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M5 – militaires au pouvoir : les nuages dissipés

Le ciel de leurs relations s’était brusquement obscurci au sujet de l’organisation de la rencontre cruciale consacrée à la transition finalement reportée sine die.

La fièvre est retombée suite à une entrevue discrète intervenue dans la nuit de samedi entre le Mouvement du 5 juin- Rassemblement des forces patriotiques (M5 –RFP) et le Comité national pour le salut du peuple (CNSP) au Prytanée militaire de Kati. Autour de la table, une forte délégation du comité stratégique du mouvement conduite par son président Choguel Kokala Maïga et comprenant l’ancien Premier ministre Modibo Sidibé, le coordinateur de la CMAS Issa Kaou Djim et le syndicaliste Idrissa Maïga. En face, des militaires sous la houlette du colonel Malick Diaw, numéro deux de la junte.

Les dissensions ont éclaté au grand jour au sujet de l’organisation de la rencontre cruciale consacrée à la transition. Le mouvement s’est senti grugé. Paradant dans son linge de partenaire privilégié des militaires, il a mal pris le communiqué invitant les partis politiques, les organisations de la société civile et les groupes signataires de l’Accord d’Alger de 2015 à ce grand rendez-vous manqué de samedi au Centre international de conférences de Bamako (CICB). Un quart d’heure avant le démarrage des discussions,  les participants sont informés dans la salle du report.

 

Pas de « chèque en blanc »

La veille, le mouvement volait dans les plumes du CNSP accusé de jouer en solo, oubliant au passage qu’il a parachevé la lutte populaire enclenchée des semaines auparavant. Plusieurs leaders du CNSP avaient fraternisé avec les manifestants rassemblés Place de l’indépendance le 21 août  pour fêter leur « victoire ». La lune de miel fut de courte durée. Dans un communiqué, Choguel avait agité le brandon du boycott de ces assises, au motif que sa coalition hétéroclite n’avait pas été invitée. Précédé en cela par Mahmoud Dicko, figure centrale de la contestation, qui au cours d’une prière en hommage aux martyrs tombés sur le champ d’honneur, formulait de profonds regrets au sujet des militaires enclins à se « couper » des acteurs de la lutte. « J’ai demandé à tout le monde de se réunir autour du Mali. Je le demande toujours. Mais cela ne veut pas dire que les militaires ont carte blanche » en guise de sévère avertissement comme quoi rien ne doit se faire sans le M5.

Les militaires ont varié dans le sillon qu’ils s’étaient tracé. Après l’euphorie née d’une première déclaration indiquant une transition  « politique civile » la plus courte possible, les militaires changeaient le fusil d’épaule, évoquant aux médiateurs de la CEDEAO une transition de trois ans ramenés finalement à deux ans, avec à sa tête un militaire. Courroucés les responsables y voyaient une tentative de « confiscation du pouvoir »  et menaçaient de battre à nouveau le pavé.

 

Ciel dégagé

Les gros nuages qui s’amoncelaient dans le ciel sont à présent dissipés. A en juger par la déclaration d’Issa Kaou Djim à l’issue de la rencontre de samedi avec le CNSP. « Nous avons échangé et leur avons remis un document qui détaille notre vision de la transition. Nous allons nous revoir pour échanger. Je dirais que le malentendu a été dissipé et nous allons avancer dans l’intérêt du peuple malien, en essayant d’avoir des concertations, de montrer que c’est l’armée du peuple,  qu’elle a un caractère inclusif. »

Choguel lui a fait chorus. « Les militaires nous ont surtout écouté et nous ont dit qu’ils allaient examiner notre document. C’est à l’issue d’échanges avec le CNSP que nous pourront définir l’articulation et le rôle de chacun dans la transition. Il ne faut pas se tromper d’alliés, ni de combat, ni de sens à donner à l’action des uns et des autres. Je pense que nous nous sommes bien compris. »

Les prochains jours vont être cruciaux quant à l’avenir de ces relations. Le CNSP n’a –t-il pas besoin d’être surveillé, appuyé pour échapper aux influences négatives d’ici et d’ailleurs pouvant faire capoter une transition avec le risque de retomber dans les même travers ?

De l’avis de Bréma Ely Dicko, professeur de sociologie à l’université de Bamako « le CNSP a commis trois erreurs. D’abord, ils ont discuté seuls avec la CEDEAO, sans acteurs civils. Ensuite, ils ont établi l’acte fondamental unilatéralement en s’arrogeant le pouvoir. Enfin, ils ont décidé d’organiser de façon unilatérale la rencontre. Cela ressemblait à une convocation. »

Son de cloche différent du côté d’un diplomate africain qui y voit plutôt une défiance à l’endroit de la classe politique. « Le CNSP a expliqué être là pour réformer le pays, et certains de ses membres ne veulent pas à avoir à composer avec les hommes politiques qui ont occupé des fonctions dans de précédents gouvernements. »

Georges François Traoré

Source: L’Informateur

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