“La Revanche du coeur”, “Le Prix du bonheur”, “Amour Haram”… Avec leur collection “Djarabi”, les Éditions Princes du Sahel misent sur le succès des romans d’amour au Mali.
Depuis le mois de mai, des centaines de Maliennes lisent avec ferveur les aventures d’Awa et Nana Traoré, deux soeurs de Bamako… éprises du même homme, Ismaël Doumbia. La Revanche du coeur, d’Atika Doucouré, est le premier livre de la collection “Djarabi” des Éditions Princes du Sahel, petite nouvelle de la littérature romantique africaine. Dans les librairies de la capitale malienne, les livres d’occasion des éditions Harlequin et leurs héroïnes aux longs cheveux blonds ont laissé place aux titres de la collection “Djarabi”, dans laquelle les jeunes protagonistes, actives et modernes, se font tresser les cheveux et arborent des pagnes aux couleurs du pays. “La jeunesse malienne va se reconnaître puisque nous retrouvons Bamako et ses alentours dans les fictions, du vieux quartier de Dar-Salam aux lodges de Sélingué”, affirme Lalla Traoré, auteure du Prix du bonheur.
La recette de ces livres est simple : sur une petite centaine de pages, les auteures – toutes des femmes – doivent écrire une romance où les personnages sont mis à l’épreuve jusqu’à ce que l’amour triomphe. “L’essentiel est de finir sur une note positive”, poursuit Lalla Traoré. De la polygamie à la pression sociale du mariage, les problèmes de société maliens imprègnent les intrigues au style littéraire léger. “Nos romans ne sont pas déconnectés de la réalité ni sur un nuage rose”, se défend Aurélie Dupin, directrice déléguée des Éditions Princes du Sahel. Vendus exclusivement au Mali à 2 000 F CFA pièce, soit environ 3 euros, ils sont présentés comme étant à la portée de tous. “Nous voulions les rendre accessibles, grâce à un prix abordable, afin de promouvoir la lecture dans le pays”, explique Aurélie Dupin.
Les tirages des livres romantiques a baissé de plus d’un tiers
Mais l’intrusion de la maison malienne sur le marché de la littérature sentimentale n’a pas uniquement une visée pédagogique. Au regard du succès de la collection “Adoras” des Nouvelles Éditions ivoiriennes (NEI), les Éditions Princes du Sahel semblent avoir mesuré l’intérêt de se positionner sur un tel créneau et n’ont pas hésité à investir 7 millions de F CFA pour la création de la collection. Avec un tirage à 2 000 exemplaires, elles semblent d’ailleurs plutôt satisfaites du démarrage de “Djarabi”, sans pour autant communiquer les chiffres de vente. “Nous préférons faire un bilan à l’année et attendre le mois de mai 2014”, précise Aurélie Dupin, prudente.
Cette prudence, l’éditeur malien la doit à la crise du secteur, qui touche de plein fouet les collections romantiques. Si, en quinze ans, plus de 500 000 exemplaires des livres de la collection “Adoras” (lire encadré) ont été vendus en Afrique francophone, les tirages ont diminué de plus d’un tiers. “Nous imprimons désormais à 5 000 exemplaires au lieu de 8 000 à cause de problèmes de diffusion interafricaine et de disponibilité des distributeurs”, confirme Guy Lambin, directeur général des NEI.