La sécurité de l’Europe, et celle de l’Espagne, dépendent de la sécurité au Sahel », selon représentant spécial de l’UE pour le Sahel, Ángel Losada. Un article d’Euroefe.
La région du Sahel, une ceinture de 5 400 kilomètres rassemblant les 11 pays les plus pauvres et les plus instables de la planète, est le bastion des djihadistes, des réseaux de trafic de personnes et l’un des principaux points de passage des migrants voulant rejoindre l’Europe.
L’UE a trois missions au Sahel : la mission militaire EUTM Mali, pour soutenir la restructuration et la réorganisation des Forces armées maliennes, la mission civile EUCAP Sahel Mali, et une autre opération de lutte contre le terrorisme et le crime organisé, EUCAP Sahel Niger.
Les efforts de cette dernière sont concentrés dans la région nigériane d’Agadez, principal point de transit des migrants de la zone, où la présence de l’UE a permis de réduire de 80 % le passage par cette route entre janvier et mai 2018, précise le représentant espagnol.
Les passages sur cette route, qui démarre en Afrique de l’Ouest et dans la Corne de l’Afrique et débouche sur la Méditerranée, ont diminué de manière drastique, de sorte qu’aujourd’hui, 12 000 la traversent chaque année, très loin des « énormes chiffres d’il y a quelques années. »
Dimension politique
Face aux divergences créées par la question migratoire entre les États membres, Ángel Losada reconnaît que cette question a surtout une « dimension politique interne », et ce, malgré les chiffres actuels qui ne sont plus « ceux d’il y a cinq ans, quand il y avait une véritable crise migratoire ».
« Il y a des désaccords internes dans l’UE sur la manière de traiter cette question, mais la réalité est que les gens ne savent pas que les migrations au sein même du continent africain sont de 90 % et que le pourcentage qui se dirige vers l’Europe est beaucoup plus bas », souligne-t-il.
L’UE a aussi soutenu la mise en place difficile de la force régionale du G5 Sahel (formée par l’armée de Mauritanie, du Niger, du Mali, du Burkina Faso et du Tchad) pour combattre le terrorisme et « qui fait face au défi géographique de contrôler un espace de 5 millions de kilomètres carrés avec 5 000 hommes. Des chiffres un peu dérisoires. »
Terrain d’essais
La présence européenne au Sahel, où l’UE est le principal donateur, a transformé la région africaine en un « territoire d’essais » pour la nouvelle politique renforcée de défense européenne, dans laquelle l’Espagne jouera un rôle clé, estime Ángel Losada.
L’Europe a devant elle le défi d’accélérer le « rythme lent des dividendes de la paix » sur le terrain, sous la pression de ses partenaires africains, et travaille déjà sur de nouveaux mécanismes de financement pour ses actions en matière de sécurité et de développement.
« L’UE est prête à rester au Sahel aussi longtemps que nécessaire », prévient-il.
Et il souligne que, quels que soient les efforts de l’UE, la coopération des autorités africaines est essentielle : « Nous vous rappelons que vos citoyens qui meurent dans le désert, dans ce terrible océan ».
Source: euractiv