Au moment où prenait fin, l’engagement armé le plus important conduit par la France ces cinquante (50) dernières années, l’Opération Barkhane, Emmanuel Macron a envisagé durant quelques jours une visite au Mali. Deux raisons officielles ont été données par les communicants de Paris. D’abord, échanger de la situation sécuritaire dans le Sahel en général, au Mali en particulier, avec les autorités maliennes. Ensuite, il s’agissait de se rendre à Gao, auprès des troupes françaises, qui viennent d’évacuer leur important camp de Tombouctou, pour le réveillon de noël.
L’annulation est intervenue sans qu’elle ne bénéficie des mêmes égards en termes de communication que l’annonce de sa venue. Personne ne sait précisément, pourquoi elle a été annulée si ce n’est que le Président français souhaiterait faire face à la hausse des chiffres de la Covid 19 dans son pays. Une situation qui laisse la place à des spéculations dans les deux pays. Certains y voient un rétropédalage suite à des exigences venues de Bamako. En tous les cas, cette visite annulée montre les enjeux des relations entre Bamako et Paris.
En effet, L’armée française, 8 ans après son arrivée au Mali, a rétrocédé la base militaire de Tombouctou aux Forces Armées Maliennes (FAMa), ce mardi 14 décembre, après la rétrocession de la base Tessalit le 15 novembre, et celle de Kidal le 12 octobre. Pour la France, il s’agit d’une réorganisation tactique quand le Mali évoque un « abandon en plein vol ». Il est vrai que la volonté, en sourdine, des autorités de la transition de faire appel à une société militaire privée russe, pour venir appuyer l’armée malienne dans son combat contre le terrorisme, n’a pas aidé à dissiper les malentendus.
Macron venait-il pour dissuader les autorités de la transition de continuer à explorer cette piste Wagner, du nom de cette entreprise russe de mercenaires ? Pour faire suite justement à Florence Parly, ministre des armées françaises qui déclamait lors du Forum de la paix, le 6 décembre passé à Dakar : « le fait qu’une société de mercenaires russes opère au Mali est une situation inacceptable ». Etait-ce un coup de poker politique pour un Président Français qui entre bientôt en campagne pour sa réélection ? Ou était-ce simplement un mini-sommet pour maintenir la pression, avec la CEDEAO, sur les autorités de la transition pour une élection dans les délais de février 2022 ?
Cette visite annulée de l’Elysée à Koulouba aura-t-elle un impact sur les prochaines décisions de sanctions économiques et financières de la CEDEAO contre le Mali ?
Amadou Sankaré, stagiaire
Source: Bamakonews