Le Président de l’Office Central de Lutte contre l’Enrichissement Illicite (OCLEI), Dr. Moumouni Guindo a remis le vendredi 29 novembre dernier, le rapport annuel 2023 de sa structure, au président de la transition, le Général d’armée Assimi Goïta. Il ressort dudit document que le dépôt de déclaration de biens est en baisse continue depuis 2018. L’année où il a été enregistré 629 déclarations contre seulement 60 en 2023. Un chiffre identique à celui de l’année 2022, soit une baisse de 90,46% en cinq ans. Ce qui sous-entend qu’il reste encore du chemin à faire dans la lutte contre l’enrichissement illicite, un cheval de bataille des autorités de la transition pour le développement du pays.
Il est en effet indiqué dans le rapport que le dépôt de déclarations de biens est en baisse continue depuis 2018. En 2023, le nombre de déclarations de biens déposées à la Cour suprême est de 60. Seulement 5 ministres sur les 29 ont déclaré leurs biens.
Dans le dossier Ozone, l’OCLEI révèle que 87 milliards de francs CFA ont été engagés dans l’assainissement de la ville de Bamako par la Mairie de Bamako de 2014 à 2022, Soit 9 ,2 milliards FCFA payés à Ozone par an sur une durée de 8 ans. Et 13, 5 milliards FCFA payés aux GIE entre 2019 et 2022 pour le même objet que Ozone (Assainissement).
Au total, 237 milliards 262 millions de FCFA d’irrégularités financières décelés dans l’analyse des rapports d’audit ou d’activité produits en 2022 par les structures de contrôle et de régulation sectorielle, selon le rapport.
Par ailleurs, de 2019 à 2023, le rapport indique que l’OCLEI a mené 27 investigations et a transmis 6 dossiers à la justice, pour un montant de 1.541.704.779 FCFA.
Pendant la même période, la même structure a transmis 29 dossiers de présumés d’enrichissement illicite à la Justice, pour un montant total de 25,5 milliards de FCFA.
Partant de l’analyse des 60 déclarations de biens déposées à la Cour suprême en 2023, il ressort que la valeur cumulée des biens déclarés s’élève à 9.329.394.667 FCFA en 2023, contre 8.026.943.263 FCFA en 2022, pour le même nombre de déclarations de biens, soit une augmentation de16,23%, selon le document.
«En moyenne, la valeur des biens déclarés est de 155.489.911 contre 133.782.388 FCFA par assujetti en 2022. La valeur la plus élevée est de 1.631.134.010 FCFA. La valeur la plus faible est de 460.000 FCFA», explique le rapport.
Pour les 60 déclarations de 2023, la valeur cumulée des immeubles bâtis au Mali et à l’étranger est de 5.178.285.513 FCFA, soit 55,51% de la valeur totale des biens déclarés, d’après le rapport.
«Ce taux était de 66,44% en 2022. Celle des immeubles non bâtis au Mali et à l’étranger, en l’occurrence les terrains nus, est de 1 .723 574 463 FCFA, soit 18,47% de la valeur des biens déclarés. Ce taux était de 18,81% en 2022», précise le document.
Par ailleurs, le rapport révèle que le montant cumulé des soldes des comptes bancaires est de 1.667.245.561 FCFA, soit 17, 87% du total de la valeur des biens déclarés, contre 9,43% pour l’année 2022.
Cependant, la valeur des autres sociétés et actifs au Mali et à l’étranger ainsi que la valeur des véhicules à moteur ne figurent pas dans le calcul du montant total de la valeur des biens déclarés. Car, selon le rapport, le modèle actuel de déclaration de biens se limite à leur énumération, et ne prévoit pas l’enregistrement de leur valeur monétaire.
Lors de la remise dudit rapport, le Général d’armée Assimi Goïta, Président de la Transition, a réaffirmé son « engagement ferme à lutter résolument contre l’enrichissement illicite et toutes les formes de délinquance économique et financière». Selon lui, cette priorité, inscrite au cœur du Programme d’Action du Gouvernement, vise à combattre la corruption, les détournements de biens publics et l’impunité.
Il a surtout insisté sur la modernisation de l’administration à travers la digitalisation des services publics, une démarche qui «témoigne de notre engagement à endiguer le phénomène de corruption». Il a mis en avant des avancées significatives telles que l’adoption de la nouvelle Constitution et la mise en œuvre de la Stratégie Nationale de Lutte contre la Corruption. Ces réformes s’accompagnent de la création d’outils spécifiques comme le Pôle national économique et financier et l’Agence de Recouvrement et de Gestion des Avoirs Saisis ou Confisqués.
Par ailleurs, le Président de la Transition a pris bonne note des préoccupations soulevées par le Président de l’OCLEI, Dr. Moumouni Guindo, notamment sur la baisse des déclarations de biens. «La qualité de notre développement dépend de notre capacité commune à lutter efficacement contre les infractions économiques», a souligné le Général Goïta, tout en soutenant les efforts de l’OCLEI pour instaurer un processus plus efficace de relance des assujettis.
Dans son discours, Dr. Guindo a présenté les actions clés menées par l’OCLEI, notamment les activités de sensibilisation ayant touché près de 1.000 personnes à travers des partenariats dynamiques avec les confessions religieuses.
En répression, l’OCLEI a transmis six dossiers importants à la justice, mettant en lumière des écarts significatifs entre les revenus légitimes et les patrimoines déclarés des agents concernés.
Le Président de l’OCLEI a également sollicité la construction d’un siège pour sa structure afin d’améliorer les conditions de travail de ses agents. Le Général Assimi a salué cette requête qu’il juge en adéquation avec la politique du gouvernement visant à renforcer les capacités des institutions publiques.
Le Président de la Transition a appelé à une mobilisation collective pour un «Mali pacifié et prospère». Il a encouragé les agents de l’OCLEI à
«redoubler d’efforts face aux défis à venir» et réaffirmé que cette lutte, menée ensemble, constituera la pierre angulaire du « Mali Kura».
Moussa Sékou Diaby
Reflet d’Afrique