Plus de quatre milliards de FCFA. C’est la valeur des biens détournés par trois fonctionnaires maliens : un inspecteur des services de sécurité sociale et deux inspecteurs des finances. L’annonce a été faite par Moumouni Guindo, président de l’Office Central de Lutte contre l’Enrichissement Illicite (OCLEI) samedi quatre janvier 2020 lors de la présentation du rapport annuel d’évaluation des activités liées à la prévention et à l’enrichissement illicite sur la période du premier juin 2017 au 31 décembre 2018.
Les personnes concernées par l’enquête, toujours en cours par l’OCLEI, possèdent à eux trois 55 maisons, 64 parcelles et ont un total de revenus légitimes estimés à 119,77 millions de 2014 à 2019. Ils ont donc l’obligation de justifier les autres biens dont ils disposent et qui sont estimés à plus de quatre milliards de FCFA. Les trois dossiers ont été transmis à la justice.
La présentation d’un rapport annuel d’évaluation des activités liées à la répression de l’enrichissement illicite au président de la République est une obligation pour l’OCLEI. Durant la période du premier juin 2017 au 31 décembre 2018, des progrès ont été enregistrés. A la suite des campagnes de sensibilisation avec plus de 2500 personnes dont celles assujetties à la déclaration de biens, le nombre de déclarations a fortement augmenté. C’est ainsi que 998 déclarations de biens ont été enregistrées sur 1479 personnes assujetties. Le ministère de l’administration territorial sort comme la structure qui présente le plus grand nombre de déclarations de biens avec 314 déclarations. Le nombre de ressources financières au niveau national et international a également augmenté. L’OCLEI a pu mobiliser en plus du budget de l’Etat, près de 356 millions de F CFA auprès de l’ambassade du royaume des Pays-Bas au Mali.
La présentation du rapport annuel a été couplée de celle de l’étude de l’enrichissement illicite dans l’administration publique au Mali. Il ressort que les principales causes de l’enrichissement illicite au Mali sont les insuffisances des textes réglementaires, la faible rémunération des fonctionnaires, les causes socioculturelles et politiques. La perception des pots de vin, le détournement de deniers publics, l’abus d’autorité, la disqualification dans l’organisation des marchés publics ont été identifiés comme les principales méthodes et pratiques utilisées par les agents publics.
A la fin de la cérémonie, le président de l’OCLEI a lancé un appel à l’action. « Chacun doit être acteur dans la lutte contre l’enrichissement illicite plutôt que d’être derrière les marigots et jeter des cailloux à l’OCLEI et se contenter des éclaboussures. Il faut agir.»
L’Office Central de Lutte contre l’Enrichissement Illicite est une autorité administrative indépendante créée par ordonnance en 2015. Elle a pour mission de prévenir et de lutter contre toute forme d’enrichissement illicite au plan national, sous-régional et international.
Journal du mali