Officiellement lancée à Bamako le 2 juin 2017, après la Résolution 2359 du Conseil de Sécurité de l’ONU, la force conjointe sous- régionale G5 Sahel n’a toujours pas effleuré de positive sur les populations civiles qui ne cessent d’être quotidiennement qu’une proie pour les assaillants.
L’un des gros problèmes de l’Afrique en général et du Mali en particulier est que nos dirigeants nous font toujours des engagements difficiles à tenir. Ce, en nous faisant croire à la fiction lors de la mise en place des projets à travers des promesses costaudes et, généralement, sans pourtant avoir la capacité ou la volonté réelle de les concrétiser. Et cela est remarquable presque dans tous les secteurs clés pour la survie d’une nation notamment dans les secteurs alimentaire, éducatif ou économique, etc.
En effet, avec l’initiative de la France, le G5 a été créé en février 2014 par les cinq Etats du Sahel ; à savoir, la Mauritanie, le Mali, le Burkina Faso, le Niger et le Tchad peinent à concrétiser leurs ambitions.
Au vu d’une mobilisation de fonds, les membres du G5 ont sillonné les pays partenaires. Par la suite, la conférence des donateurs à Bruxelles sous l’égide du Président IBK, a finalement apporté participé plus 414 millions d’euros.
Toutefois, l’Allemagne a accepté d’accompagner timidement la France dans cette « initiative française » et les États-Unis quant à eux ne voulant pas débourser un dollar, ont opté pour un appui de façon bilatérale. L’ONU, pour sa part, n’a pas jugé nécessaire de prendre en charge ce dynamisme, qui pourtant était l’espoir sur lequel comptait énormément le G5.
Lenteur du processus de sécurisation ou incompétence ?
Certes, des gestes ont été posés de par les uns et les autres, mais ces cinq pays concernés sont mal organisés, et pauvres de surcroit, faute de moyens suffisants ils ne pourront pas faire grand-chose.
Malgré, la première opération, baptisée « Hawbi » que le G5 Sahel a officiellement lancé, à Mopti et qui avait mobilisé courant novembre 2017, 500 hommes appuyé par Barkhane pour 7 bataillons qui seraient répartis entre l’Ouest , le Centre et l’Est dans les frontières des pays membres afin de former une résistance sans précédent contre la libre circulation des groupes armés dans ces zones, et l’annonce en janvier 2018 de la deuxième « Pagnall» par la ministre française des armées Flornce Parly qui avait cependant redonné une lueur d’espoir aux populations de ces zones en question, le G5 patauge.
Pourtant, cela devrait garantir une victoire sur les groupes armés dès le premier trimestre de 2018, selon Emmanuel Macron. Mais, hélas ! Depuis cette annonce, cette force conjointe git dans les tréfonds de l’oisiveté et peine à produire au moins une action de valeur pour redonner de l’espoir aux Maliens vivants dans les localités frontalières.
Mais, force est de constater que les opérations sur le terrain, le G5 avance à pas de tortue. De toute évidence, les propos alarmants de Antonio Guterres, secrétaire générale des Nations Unies dans un rapport rendu public le 8 mai, l’attestent : « le soutien logistique de l’ONU à la force G5-Sahel n’est pas à la hauteur du défi alors que la situation sécuritaire au Sahel continue de se détériorer» et d’y ajouter que « … la montée en puissance de la force conjointe ne progresse pas à la vitesse requise ». Plus encore, il demande aux pays du G5 de respecter leurs engagements : « j’exhorte les pays du G5-Sahel à déployer le reste de leurs troupes aussi vite que possible et de résoudre les problèmes de commandement et de contrôle qui subsistent »
L’impatience des populations
C’est la question qui taraude les esprits du Malien lambda qui ne sait plus à quel saint se vouer en matière de sécurité. En plus de la force française Barkhane qui compte environ 3000 militaires, de la MINUSMA qui aussi regroupe 12000 agents avec tous les potentiels de sécurisation et d’opérations militaires, les Maliens n’ont jusque-là pas pu dire : «Enfin, Bravo à vous ! »
Les enlèvements, les braquages et les attaques répétitives ne cessent de bondir sur les pauvres Habitants qui ne comptent que sur leurs deux mains pour se défendre. Rien qu’au premier trimestre 2018, plus de 300 personnes, dont des adolescents, ont déjà été assassinés à la suite des attaques terroristes principalement dans la Région de Mopti où sont basées les troupes de la FG5. Une force appelée à faire des réactions rapides et combinées.
Alors, la force G5 Sahel ne serait-elle qu’un montage pour le bonheur de certains crocodiles?
En tout cas, certains observateurs voient « la nouvelle politique de la France en Afrique » derrière cet organisation. Car, c’est un secret de polichinelle que la France est l’initiatrice du G5. La majorité des sommes engrangée sera certainement utilisée pour acheter des armes à la France ou financer des projets réalisés par des entreprises françaises, selon d’autres.
Entre-temps, la Région de Mopti est devenue aujourd’hui la bourgoutière de la mort et de l’insécurité. Aucune opération satisfaisante depuis son installation malgré toutes les mesures de sécurisations aériennes et terrestres annoncées.
Pour rappel, après plusieurs cas de rapts d’individus signalés, une dizaine de civils dont des enfants ont péri à Aklaz, vers fin avril dernier, dans la zone d’Andraboukane, à la frontière du Mali avec le Niger. Également, un passager a été sauvagement assassiné lors d’un braquage de leur véhicule en provenance du Niger par des Hommes armés. Les attaques incessantes et les assassinats se multiplient contre les mains vides de jour comme de nuit sous la barbe de ces forces dites prométhéennes. Ainsi, comme pour signifier leur liberté de circulation entre les pays du G5 Sahel, le lundi dernier, des Hommes armés en provenance de la frontière nigérienne ont assassiné froidement deux personnes en faisant aussi des blessés graves à Takaghat, un campement situé à 100 km de Tatalaye (cercle d’Ansongo).
De toute évidence, le temps presse. Le Président en Exercice Mahamadou Issoufi du Niger et ses homologues des pays membres de ladite force doivent se ressaisir et s’activer réellement pour mieux réaliser ce rêve promis ; c’est-à-dire, contrer la libre circulation des groupes armés dans la bande sahélo-saharienne.
Nous en espérons !
Seydou Konaté : LE COMBAT