Accueillis en fanfare comme des soldats de retour d’une guerre triomphale, l’imam Mahmoud DICKO et les membres de sa délégation étaient chez le Chérif de Nioro du Sahel hier, jeudi 13 Aout 2020. Cette visite est intervenue après celle effectuée un jour auparavant dans la ville sainte par le médiateur de la Communauté Economique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), Goodluck Jonathan. Le Chérif de Nioro s’étant engagé à intervenir pour calmer les esprits en vue de trouver une solution rapide à la crise politique qui violente le pays, a reçu son ami Imam DICKO et le Président du Comité Stratégique du M5-RFP chez lui à Nioro. Après un repos de plusieurs heures, les parties se sont retrouvées pour discuter. La réaction du Chérif de Nioro après l’exposé des faits par Choguel, prouve qu’il ne soutient certes pas le régime, mais n’épouse pas non plus la façon de faire du M5-RFP.
Premier à prendre la parole pour exposer les faits, Dr Choguel Kokalla Maïga a tenu des propos qui ont tendance à faire croire au chef religieux que tout ce qu’on lui raconte est faux et que la solution définitive de la crise ne serait autre que la démission du Chef de l’Etat. Ainsi dans sa déclaration, il dira au Chérif de Nioro que la situation du pays est telle qu’IBK ne peut plus gérer le Mali.
« Dans ce contexte, des maliens de tout horizon se sont rassemblés pour demander à ce qu’il quitte le pouvoir. Nous sommes en majorité des ouvriers, des cadres… Dicko nous a approché pour nous demander de laisser tomber l’affaire de la démission du Chef de l’Etat, mais en réponse il (IBK) combat DICKO. Nous nous demandons comment on peut combattre quelqu’un qui vous aide ? Ils ont tué des gens dans sa mosquée. Ils arrêtent même nos militants dans la ville et les emprisonnent pour les décourager. Nous savons qu’ils vont vous raconter beaucoup de choses, sachez que ce n’est pas la vérité. Notre lutte est inscrite dans la loi. Nous avons dit à la CEDEAO que ses résolutions violent la Constitution », a rapporté Dr Choguel Kokalla MAIGA.
Le leader du M5-RFP d’expliquer qu’il faut aujourd’hui la réunion de quatre conditions pour que son mouvement puisse accepter de s’asseoir sur la même table de négociation que le Chef de l’Etat.
« Premièrement, il faut qu’IBK demande pardon à DICKO. Deuxième condition, il faut situer les responsabilités dans les tueries, la troisième condition est la libération de nos militants interpellés. Et la dernière, si IBK est d’accord avec ces conditions, nous pouvons accepter de discuter avec lui pour parler des conditions de sa démission dans le respect, car c’est notre ancien Président et nous ne souhaitons pas le déshonorer d’une certaine manière. C’est la raison de notre visite et nous sollicitons votre bénédiction. Tous les leaders du Comité Stratégique du M5-RFP ont tenu à ce que je vienne avec notre respecté Imam pour que je vous passe ce message », a déclaré Dr Choguel K. MAIGA.
A sa prise de parole, le Chérif de Nioro très prudent, a tenu a préciser que son engagement dès le départ n’a été que pour la défense de la religion musulmane dès l’instant où il a été rapproché par l’imam DICKO sous le régime ATT dans le cadre du rejet du Code de la Famille, et il est toujours dans cette dynamique.
« J’ai tout entendu tous vos propos. J’ai des réponses à certaines réactions, mais je vais préférer me taire là-dessus car le moment n’est pas propice. Par contre je parlerai sur d’autres idées que vous avez indiquées », a laissé entendre le Chérif le Nioro.
Il a fait l’historique de sa connaissance avec IBK et relaté certains points de discordance qui ont créés des différends entre lui (Chérif de Nioro) et le régime ; mais nulle part dans ses propos, le Chérif de Nioro n’a mentionné son soutien à l’usage de la force pour faire partir IBK de Koulouba. M’Bouillé assimile son soutien à celui du musulman qui doit soutenir son prochain et sur ce volet, il a rappelé que comme le lui avait indiqué l’imam DICKO :
« Nous défendons notre religion, s’il y a autre chose derrière, nous l’ignorons et nous ne nous assimilons pas à cela ».
Dans ses propos, le Chérif de Nioro a laissé paraître sa neutralité. Non seulement il affirme qu’il ne soutient pas le régime, mais dans le même contexte, il n’épouse pas la démarche du M5-RFP de vouloir faire partir IBK par la force.
PLUS DE SEPT HEURES D’HECHANGE ENTRE L’IMAM ET LE CHERIF DE NIORO QUI ONT PERMIS DE METTRE LES CHOSES AU CLAIR
Les échanges entre les protagonistes ont été entamé aux environs de 16 heures et ont pris fin vers 23H40 minutes. Durant ces longues heures de discussions, le chérif de Nioro et l’Imam Mahmoud Dicko ont mis les choses à plat. Le chérif de Nioro a tenu à réitérer son soutien à son ami de longue date et à préciser que plusieurs personnes étaient venues lui dire que Mahmoud Dicko ne menait plus le même combat. Chose à laquelle l’imam a répondu en relatant les derniers événements. Aux allures de plaidoirie, l’Imam Dicko a clairement affiché sa scission avec le pouvoir actuel. Malgré qu’il n’ait jamais exprimé son désir de départ du président de la République, Mahmoud Dicko a tenu un discours parsemé de révélations fracassantes et énuméré les « trahisons » de IBK à son encontre notamment concernant la dissolution de l’assemblée nationale
« À l’arrivée de la CEDEAO, IBK m’avait juré qu’il va dissoudre l’assemblée nationale, démettre le gouvernement… ! » a-t-il précisé.
Continuant dans ses révélations Mahmoud Dicko s’est insurgé contre la volonté des pays membres de la CEDEAO de vouloir imposer leurs solutions au Mali alors que selon lui ses derniers ne sont pas les plus exemplaires. Concernant les manifestations du 10,11 et 12 juillet ayant engendré des morts, Il a affirmé connaitre les noms des personnes responsables de ces tueries et savoir que les décisions ont été prises au sein du cabinet du Premier Ministre, raison pour laquelle il exige la démission de ce dernier. Révélation qui a surpris le Cherif qui semblait ne pas être au courant des conflits entre son ami Mahmoud Dicko et son « fils ».
Tout au long des échanges, les deux hommes de Dieu ont montré leur harmonie concernant le maintien de l’ordre et non du chaos et de continuer sur la meilleure voie pour rétablir un Mali de paix sans pour autant engendrer le chaos. Le chérif de Nioro a tenu à préciser au M5 RFP, à qui il a reproché de s’être éloigné de lui, qu’il tolère leurs choix et qu’eux en retour devraient être tolérant envers les siens. En ce sens que son Combat en tant qu’homme de Dieu n’est autre que pour le respect des valeurs religieuses et non politiques. Concernant les députes « frauduleusement » élus, le Cherif de Nioro et l’Imam sont unanimes, il faut que ces derniers partent et que justice soit faite afin qu’au final un gouvernement d’Union nationale puisse être établi pour une sortie de crise plus que nécessaire.
Il est bon de noter d’ailleurs que le Chérif de Nioro a déjà écrit au Chef de l’État par rapport à la situation de crise qui prévaut actuellement dans le pays. La majeure partie des résolutions de M’BOUILLÉ au Chef de l’Etat a été prise en compte. Affaire à suivre donc !
Mahamane TOURE
NOUVEL HORIZON