Alors que les tensions montent autour du pétrolier britannique arraisonné vendredi par l’Iran, Téhéran annonce la libération de l’un de ses navires retenus en Arabie saoudite. Le navire iranien qui fait désormais route vers les eaux du golfe Persique a été « libéré » suite à des négociations entre l’Arabie saoudite, la Suisse et Oman.
Le navire en question, le Happiness 1, était retenu depuis trois mois par l’Arabie saoudite. Cette libération annonce peut-être une nouvelle étape dans les négociations entre l’Iran et les alliés des États-Unis.
Pour l’instant, l’information vient uniquement de l’agence officielle du ministère du Pétrole iranien. Le Happiness 1 aurait été contraint de s’arrêter à Jeddah à l’ouest de l’Arabie saoudite fin avril dernier pour résoudre un problème technique. Depuis il ne pouvait pas quitter le port.
Abbas Mousavi, porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères a précisé que « l’Iran remercie les efforts menés par les autorités saoudiennes, suisses et omanaises pour permettre le retour en toute sécurité du pétrolier iranien Happiness 1 ».
Désormais, le pétrolier fait route vers le golfe Persique.
Un pas vers l’apaisement ?
L’Arabie saoudite soutenue par Washington mène actuellement une guerre d’influence régionale face à son voisin iranien. Cette annonce pourrait donc être le signe d’un début d’apaisement. Les pétroliers semblent être actuellement utilisés comme des pions au coeur des tensions provoquées par le retrait des États-Unis de l’accord sur le nucléaire iranien.
Vendredi, un navire battant pavillon britannique a été arraisonné par les Gardiens de la révolution, comme une réponse à la détention du pétrolier iranien arrêté par les autorités britanniques. Le sort de ces embarcations et de leurs équipages est pour l’instant en suspens.
Pour l’ancien ambassadeur de France à Téhéran, François Nicoullaud:« le détroit d’Ormuz est un détroit extrêmement étroit, et par ce détroit passe quand même un tiers ou un quart du pétrole mondial. Il y a un gros encombrement de navires, donc il n’est pas étonnant qu’il y ait des incidents. Mais les incidents peuvent en général quand même être réglés à l’amiable ».
Il considère que la libération du tanker par l’Arabie Saoudite est « un geste de bon sens ». Mais cela ne signifie pas que les tensions ont disparu.
Des relations tendues
À Londres, on annonce de possibles mesures supplémentaires dans les heures ou les jours à venir, même si le chef de la diplomatie britannique affirme que la priorité reste de trouver un moyen de désamorcer la situation.
L’ambassadeur iranien au Royaume-Uni, Hamid Baeidinejad, a lui aussi appelé le gouvernement britannique à prévenir une escalade de la tension au-delà des questions de navires.
Jeremy Hunt s’est entretenu ses homologues français et allemand
Le ministre britannique des Affaires étrangères Jeremy Hunt a appelé dimanche ses homologues français Jean-Yves Le Drian et allemand Heiko Maas pour « discuter de la détention illégale » du pétrolier battant pavillon britannique arraisonné par l’Iran, a annoncé le Foreign Office dans un communiqué dimanche soir. Les trois ministres « ont convenu (…) que la sécurité du passage des navires dans le détroit d’Ormuz est une priorité absolue pour les pays européens, tout en évitant toute escalade possible dans la région », a indiqué le ministère dans ce communiqué.
La Première ministre britannique Theresa May présidera lundi matin une réunion interministérielle de crise, a annoncé Downing Street dimanche soir. Theresa May, qui quittera ses fonctions mercredi, fera le point sur la situation avec les membres de son gouvernement, et abordera la question « du maintien de la sécurité de la navigation dans le Golfe ».
RFI