Quand un Etat et ses institutions sombrent, tout suit : la raison, les droits humains, la morale, les vertus, la bienséance… De ce point de vue la Libye, dont l’instabilité et le chaos inquiètent et même terrifient ses voisins
– la Tunisie en premier -, et préoccupe la France, l’Union africaine, l’ONU, a touché le fond en sortant des oubliettes une ignominie que l’humanité croyait définitivement enterrée : Les marchés aux esclaves. En 2017, en Libye, des personnes profitent de la détresse des migrants clandestins, coincés sur le territoire par les nouvelles barrières érigées par l’Union européenne, pour organiser un horrible commerce où des individus, dont des Sénégalais, sont cédés pour cent cinquante mille francs (150.000 F CFA). Le scandale est parti d’une vidéo plus qu’explicite de la chaine américaine CNN. Et depuis c’est la déferlante, en Afrique, en Europe… Cette horreur d’un autre temps a fait sortir de leurs gonds des stars de la musique, des activistes de la société civile, qui vont battre le pavé cet après midi à Paris, devant l’ambassade libyenne, pour crier leur indignation. Les déflagrations sont arrivées jusqu’au gouvernement sénégalais, qui a pondu un communiqué pour apostropher les libyennes et dire sa révolte.
Moussa Touré, cinéaste sénégalais, s’est confié à Sénégo. «Je ne comprends pas le silence de nos autorités, des présidents africains qui passent tout leur temps à parler de choses qui n’ont rien à voir avec ce drame au quotidien. Comment peut-on vendre des êtres en 2017, dans un pays africain au vu et su de tous les présidents?
Il faut qu’ils prennent leurs responsabilités en allant chercher ces gosses qui sont nos fils. J’en ai rencontré un, qui est sénégalais à la frontière du Mali qui, via sa famille a payé une rançon de 600.000 F CFA pour être libéré. D’ailleurs, je suis en train de préparer un film sur l’esclavage arabo-musulman», assène le cinéaste.
La méga star ivoirienne du reggae, Alpha Blondy, y est allée de sa vidéo pour dénoncer ces crimes contre l’humanité, interpeler les leaders africains et appeler à la mobilisation devant toutes les ambassades libyennes du continent africain pour demander la libération de tous «les captifs».
Même son de cloche chez le chanteur sénégalais connu dans le monde entier, Youssou Ndour, qui est intervenu sur RFI.
L’activiste Kémi Seba, qui s’était illustré dernièrement par sa croisade contre la néo colonisation symbolisée, à ses yeux, par le Franc CFA encore présent en Afrique et l’animateur de RFI Claudy Siar ont appelé à participer massivement à la manifestation de ce samedi 18 novembre 2017 devant l’ambassade de la Libye à Paris, organisée par le Collectif contre l’esclavage et les camps de concentration en Libye et Urgences panafricanistes.
«Rdv ce Samedi devant l’ambassade de Libye à 14h à PARIS pour toutes celles et ceux qui peuvent y aller. Revenu fraîchement du Bénin, nous y serons aux côtés de beaucoup d’autres. Beaucoup de choses à dire….ET A FAIRE…A DEMAIN. Et pour toutes celles et ceux qui ne seront pas sur Paris demain. Rdv devant l’ambassade de Libye la plus proche de chez vous“, a écrit Kémi Seba sur sa page Facebook.
«Le gouvernement de la République du Sénégal a appris avec une vive indignation la vente sur le territoire libyen de migrants originaires d’Afrique subsaharienne.
Le gouvernement de la République du Sénégal dénonce avec vigueur et condamne de la manière la plus ferme ce trafic d’êtres humains qui constitue une grave offense à la conscience de l’humanité.
Le Sénégal engage les autorités libyennes compétentes, ainsi que l’Union Africaine et l’Organisation des Nations Unies, à diligenter sans délai une enquête sur cette pratique d’un autre âge afin que toutes les dispositions soient prises pour y mettre fin», dit le communiqué du gouvernement sénégalais.
Source: africanmanager