La situation en Libye est désormais en train de prendre une dimension internationale. Outre la résolution de l’ONU qui a été votée pour condamner les terroristes, le Qatar a décidé de faire entendre sa voix. Il a rappelé son ambassadeur en Egypte pour protester contre les bombardements.
C’est une des conséquences directes des luttes d’influences qui ont lieu sur le territoire libyen et qui dégénèrent désormais bien au delà de la seule région Sahélo-saharienne. Le Qatar a rappelé son ambassadeur en Egypte après que le chef de l’Etat, Abdel Fattah al-Sissi a décidé de bombarder les positions de l’Etat islamique. Doha est en effet contre toute intervention militaire qu’elle vienne des occidentaux ou des pays proches de la Libye. Le Qatar a également pointé du doigt certaines déclarations d’officiels égyptiens qui l’accusent de financer le terrorisme sur le territoire libyen mais également au delà.
Ce n’est pas la première fois que l’Egypte et le Qatar s’affrontent diplomatiquement mais il s’agit là d’une nouvelle étape dans la rupture progressive des relations entre les deux pays depuis la chute de Mohamed Morsi. L’arrestation de journaliste de la chaîne qatarienne Al Jazeera avait déjà mis le feu aux poudres l’an dernier. Depuis, Doha réclame leur libération. Le Caire avait accusé les journalistes de soutenir les Frères musulmans et de favoriser les terroristes. Cette opposition qui éclate à nouveau au grand jour entre les deux Etats, si elle n’est pas inédite, illustre aussi des prises de positions de chacun concernant la situation en Libye et surtout la marche à suivre pour trouver une solution.
L’Etat islamique indirectement soutenu par le Qatar ?
Depuis plusieurs années le Qatar est accusé par plusieurs pays de financer le terrorisme. Si certaines preuves ont été avancées dans des conflits relativement récents, il n’en reste pas moins que les condamnations n’ont jamais été émises par des pays occidentaux mais par des pays proches en terme géographique. Outre l’Egypte, les Emirats arabes se sont également élevés contre les prises de positions de Doha qui soutient le gouvernement illégal de Tripoli. Alors que le gouvernement reconnu par la communauté international appelle à lutter contre l’Etat islamique, le Qatar est sur la ligne des milices de Tripoli qui ne considèrent pas l’EI comme un danger immédiat.
Face à cette situation, la Ligue arabe rencontre de grosses difficultés en terme de volonté d’action puisque des oppositions très nettes sont en train de voir le jour. Il en est de même concernant une éventuelle intervention militaire. Si l’Egypte agit seule pour le moment, elle tente de convaincre certains pays alliés de la rejoindre dans le combat contre les terroristes. Pour le moment ses tentatives sont vaines puisque personne ne veut prendre le risque de provoquer une guerre de très grande ampleur en Libye. La Tunisie et l’Algérie qui sont également frontalières veulent absolument éviter une situation de conflit à leurs portes pour éviter toute déstabilisation.
Après les différentes réunions qui ont eu lieu à la Ligue arabe, à l’ONU ou entre les chancelleries concernées, il semble que le spectre d’une intervention en Libye s’éloigne pour le moment. Dans le même temps la levée de l’embargo sur la livraison d’armes ne devrait pas non plus être mise en œuvre dans l’immédiat. C’est donc le statu-quo qui risque de persister. Pendant ce temps l’Etat islamique poursuit sa progression dans le pays et nul ne sait jusqu’où et jusqu’à quand il s’implantera.
La rédaction
Source: afriqueinside.com