venir qu’on avait reproché au candidat Macron de délaisser, devenait pour le président une préoccupation sincère. « Make our planet great again », lançait-il insolent à Donald Trump quelques heures après le retrait des États-Unis de l’Accord de Paris. Que reste-t-il de cette injonction ?
« Nous faisons des petits pas et la France en fait beaucoup plus que d’autres pays, mais est-ce que les petits pas suffisent ? La réponse est non. » Le départ de Nicolas Hulot est un coup dur, affirment en chœur les commentateurs. Mais au-delà du fait politique, c’est surtout le fond du discours de l’ancien ministre qui égratigne et sanctionne la politique environnementale du chef de l’État. « Je ne comprends pas que nous assistions globalement les uns et les autres à la gestation d’une tragédie bien annoncée dans une forme d’indifférence…Lire la suite sur Le Point
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