Selon le rapport 2015 de l’OMS, environs 3,2 milliards de personnes, soit près de la moitié de la population mondiale, sont exposées au risque de contracter cette maladie
Notre pays, à l’instar de la Communauté internationale, célébrera la 9è édition de la Journée mondiale et la Semaine nationale de lutte contre le paludisme le 25 avril prochain sur le thème : « En finir pour de bon avec le paludisme ». L’annonce a été faite, hier, par le représentant de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) dans notre pays, le Dr Cheickna Oumar Coulibaly. C’était au cours d’une conférence de presse qu’il a animée dans les locaux de l’Organisation en présence du directeur du Programme national de lutte contre le paludisme (PNLP), le Dr Diakaridia Koné, du représentant de la direction nationale de la santé, le Dr Karim Sidibé, et du Dr Issiaka Sagara, chercheur au Centre de recherche et de lutte contre la malaria. La conférence avait pour but de présenter le rapport 2015 de l’OMS et la situation de la lutte contre le paludisme dans notre pays.
Cette lutte est une priorité pour les plus hautes autorités comme en atteste l’adhésion de notre pays à plusieurs initiatives internationales, notamment la mise en place du Programme national de lutte contre le paludisme en 1993 ; l’initiative Roll Back Malaria/ Faire reculer le paludisme en 1999 ; les Objectifs du millénaire pour le développement (OMD) en 2000 ; la couverture universelle aux interventions de lutte contre le paludisme suite à l’appel du Secrétaire général des Nations unies en 2008.
Selon le rapport 2015 de l’OMS remis à la presse, environ 3,2 milliards de personnes, soit près de la moitié de la population mondiale, sont exposées au risque de contracter le paludisme. Les jeunes enfants, les femmes enceintes et les voyageurs non immunisés venant de régions exemptes de paludisme sont particulièrement vulnérables à la maladie lorsqu’ils sont infectés.
Toujours selon le rapport, l’incidence du paludisme a baissé de 37% à l’échelle mondiale tandis que le taux de mortalité a reculé de 60%, toutes tranches d’âge confondues et de 65% chez les enfants de moins de 5 ans. 88% des cas de paludisme et 90% des décès dus à cette maladie sont survenus en Afrique subsaharienne. Selon le document, 214 millions de cas de paludisme ont été constatés en 2015, pour 438 000 décès. 80% de ces décès sont survenus dans 15 pays localisés en Afrique subsaharienne dont le Mali fait partie.
Pour le Dr Cheickna Oumar Coulibaly, la réduction du nombre de cas de paludisme a permis d’épargner, dans l’ensemble de l’Afrique subsaharienne, environ 900 millions de dollars (450 milliards de Fcfa) entre 2001 et 2014. « Les moustiquaires imprégnées de longue durée (MILD) ont contribué à la majeure partie de ces économies, suivies par les traitements et la pulvérisation intra domiciliaire. D’importants progrès ont été réalisés entre 2000 et 2015 et ces progrès sont dus à l’utilisation d’interventions efficaces et à faible coût. Aujourd’hui, 55% des habitants de la région africaine dorment sous les MILD contre 2% en 2000 », a annoncé le représentant de l’OMS.
L’utilisation du test de diagnostic rapide (TDR) du paludisme est passée de 36% en 2005 à 65% en 2015, a-t-il précisé avant d’ajouter que les combinaisons thérapeutiques introduites à grande échelle lors de la dernière décennie ont été responsables en grande partie de ce succès. On estime à 663 millions environ, le nombre de cas de paludisme évité en Afrique subsaharienne entre 2000 et 2015.
Malgré ces avancées, il reste d’importants progrès à réaliser, dans certains pays, car la faiblesse du système de santé dans ces pays a continué à entraver les progrès dans la lutte contre le paludisme, a prévenu le représentant de l’OMS.
Pour remédier à ces insuffisances, l’OMS a adopté en mai 2015 la Technique mondiale de lutte contre le paludisme (2016-2030) qui est le nouveau cadre de lutte antipaludique pour les 15 prochaines années dans les pays d’endémie palustre. Cette stratégie fixe des cibles ambitieuses, mais réalisables d’ici 2030 parmi lesquelles il y a la réduction d’au moins 90% des nouveaux cas de paludisme et de la mortalité et l’élimination du paludisme dans au moins 30 pays, a expliqué le Dr Cheick Oumar Coulibaly.
Le directeur du Programme national de lutte contre le paludisme a, lui, souligné la problématique du paludisme, les différentes interventions de lutte contre le paludisme dans notre pays, les résultats de mise en œuvre des stratégies et les difficultés et défis. Le Dr Diakaridia Koné a précisé que la meilleure façon de lutter contre le paludisme réside dans l’utilisation des moustiquaires imprégnées à longue durée (MILD), les pulvérisations intra domiciliaires (PID), les traitements intermittents chez les femmes enceintes et la chimio prévention du paludisme chez l’enfant de 3 à 59 mois. En ce qui concerne les candidats vaccins, il a noté que deux d’entre eux sont en train d’être testés par le Centre de recherche et de lutte contre la malaria, avec un espoir d’obtenir 100% de protection, d’après les premiers résultats obtenus aux USA. Ensemble, nous devons tous nous investir pour en finir définitivement avec le paludisme.
Abdoul Karim COULIBALY
Source : L’ Essor