Manque d’équipements, de formation des agents, de prise en charge des patients du coronavirus, la population de Kayes est sortie massivement ce lundi 27 avril 2020 pour occuper la devanture du gouvernorat de Kayes avant de rejoindre l’hôpital Fousseyni Daou. Objectif : exprimer leur soutien au personnel de la santé en cette ère de lutte contre le coronavirus.
Après être dispersé par les forces de l’ordre, le sit-in a été délocalisé devant l’hôpital Fousseyni Daou de Kayes. Selon notre correspondant sur place, le but de ce sit-in n’est rien d’autre que réclamer de meilleures conditions de travail dans ce contexte de lutte contre le covid-19. Le personnel sanitaire de cet hôpital demande à être mieux équipé pour la prise en charge des malades atteints du covid-19.
Aux dires de notre correspondant, le personnel sanitaire de cet hôpital n’a jusqu’ici aucun accompagnement des autorités sanitaires de la région. Or, dit-il, les syndicats estiment que dans le cadre de la lutte contre cette maladie, il aurait été annoncé que des moyens ont été mis à la disposition des hôpitaux. Mais le personnel sanitaire de Kayes n’aurait rien reçu. Joint au téléphone, Guelladio Traoré, secrétaire général du syndicat de l’hôpital Fousseyni Daou de Kayes, confirme ces propos.
Selon lui, même si des dons ont été faits par l’État, le personnel ne les a pas reçu et le syndicat n’est pas au courant. « Le gouverneur aussi bien que le directeur, tous nous disent que l’État aurait fait des dons aux hôpitaux », déplore-t-il avant d’indiquer qu’à l’hôpital Fousseyni Daou, il y a une véritable crise. Il n’y a pas de médicaments et c’est l’argent de la caisse de l’hôpital qui servait à acheter des médicaments, souligne-t-il avant de préciser : « Aujourd’hui, il n’y a plus d’argent dans les caisses. » Ce n’est pas tout, le syndicaliste indique que le personnel a plusieurs mois de salaires impayés. Or, déplore-t-il, parmi les personnes contaminées par le coronavirus à Kayes, sept sont des agents de santé. « Est-ce que s’ils avaient été formés, ils allaient être contaminés ? », s’interroge-t-il.
« Sur papier, tout est présenté comme bon », indique-t-il. Toutefois, il rassure : « Tant qu’on ne fait pas venir les matériels adéquats dans cet hôpital, on ne compte pas s’arrêter avec notre lutte. »
Après le sit-in, le gouvernorat a immédiatement tenu une conférence de presse sur la situation. Aux dires de M. Traoré, au cours de cette conférence, le gouverneur aussi bien que le directeur de l’hôpital Fousseyni Daou ont démenti tout ce que les syndicats ont dit ou dénoncé comme problème.
En effet, dans le communiqué publié par le gouvernorat de la région de Kayes après la conférence, on peut lire : « Contrairement aux rumeurs qui circulent dans la ville de Kayes, émis sur les ondes d’une radio de la place et qui font état de manque de tout pour la gestion, la prise en charge et l’alimentation des malades de cette pandémie au niveau de l’hôpital Fousseyni DAOU ; la situation d’exécution des renforcements des capacités des services de l’hôpital pour la prévention et la gestion de la pandémie de COVID-19 sont assurées à hauteur de souhait par les structures mises en place à cet effet. »
Pour sa part, le directeur régional de l’hôpital Fousseyni Daou, Dr Toumani Konaré explique qu’en termes de formation, il est prévu de former 112 agents sur les 215 que compte l’hôpital. À l’en croire, à la date du vendredi 24 avril 2020, 75 agents ont été formés.
En ce qui concerne la restauration, le directeur régional est étonné qu’il y ait un quelconque problème. Puisque c’est les patients eux-mêmes qui ont proposé les menus qu’ils consomment chaque jour.
En matière d’équipement, Dr Konaré indique qu’au total Kayes dispose de 225 combinaisons de marque XL et X. « Il n’y a jamais eu arrêt de prise en charge des patients », rassure-t-il avant de préciser que la direction a formulé beaucoup de demandes auprès des autorités étatiques, mais des demandes non exaucées à souhait.
Point par point, le directeur de cet hôpital donne des explications. Il finit par faire savoir que ce lundi 27 avril 2020, 80 millions ont été reçus pour la gestion de la situation.
Notons qu’à la suite du sit-in de ce lundi, deux militants de la société civile ont été interpellés par les forces de l’ordre. On a appris qu’ils ont été immédiatement relâchés.
F. Togola
Source : LE PAYS