Au Mali, les femmes constituent, dans quasiment tous les secteurs, l’aile marchante de la nation. Elles font intégralement partie des forces incontournables des activités socio-économiques et politiques du pays. D’où le besoin de leur présence active au sein de la classe politique nationale afin qu’elles puissent donner le meilleur d’elles mêmes dans la lutte pour leur émancipation économique, politique et la sortie du pays de la crise multidimensionnelle. C’est dans cet esprit qu’elles avaient pris part à la signature de l’Accord d’Alger dédié à la paix et à la réconciliation nationale. Mais, en revanche, elles ne font pas pratiquement partie des organes mis en place dans le cadre de l’application sur le terrain la teneur dudit Accord d’Alger. A cet effet, l’on est en droit de se demander qu’elle serait leur rôle ou la qualité de leur participation dans le processus du dialogue politique national inclusif en perspective ?
A la faveur des avancées sociopolitiques sous l’ère démocratique, la femme malienne obtenait de plus en plus des vues différentes sur des concepts comme : « participation, émancipation féminine, multipartisme, bonne gouvernance, société civile, lutte contre la pauvreté, processus électoral, violentes faites aux femmes ». Ce, en ce sens qu’avant leur cadre de vie active se limitait juste à leurs foyers, dans leurs ménages et travaux champêtres. Seules les plus aventureuses d’entre elles étaient au marché ou dans le petit commerce, dans l’Administration et, au bas de l’échelon, dans certaines activités sociopolitiques.
Tant dis qu’au même moment les hommes géraient souverainement les affaires publiques courantes, concluaient les traités ou participaient pleinement à la prise des décisions de leurs communautés et de la nation tout entière, les femmes, elles, ne jouaient qu’un rôle limité dans la vie démocratique de nos cités. Mais, depuis l’avènement de l’ère démocratique, leurs aspirations pour la chose publique et leur exigence se font de plus en plus remarquées dans les débats politiques. De mars 1991 à nos jours, les groupements féminins apparaissent comme des véritables laboratoires dans lesquels on analyse les différentes facettes du processus démocratique en cours à l’échelle nationale.
Rompre avec le joug …
Toutefois, de notoriété publique, il est établi que nombreuses d’entre elles tiennent désormais à rompre avec le joug des traditions, considérées à tort ou à raison par elles, comme la cause de la marginalisation dont elles seraient victimes. «Ces genres de pratiques doivent disparaître à tout prix. Surtout dans le cadre du dialogue national inclusif en vue», nous a déclaré délicatement une de nos interlocutrices sur le sujet. Selon elle, la pleine participation des femmes aux échanges d’idées aux côtés des hommes, lors du dialogue politique en perspective pourrait indubitablement contribuer à la recherche des solutions idoines à bien de questions d’intérêt collectif et national relatif au processus de sortie de crise définitif.
Certaines femmes veulent visiblement rompre avec le passé qui les confinerait encore dans les activités et tâches liées tout juste à l’entretien de leurs enfants, des foyers et l’éducation familiale, entre autres. «Vu notre participation à la Révolution de Mars 91, au développement socio-économique de ce pays, aux différentes élections, nous méritons d’être regardées autrement, en nous impliquant pleinement dans la gestion et la gouvernance à tous les niveaux du pays surtout dans le dialogue national inclusif. Ceci est indiscutable; car, avec plus de 52% de la population malienne, nous, les femmes, constituons numériquement le réservoir électoral et de militantisme qui doit compter dans un pays de multipartisme, de démocratie et en crise profonde», nous a confié une autre interlocutrice autour de la problématique de l’émancipation féminine à l’ère démocratique et dans cette période de lutte pour la sortie de crise. Au fond, dans leur perception du dialogue politique inclusif, les femmes tiennent non seulement à faire partie des décideurs politiques de la nation mais aussi à être part égale avec les hommes. C’est l’objet de la loi «parité hommes/femmes» dont le texte était, à un moment donné, en voie d’examen à l’Assemblée Nationale.
En cette phase de réconciliation nationale, renchérit une autre interlocutrice, les hommes et les femmes ont le devoir de se mettre ensemble, sans aucune discrimination d’ordre traditionnel, en vue de réussir le processus de pacification du pays et de la reconstruction nationale.
Ces femmes qui visent de plus en plus loin
Face à la multitude de défis inhérents à tout processus de sortie de crise multidimensionnelle aussi profonde comme la nôtre, les femmes visent de plus en plus loin. Ce, en dépit de l’encrage de nos valeurs culturelles et coutumières. Elles qui étaient d’habitude très réservées sur certaines questions relatives à la vie courante.
Cependant, force est de constater que l’expérience pour laquelle optent certaines femmes leaders d’opinions dans l’évolution de notre société vers la paix durable ne semble pas favorablement accueillie à la base et surtout dans les milieux religieux. Pour preuve, nous-a-t-elle rappelé, le Président de «SABATI 2012», Moussa Bocar Bah, avait soutenu publiquement un jour ceci : «Si la loi parité hommes/femmes passait à l’Assemblée Nationale, l’Histoire nous dira ce qui adviendra ». Ce qui avait même plongé le projet d’adoption de ladite loi, en son temps, dans un blocage total et renvoyé aux calendes grecques la version IBK du projet Code de la famille qui faisait son chemin depuis sous les régimes de Konaré et ATT.
Pour conclure, il est à constater que la crise que traverse actuellement le Mali, de par sa profondeur et son étendue, a occasionné des nouvelles exigences en termes de jalons et de stratégies. Les bouleversements suscités, principalement dans les domaines de la modernité, exigent sous l’angle religieux et concernant les femmes de large ouverture qui s’impose royalement dans les débats autour des volets d’intérêt collectif et de politiques publiques. La pleine participation des femmes au présent dialogue national inclusif permettra de parvenir à des fortes recommandations pour l’atteinte des objectifs visés au plan social, culturel et de la bonne gouvernance publique. « Notre contribution réelle aidera à pouvoir relever bien de défis majeurs ; surtout au plan social, culturel, économique, éducatif et d’unité nationale et de stabilité sociale à la base », nous a expliqué une ancienne Responsable du CAFO ayant requis l’anonymat. Ce qui dénote qu’une profusion de tâches attendrait toujours les femmes. Surtout en cette période de débats qui s’annoncent houleux et très enlevés dans le cadre du Dialogue politique national inclusif en vue.
Habib Diallo
LE COMBAT