L’éducation est l’essence même du développement humain. Sans l’éducation, le développement ne peut se faire sur une base solide et large ni durable. Mais, aujourd’hui, le droit à l’éducation tend à être remis en cause dans notre pays. Vu la persistance des grèves déclenchées par les neuf sections syndicales de l’enseignement public, force est d’admettre que, par faute d’efforts intrinsèques du côté de l’actuel ministre de l’Education nationale, Abinou Témé, et de son équipe, l’école malienne continue avec ses crises et débrayages. Ce qui fait que le bon déroulement de l’année scolaire 2018-2019 est compromis.
Indéniablement, la situation du secteur de l’éducation devient de plus en plus préoccupante. Et pour cause, après la période de grève de dix jours déclenchée par les syndicats des écoles publiques, du fondamental à la formation professionnelle en passant par le secondaire, les enseignants signataires de l’accord du 15 octobre 2016 ont lancé un autre mot d’ordre de grèves de 13 jours au complet.
C’est à compter du mercredi 13 février dernier jusqu’au 1er mars prochain, sur toute l’étendue du territoire national du Mali. Le préavis de cette grève a été déposé il y a deux semaines sur la table du gouvernement. Une période de 13 jours sans école primaire et secondaire, ça doit être très préoccupant, voire inconfortable pour les parents d’élèves et pour, surtout, les plus hautes autorités de l’éducation nationale.
Selon les syndicalistes, ces grèves seront observées et tant que leurs revendications ne sont pas satisfaites, il n’y aura pas d’école publique cette année. Mais, voilà une crise qui est très grave au plan scolaire mais qui ne semble faire objet d’une préoccupation réelle chez le ministre de l’Education nationale, Abinou Témé, et son équipe. A cet effet, l’on est en droit de se demander si le président Ibrahim Boubacar Kéita et son chef du gouvernement, Soumeylou Boubèye Maïga se sont trouvé le ministre de l’Education nationale qu’il leur faut.
En effet, il faut noter que la présente grève se tient quelques jours seulement après celle des dix derniers jours. Et aux dires de leaders syndicalistes, cette crise risque de perdurer, car, selon eux, ces grèves sont dues au fait que jusque-là toutes les négociations amorcées avec le gouvernement ont été vouées à l’échec. Leurs points de revendication sont au nombre de dix et il n’y a qu’un seul résolu.
En revanche, il y a, en réalité, quatre points de revendications des enseignants qui ont pu être satisfaits par le gouvernement. Il s’agit de la régulation administrative et financière des enseignants sortants des grandes écoles, du plan de carrière des enseignants et des indemnités de déplacement. Pour les enseignants grévistes, c’est toujours insuffisant.
Au passage, l’on retiendra que, dans leur préavis de grève, les syndicalistes exigent, entre autres, l’octroi d’une prime de documentation, d’une prime de logement, l’adoption immédiate du projet de décret portant plan de carrière du personnel enseignant au niveau des secondaire, fondamental et de l’éducation préscolaire et spéciale en conseil des ministres et la finalisation du processus de régularisation administrative et financière des sortants de l’EN Sup au même titre que ceux de l’ENI et de l’IPR/Ifra.
Ce qui dénote que ces grèves permanentes risquent fort de faire révolter les parents d’élèves à l’échelle nationale. Surtout que du côté des autorités compétentes il n’y a aucune initiative censée être salvatrice. Pourtant, c’est ce département de tutelle qui doit conjuguer les efforts avec celui de la Fonction publique et du Travail pour sortir l’école malienne de cette crise qui n’a que trop duré et qui risque fort de plonger l’école publique à la base dans une année blanche. Ce qui semble avoir amené l’AEEM et bon nombre d’associations de parents d’élèves à exiger la réouverture des classes. En fait, la crainte d’une année blanche pour les élèves et leurs parents se fait de plus en plus sentir. Et à tous les niveaux.
C’est pour cette raison qu’il y a des appels pressants lancés au gouvernement. C’est pour résoudre la crise pour de bon. Car, il est accusé de n’avoir pu « tenir ses engagements ». Cette grève de 312 h va du mercredi 13 février au vendredi 15 février 2019 puis du lundi 18 au vendredi 22 février 2019 et du lundi 25 février au vendredi 1er mars 2019 (soit du 13 février au 1er mars 2019).
Par ailleurs, rappelons que, dans les régions du Nord et du Centre, plusieurs écoles sont fermées depuis 2017, à cause de l’insécurité. Cependant, selon une source bien informée, le département de l’Education nationale devait se sentir interpellé en premier lieu afin d’éviter à nos enfants une année blanche. En tout cas, selon un syndicaliste de la place, c’est seulement le lundi 11 février 2019 que s’est tenue au ministère de l’Education nationale, une réunion dans ce cadre.
Amadou N’Djim
Source: Le Point