Fraichement nommé Procureur en charge du Pôle Economique et Financier de Bamako, Monsieur Mamoudou Kassogué a animé un point de presse hier jeudi 22 Aout dans la salle du Tribunal de grande instance de la Commune III du district de Bamako.
Pour les organisateurs, l’objectif de cette conférence visait à informer l’opinion nationale sur les vastes chantiers concernant la lutte contre la corruption mais aussi à expliquer quelques difficultés de la justice pour y faire face.
En effet, ayant pris fonction le 12 Aout dernier, le nouveau Procureur de la République près le Tribunal de Grande Instance de la commune III du district de Bamako a annoncé les couleurs.
Dans ses propos introductifs lors de ce point de presse, M. Kassogué a d’abord mesuré l’étendue du chantier qui l’attend dans cette difficile mission : « Nous arrivons à un moment où beaucoup d’affaires de corruption sont révélées ou dénoncées tant dans le rapport 2018 du Vérificateur Général qui vient d’être publié que dans la presse et par les lanceurs d’alerte. Nous arrivons aussi dans un contexte difficile, un contexte de suspicion généralisée, où la corruption constitue un sujet de préoccupation nationale, une question existentielle pour l’avenir même de notre pays » a-t-il affirmé.
Le phénomène de la corruption a atteint un tel degré dans notre pays que le combat vaille d’être mené pour la survie même de notre nation, estime M. Mamoudou Kassogué. Une situation donc très critique, dont la lutte demande une forte implication de toute la population malienne et une prise de conscience collective, a laissé entendre M. Kassogué : « La situation est tellement critique que si nous ne voulons pas perdre définitivement le combat contre la corruption, et donc le combat pour le développement. Ce qui serait vraiment dommage, nous devons très promptement nous ressaisir et mener une lutte implacable contre toutes les pratiques corruptives », a-t-il affirmé.
Mais, cette tâche, elle ne sera pas facile, reconnait Mamoudou Kassogué. Car la justice et les Pôles Economiques et Financiers, considérés par la plupart de nos compatriotes comme seuls responsables de l’échec de la lutte contre la corruption, sont limités : « La corruption a ceci de particulier qu’elle n’est révélée au grand jour que lorsqu’il y a des problèmes soit par rapport à l’exécution de la tache convenue, soit par rapport au partage du butin, soit encore quand il y a des missions d’inspection, de contrôle ou de vérification » a-t-il martelé, avant de poursuivre : « tous les cas de corruption ne sont pas portés à la connaissance de la justice qui ne peut pas investiguer sur ce qu’elle ne sait pas. Il faut aussi noter que même par rapport aux cas qui lui sont dénoncés, il peut souvent y avoir des difficultés objectives à faire aboutir les enquêtes » s’explique, le nouveau Procureur en charge du Pôle Economique et Financier de Bamako.
Outre cela, persiste Mamoudou Kassogué, la justice fait face à d’énormes obstacles pour éradiquer ce fléau. Il s’agit notamment, selon lui, de la faiblesse des moyens mis à la disposition des pôles économiques et financiers, la non-extension des avantages du pôle économique financier aux autres membres de la chaine pénale en charge de la lutte contre la corruption, les interventions tous azimuts et inopportunes dans les affaires juridiques, l’absence d’agents spécialisés au niveau des pôles économiques et financiers, l’obstacle constitué par les immunités et privilèges de juridiction ; les problèmes liés à la formation et à la spécialisation des personnels, a-t-il indiqué.
Qu’à cela ne tienne, de nouvelles mesures seront préconisées par la nouvelle équipe, et l’espoir est permis, quant à la réussite de cette noble et belle mission, a rassuré M. Mamoudou Kassogué avant la fin de ce point de presse.
Boubacar Kanouté.