Si aucune mesure n’est prise, les maladies pharmaco-résistantes pourraient causer 10 millions de décès par an d’ici à 2050 et des dommages économiques aussi graves que ceux provoqués par la crise financière mondiale de 2008-2009. La résistance aux antimicrobiens pourrait plonger dans l’extrême pauvreté jusqu’à 24 millions de personnes à l’horizon 2030, met en garde un rapport publié par les Nations Unies.
« La résistance aux antimicrobiens représente l’une des plus grandes menaces auxquelles nous sommes confrontés à l’échelle mondiale. Ce rapport examine la nature et l’ampleur des solutions à apporter en vue d’endiguer son expansion et de préserver les progrès accomplis depuis un siècle en matière de santé », a déclaré Amina J. Mohammed, Vice-Secrétaire générale des Nations Unies et co-Présidente du Groupe de coordination ad-hoc inter-institutions des Nations Unies sur la résistance aux antimicrobiens.
« Il souligne à juste titre qu’il n’y a pas de temps à perdre et j’exhorte toutes les parties prenantes à mettre en œuvre les recommandations établies et à agir de toute urgence pour protéger notre peuple et notre planète et assurer un avenir durable pour tous », a-t-elle ajouté.
Convoqué à la demande des dirigeants du monde entier, suite en 2016 à la toute première réunion de haut niveau des Nations Unies sur la question, le Groupe de coordination a réuni des partenaires de l’ONU, des organisations internationales et des personnalités spécialisées dans les domaines de la santé des animaux et des végétaux, ainsi que dans les secteurs de l’alimentation, de l’alimentation animale, du commerce, du développement et de l’environnement, afin de formuler un plan détaillé de lutte contre la résistance aux antimicrobiens.
Le rapport réaffirme l’engagement de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), de l’Organisation mondiale de la santé animale (OIE) et de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), en faveur d’une action concertée à l’échelon mondial.
« Les recommandations du rapport reconnaissent que les antimicrobiens jouent un rôle essentiel pour protéger la production, la sécurité sanitaire et le commerce des aliments, ainsi que la santé humaine et animale, et elles encouragent clairement leur utilisation de manière responsable dans tous les secteurs », a déclaré, pour sa part, José Graziano da Silva, Directeur général de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO).
« Les pays peuvent promouvoir des systèmes alimentaires et des pratiques agricoles durables qui réduisent les risques posés par la résistance aux antimicrobiens en travaillant conjointement en vue de développer des alternatives viables face à l’utilisation des antimicrobiens, comme indiqué dans les recommandations du rapport », a-t-il ajouté.
Urgence sanitaire
De son côté, le Dr Monique Éloit, Directrice générale de l’Organisation mondiale de la santé animale (OIE) a fait valoir que « la résistance aux antimicrobiens doit être combattue de toute urgence, en adoptant l’approche «Un monde, une santé » qui implique l’engagement audacieux et à long-terme de la part des gouvernements et d’autres parties prenantes, soutenue par les organisations internationales ».
« Ce rapport indique le niveau d’engagement et de coordination requis pour faire face à ce défi mondial qui menace la santé publique, la santé et le bien-être des animaux, ainsi que la sécurité sanitaire des aliments. Nous avons tous un rôle à jouer pour garantir, à l’avenir, l’accès à ces médicaments essentiels et leur efficacité », a-t-elle souligné.
De son côté, le co-Président du Groupe de coordination, le Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus, Directeur général de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a estimé que « nous sommes à une étape décisive dans la lutte pour la protection de certains médicaments essentiels ».
« Ce rapport contient des recommandations concrètes qui pourraient sauver des milliers de vies chaque année », a-t-il fait remarquer.
Ainsi, le rapport souligne la nécessité de coordonner et d’intensifier les efforts pour vaincre la résistance aux antimicrobiens : un obstacle majeur à la réalisation de nombreux Objectifs de développement durable des Nations Unies, notamment la couverture santé universelle, la sécurité alimentaire, des systèmes de production agricole durables, ainsi que l’accès à une eau salubre et à l’assainissement.
Le document recommande aussi aux pays de donner priorité à l’élaboration de plans d’action nationaux afin d’augmenter les financements nationaux et de renforcer les capacités nationales; de mettre en place un cadre règlementaire plus ferme et soutenir les programmes de sensibilisation visant à encourager une utilisation responsable et prudente des antimicrobiens par les professionnels de la santé humaine, animale et végétale; d’investir dans des programmes de recherche et de développement ambitieux pour développer de nouvelles technologies visant à lutter contre la résistance aux antimicrobiens; et d’éliminer de toute urgence l’utilisation des principaux traitements antimicrobiens considérés comme facteurs de croissance dans le domaine de l’agriculture.
Des recommandations, qui selon leurs auteurs, nécessitent un engagement immédiat de tous les secteurs, des gouvernements au secteur privé, en passant par la société civile et le monde universitaire.
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