Le président Macky SALL, l’invité de nos confrères de RFI et France 24, a affirmé ce mercredi que la CEDEAO maintenait sa position quant au respect du délai initial de la transition, mais également que l’organisation pourrait accepter une prorogation à condition que les autorités maliennes leur avancent des arguments qui tiennent la route.
Le président Macky SALL qui prendra la présidence de l’Union Africaine en février prochain dans un contexte de crise sanitaire, de crises sécuritaires et politiques dans plusieurs du Continent a abordé ces questions lors d’une interview accordée nos confrères de RFI et France 24. Elle a eu lieu après le forum de Dakar sur la paix et sécurité en Afrique.
Lors de cette interview, les échanges ont abordé la crise politique au Mali qui est d’ailleurs au cœur du sommet du 12 décembre prochain de la CEDEAO auquel Macky SALL devrait part prendre. Le point de désaccord entre l’Organisation sous régional et les autorités maliennes est le respect de la date des élections initialement prévue en février 2022. Car, selon le gouvernement, cette échéance ne peut plus être respectée en avançant notamment des motifs sécuritaires.
A plusieurs reprises et des différentes occasions, le Premier ministre a affirmé une prorogation de la transition de quelques semaines. Et le nouveau calendrier pour l’organisation des prochains scrutins sera déterminé par le peuple malien lors des Assises nationales de la refondation qui se tiendront du 11 au 30 décembre.
Déjà, certains acteurs politiques, dont le Cadre d’échanges, le PARENA ; ont opté pour la politique de la chaise en appelant leurs militants à ne pas y participer, en dépit de l’implication du président Assimi GOITA.
Sur la question des élections, le président Macky SALL également membre de la CEDEAO demeure sur la position de leur organisation.
« Nous, nous disons que c’est en février les élections, s’ils nous donnent des arguments qui tiennent la route, nous devons pouvoir les accepter, si ils ne donnent pas d’arguments, nous en tirerons les conséquences, nous ne pouvons pas accepter que dans cette partie de l’Afrique des militaires prennent le pouvoir par les armes, ça ce n’est pas acceptable », a déclaré le président sénégalais.
A défaut de convaincre la CEDEAO, le pays risque des sanctions économiques, outre les mesures prises à l’encontre des personnalités de la transition, craignent de nombreux chefs d’entreprises.
« Contrairement à ce que certains hommes politiques populistes affirment, le Mali ne peut pas relever d’une sanction économique de la CEDEAO dans ce contexte. Il faut être honte, on est tous lié aux instruments de paiement de la BECEAO. Si elle se ferme pour le Mali, en une semaine, ça sera une crise économique. Or, déjà l’économie malienne est très fragilisée avec la crise sanitaire et l’insécurité sur une très grande partie du territoire national », prévient le responsable d’une grande entreprise.
Lui doit conduire la destinée de l’Afrique au sein de l’Union Africaine dresse un tableau assez préoccupant.
« Au plan de la sécurité et de la lutte contre le terrorisme, le Continent est aujourd’hui métastasé, d’abord dans le Sahel, dans le Bassin du Lac Tchad, Boko Haram, dans la corne de l’Afrique, en Centrafrique et même au Mozambique, et plus grave aujourd’hui, la lutte du Sahel est en train d’atteindre la côte océanique. Alors si l’on considère donc les conflits intérieurs, les coups d’Etat en Afrique de l’Ouest, nous avons deux pays qui ont été frappés, le Mali, la Guinée, en plus ce qui se passe au Soudan, la crise en Ethiopie », a décrit M. SALL.
Abordant la question du prétendu contrat de sécurité entre le Mali et la société privée russe, Wagner, Macky SALL rappelant le principe de la souveraineté des Etats à protéger leur territoire affirme, toutefois, que l’apparition d’une société privée compliquerait la situation du Mali.
« Le risque c’est de voir partir les forces françaises déjà, les forces européennes, c’est de voir aussi peut-être d’autres mesures prises, ce qui va entrainer nécessairement une dégradation très grave de la situation dans le Sahel », a-t-il souligné.
PAR SIKOU BAH
Source : Info-Matin