Mais au juste, que valait l’Armée malienne sous son règne ?
Depuis la sortie médiatique de l’ancien Président de la République, Moussa Traoré, via le site « MondAfrique », les réseaux sociaux, et mêmes certains journaux de la place, s’enflamment, qui pour marquer leur approbation (ils sont les plus nombreux) par rapport aux propos de Moussa, qui pour s’indigner de ce qu’il aurait lui-même sa part de responsabilité dans la déliquescence de notre outil de défense !Et quels sont ces propos de Moussa Traoré ? Il s’agit entre autres de ce qu’est devenue notre Armée entre les mains des « démocrates » et autres « patriotes sincères » qui nous gouvernent depuis l’avènement de la démocratie ; du complot qui fut celui de la France lors de la libération des régions nord du Mali par l’opération Serval (les FAMA ayant été bloquées à la porte de Kidal qui fut délibérément mis sous la coupe du MNLA) ; du but officieux de partition du Mali qu’est celui de la même France…
Eh bien, pour ce qui concerne l’Armée Malienne sous Moussa Traoré, nous avons pu retenir sur les traces d’un grand connaisseur de l’histoire de notre vaillante armée ce qui suit : « Sous Moussa Traoré nous possédions une flotte aérienne constituée de 36 aéronefs : 16 Mig 21, 20 Mig 15 et 17 dont une partie héritée de Modibo Keïta, 3 Mig 23 commandées. Notre armée de terre était équipée de chars T 54 soviétiques, T 64 chinois, T 76. Une artillerie redoutable avec ses BM 21 rendait davantage redoutable cette armée. Elle disposait de bombes traçantes, des bombes qui, par un système de guidage électronique atteignait toujours la cible en dégageant une chaleur égale à 2000°.
Certaines furent utilisées lors du conflit contre le Burkina Faso, ce qui nous valu d’être accusés par la France d’avoir utilisé des lance-flammes contre l’adversaire. Nous ne possédions et n’avons possédé de lance-flammes, « ni en stock ni en dotation ». Mais l’accusation fut suffisamment grave pour retenir nos hommes d’utiliser d’autres armes plus sophistiquées en leur possession sur le champ des opérations.
Telle était l’armée malienne sous « le Dictateur ». On peut ne lui reconnaître aucune qualité, on ne pourra pas nier que sous son « régime militaro-fasciste », les Maliens jouissant de la paix et de la stabilité sur l’intégralité de leur territoire, à l’intérieur de frontières sécurisées, vaquaient en toute quiétude à leurs activités. « Le Dictateur » nous avait sécurisés afin que nous puissions nous développer…
Il y a lieu de se renseigner suffisamment sur ce qu’était l’armée malienne sous la Deuxième République. Il est connu que, dans les milieux occidentaux, Moussa Traoré n’a pas bonne presse. Cependant, quelqu’un que l’on ne saurait taxer de partialité, l’historien Joseph Roger de Benoist, membre de la Société des Missionnaires d’Afrique, relatant le conflit de l’Agacher dans son livre Le Mali, a écrit, comme pour reprocher à Sankara une erreur d’appréciation : « Ouagadougou […] devait aussi considérer qu’il avait en face de lui l’armée la plus puissante d’Afrique francophone… » (Op. cit. Editions L’Harmattan, page 144). Voilà qui se passe de tout commentaire ».
Adama S. DIALLO (Soir de Bamako)
Par Le Sursaut